Page 11 - EM30_book

Version HTML de base

EM
n°30 février/mars 2010
(9)
Aliment star en Asie, le soja est de plus en plus présent dans nos menus sous forme de
produits dérivés : lait (tonyu), tofu, yaourts… L’engouement pour ce végétal est tel que
certains fabricants le parent de mille vertus.A tort ou à raison ? Le point.
diététique
A ne pas confondre avec les « germes de soja » qui sont en réalité
des pousses de haricot mungo, le « vrai » soja se présente sous
forme d’une graine jaune. On ne le mange pas tel quel, mais il sert
à la fabrication des laits de soja, des yaourts au soja, du tofu, ou
bien encore des « steaks végétaux ». Certains ne jurent que par ses
protéines végétales, d’autres voient en lui une solution contre les
bouffées de chaleur… Pas facile de s’y retrouver en tant que
consommateur ! Place à l’objectivité.
Le tofu remplace la viande
Vrai et Faux.
Le tofu contient presque autant de protéines qu’un steak (environ
12%). Ses protéines ont l’avantage d’être extrêmement bien digé-
rées car elles se composent d’acides aminés parfaitement assimilés.
Le hic ? Le tofu n’apporte pas autant de fer (2 mg/100 g) que la
viande rouge qui en renferme 3 mg pour 100 g. De plus, ce fer
d’origine végétale est moins bien utilisé par l’organisme.
D
BON À SAVOIR :
Misez sur l’alternance !Viande le midi
et salade au tofu le soir, il n’y a rien de tel
pour l’équilibre.
Les aliments au soja sont bénéfiques pour le
cœur et les artères
Vrai
0% de cholestérol et de graisses saturées, qui dit mieux pour ne pas
encrasser les artères ? On dispose aujourd’hui de preuves cliniques
démontrant l’effet favorable du soja sur le mauvais cholestérol. Et ce,
grâce à ses protéines, mais aussi à ses phyto-estrogènes (les isofla-
vones) qui exercent une action protectrice au niveau du système
cardio-vasculaire.
D
BON À SAVOIR :
La baisse du cholestérol est proportionnelle à la
quantité de soja consommée.A l’extrême (c’est à dire
en remplaçant toute les protéines animales par le soja)
on obtiendrait une diminution de moins 12% du
mauvais cholestérol.
Consommer du soja permet d’éviter les
bouffées de chaleur
Faux
Pas question de considérer le soja comme un « alicament ». Ce n’est
pas parce qu’il contient des hormones végétales (les fameux phyto-
estrogènes ou isoflavones), qu’il faut espérer lutter contre les
bouffées de chaleur et l’ostéoporose en devenant addict. Ces effets
ne reposent sur aucune preuve sérieuse. Et puis… trop c’est trop !
Chez les animaux, les isoflavones du soja peuvent induire des
troubles de l’appareil reproducteur (infertilité notamment). Par
mesure de précaution, les experts recommandent de ne pas dépasser
2 portions par jour. C’est largement suffisant pour donner une
touche d’originalité et de légèreté à nos menus !
D
BON À SAVOIR :
Ne cumulez pas compléments alimentaires et aliments
à base de soja car la dose de phyto-estrogènes risque
de flamber inutilement.
D
QUE VALENT LES LAITS DE SOJA POUR LES BÉBÉS ?
Il faut tout d’abord faire la différence entre les laits vendus en brique
(tonyu) et les laits infantiles aux protéines de soja (Gallia soja,Nidal
soja…). Les premiers sont en réalité des jus extraits de la graine de soja et
sont à proscrire chez les bébés. Leur composition et leurs doses en vita-
mines et minéraux ne couvrent pas les besoins des nourrissons. Les
préparations à base de protéines de soja peuvent quant à elles remplacer
les laits infantiles mais leur emploi est restreint à certaines situations :
- Elles ne sont plus conseillées en cas d’allergie au lait de vache car il existe
un risque d’allergie croisée entre les protéines de lait de vache et celles du
soja.
- Dépourvues de lactose, elles peuvent s’utiliser dans le cadre de certaines
diarrhées aiguës.
- Dans les familles strictement végétariennes ou « anti-lait de vache », elles
peuvent être choisies comme substituts du lait de vache.Car elles sont
bien plus adaptées aux petits que les laits de chèvre, d’amande ou de
noisettes ! Cependant, l’agence du médicament (l’AFSSAPS) ne
recommande pas leur administration régulière chez le nourrisson. Il s’agit
d’un principe de précaution en raison des risques de troubles hormonaux
dus à la présence des isoflavones de soja.
Par Mélanie Lenoir, Docteur en Pharmacie
le
tofu
Le
soja
et
© istockphoto