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n°35 Juin/Juillet 2011
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parents-enfants
Il suffit qu’un enfant soit agité ou qu’il manque d’attention pour évoquer une hyperactivité.
A tort ou à raison ? Une chose est sûre, ce trouble du comportement ne doit pas être pris à la
légère car il demande une prise en charge particulière.
Près de 5% des enfants en âge scolaire souffriraient d’hyperacti-
vité. Quelles en sont les causes ? Le mystère reste entier. Au-delà
de la composante génétique, le stress (environnement familial
instable, adoption) jouerait un rôle dans l’apparition du trouble.
En ce qui concerne la biologie du phénomène, les chercheurs ont
mis en évidence un dysfonctionnement au niveau de deux
médiateurs nerveux : la dopamine et la noradrénaline. D’où un
défaut de régulation du comportement.
Quels sont les symptômes de l’hyperactivité ?
Un enfant hyperactif présente des difficultés d’attention (inca-
pacité de se concentrer, distraction permanente…). Il est sans
cesse en mouvement, et ne peut se tenir assis longtemps, en
classe comme à la maison. C’est un « touche à tout ». Impulsif,
il ne supporte pas d’attendre. Par ailleurs, les troubles du
comportement doivent durer depuis au moins six mois pour
suspecter un problème d’hyperactivité.
Quelle différence avec un enfant agité ?
La frontière entre un comportement turbulent et une hyperacti-
vité pathologique n’est effectivement pas évidente à priori.
A retenir cependant : ce n’est pas la nature des troubles qui sont
responsables de la maladie, mais leur excès. En clair, une simple
agitation chez un enfant n’a pas de conséquences sur son
épanouissement. En revanche, l’hyperactivité retentit sur son
développement, notamment en entrâvant l’apprentissage.
Les médicaments sont-ils vraiment efficaces ?
Il n’existe aujourd’hui en France qu’un seul traitement
spécifique de l’hyperactivité. Il s’agit du méthylphénidate
(plus connu sous le nom commercial de Ritaline® et Concerta®).
Son efficacité ne fait pas de doute, puisque dans 75% des cas,
les troubles de l’attention, l’agitation et l’impulsivité se voient
améliorés. Or le médicament à lui seul n’est pas la panacée.
Il doit être complété par une psychothérapie, une prise en
charge orthophonique et une rééducation psychomotrice si
besoin.
On dit que la Ritaline
®
est dangereuse,
est-ce vrai ?
Comme tous les médicaments, le méthylphénidate comporte un
risque d’effets indésirables (insomnie, perte de poids, maux de
tête…). Mais il est en général bien toléré. Ce n’est en aucun
cas un excitant, un calmant ou une drogue ! Il améliore ni plus
ni moins le traitement de l’information au niveau du cerveau
(action sur le taux de dopamine) afin de permettre à l’enfant
une meilleure adaptation à son environnement.
L’enfant a-t-il des chances de guérir ?
Les troubles - et surtout la gêne qu’ils engendrent- diminuent
progressivement avec l’âge. Dans 20% des cas, les signes de
l’hyperactivité s ’atténuent nettement voire disparaissent à l’ado-
lescence. Dans les autres cas, l’agitation et l’impulsivité régresse
en vieillissant mais l’inattention a tendance à persister au
détriment des résultats scolaires. L’adolescent hyperactif a besoin
d’encadrement car sa fragilité le pousse à l’isolement et à la
consommation de drogues.
Par Florence Liseux, Docteur en Pharmacie
Les
hyperactifs
enfants
© Miroslava Arnaudova - Fotolia.com
D
PARENTS : ADAPTEZ VOTRE COMPORTEMENT !
Que les choses soient claires, les enfants hyperactifs ne sont pas
anormaux mais leurs difficultés comportementales exigent des
règles éducatives adaptées :
- Avoir des principes et ne pas en déroger.
- Rappeler inlassablement les règles.
- Formuler des demandes simples et courtes, quitte à les frac-
tionner étape par étape.
- Limiter les sources de distraction (musique pendant les
devoirs) et les excès de stimulation (jeux vidéos avant le cou-
cher).
-Valoriser les efforts accomplis.
- En cas de non respect des règles, envisager avec lui une
punition modérée.