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n°33 novembre/décembre 2010
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Un peu d’histoire…
Durant l’Antiquité, les Grecs et les Celtes considéraient le gui
comme une panacée. Tout comme les druides, qui eux,
l’appelaient « la plante qui guérit
tous les maux ». Et en distribuaient
quelques rameaux à nos ancêtres
pour les accrocher à l’entrée de leur
habitation. Plus près de nous, la tra-
dition du Nouvel An veut que l’on
s’embrasse sous une branche de gui
porte-bonheur. En Autriche, le gui
au-dessus du lit repousse les cauche-
mars. Au fil du temps, la plante a été
employée pour traiter l’épilepsie, la
stérilité, l’asthme, l’hypertension,
l’athérosclérose, les désagréments de
la ménopause, les maux de tête…
Alors qu’en médecine chinoise, elle
est réputée soulager les douleurs
arthritiques. Actuellement, la phyto-
thérapie traditionnelle occidentale
garde l’usage du gui pour diminuer
l’hypertension artérielle.
Parasite, oui mais… à moitié
Le gui présente la particularité de ne pas pousser dans la
terre. On le trouve juché en haut des arbres comme les pins,
les sapins, les pommiers, les poiriers, les peupliers…Il forme
des touffes toujours vertes avec des fruits en forme de boules
blanches et visqueuses (d’où son nom latin Viscum album).
Ces fruits représentent un délice pour les oiseaux qui,
en les mangeant, attendrissent leurs
graines. Elles sont rejetées gluantes
dans les déjections… pour mieux
adhérer aux branches où elles ger-
ment facilement. La radicule s’en-
fonce alors sous forme de racines
dans l’arbre nourricier… qui ne
s’épuise pas totalement. Car le gui
n’est pas un parasite. Il s’agit d’un
demi-parasite. En effet, il prélève de
son hôte l’eau et les minéraux mais il
conserve la faculté de produire lui
même la chlorophylle.
Au cœur de la feuille
Aussi jolies soient-elles, les baies du
gui ne sont pas recherchées en méde-
cine traditionnelle. En phytothérapie,
ce sont les feuilles (surtout) et les
tiges qui sont exploitées pour leurs propriétés vasodilata-
trices, hypotensives et diurétiques. On les emploie donc
principalement en cas d’hypertension ou comme diurétique
léger. La feuille agit grâce à la synergie de plusieurs actifs.
Parmi eux, citons la viscotoxine, des flavonoîdes et diffé-
rentes amines (choline, acétylcholine, histamine…).
phytothérapie
Par Laure Mendel, Docteur en Pharmacie
gui
D
EN PRATIQUE
- Le gui ne doit pas être utilisé dans les hypertensions
élevées.
- Il peut compléter un traitement médicamenteux et
convient aux hypertensions faibles à moyennes.
- Ne pas prolonger la cure au delà d’un mois si les résultats
ne sont pas probants.
- Le gui peut s’acheter sous forme de gélules.
- Il peut s’employer en infusion : laisser infuser 5 g de feuilles
et de jeunes tiges séchées pendant 10 minutes dans un demi-
litre d’eau bouillante.Boire tout au long de la journée.
- Le gui existe également en solution buvable, sous forme de
macérat glycériné de bourgeons (jeunes bourgeons macé-
rés dans l’alcool).
D
LA « VISCUMTHÉRAPIE »
Les extraits fermentés de gui sont connus Outre-Rhin
pour leurs propriétés antitumorales et pour leurs effets
stimulant sur l’immunité. Ils auraient un effet toxique sur les
cellules cancéreuses. L’administration du gui se fait en géné-
ral par voie sous-cutanée. Cette pratique a donné naissance
à une technique de soin dénommée «Viscumthérapie ».
En Suisse et enAllemagne, on trouve d’ailleurs quelques
cliniques médicales vouées à la thérapeutique par le gui.
Efficace ou pas ?
Dans tous les cas, il ne s’agit pas de remplacer la chimiothé-
rapie classique,mais d’améliorer la qualité de vie des malades.
Il existe aujourd’hui un faisceau de preuves qui méritent
d’être étayées.
Le
veille
tension
sur
notre
Plante sacrée depuis des millénaires, le gui bénéficie d’une réputation de guérisseur.Eternellement
vert, on lui prête des vertus de prospérité. Mythe ou réalité ? La réponse n’est pas vraiment
tranchée.Reste que ce végétal est aujourd’hui recherché pour ses propriétés hypotensives.
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