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n°36 Septembre/Octobre 2011
(15)
parents-enfants
La gastroentérite est fréquente chez le nourrisson. elle doit être prise au sérieux car chaque
année elle entraîne de nombreuses hospitalisations, avec un état de déshydratation avancée.
pourtant, le traitement est à la portée de tous les parents…
On le sait, les bébés sont particulièrement fragiles et sont les
cibles privilégiées des Rotavirus, germes responsables des gas-
troentérites. On parle de diarrhée dès lors que le nombre de
selles liquides dépasse 3 par jour. Aussi impressionnante soit-
elle, la gastroentérite du nourrisson n’entraîne pas forcément de
fièvre. En revanche, le risque de déshydratation se révèle très
important. Autant dire que les parents doivent se montrer très
vigilants.
pourquoi craint-on une déshydratation ?
La gastroentérite est souvent accompagnée de vomissements
qui augmentent les pertes en eau. Ces pertes peuvent repré-
senter un à deux litres par jour chez les enfants de moins d’un
an ! A cet âge, la proportion d’eau dans le corps est de 75 à
80%, contre 60% chez l’adulte. Toute baisse de ce taux est
donc fortement délétère. La déshydratation des petits est
reconnaissable par le changement de comportement du bébé.
Il dort beaucoup (impossible de le réveiller complètement),
refuse de boire, devient tout mou, grognon… Autre signe : les
cernes en dessous des yeux. Cette situation est une réelle
urgence médicale (appel du 15 ou du 18). Mais n’attendez pas
d’en arriver là pour débuter un traitement !
Comment traiter efficacement la gastro ?
C’est heureusement très simple. Le traitement repose sur l’admi-
nistration de solutés de réhydratation orale (SRO) qui peuvent
s’acheter sans ordonnance en pharmacie. Ils se présentent en
sachets de poudre. Il en existe plusieurs marques (Adiaril, GES
45, Hydranova…) mais toutes ont quasiment la même composi-
tion. En pratique, la solution de réhydratation se prépare en
diluant un sachet dans 200 ml d’eau faiblement minéralisée
(type Evian ou Volvic). L’administration se fait par petites quan-
tités au début (5 à 10 ml toutes les 5 minutes au biberon ou à la
cuillère), pour éviter de générer des vomissements. Ensuite, il est
possible d’espacer les intervalles en gardant pour principe de
laisser boire le nourrisson à volonté. Le SRO se donne tant que
les selles restent molles (2 à 4 jours). A noter que la solution
reconstituée se conserve 24 heures au réfrigérateur.
peut-on donner de l’eau de riz à la place
des solutés de réhydratation orale ?
Absolument pas ! Contrairement au SRO, l’eau de riz n’est pas
bien adaptée pour compenser les pertes en sels minéraux cau-
sées par la diarrhée car il ne faut pas oublier que toute perte
d’eau dans l’organisme va de pair avec une fuite de sels miné-
raux. Les formules des SRO sont parfaitement étudiées. Ainsi,
elles se composent principalement de sucres (glucides), entre 75
à 90%. Et ce, pour faciliter l’absorption du sodium au niveau
intestinal, de façon à mieux garder l’eau. De plus, ces sucres
apportent de l’énergie et améliorent le goût. Les SRO contien-
nent également des électrolytes (sodium, potassium, chlore) et
des agents alcalinisants. L’objectif est de pouvoir corriger les
désordres du métabolisme provoqués par la diarrhée.
Faut-il continuer à donner le lait habituel ?
En principe, le lait classique peut être poursuivi sans problème.
Les SRO se donnant entre les repas. Mais si la diarrhée s’ag-
grave ou si le bébé a moins de 3 mois, il faut consulter un
pédiatre qui décidera s’il est nécessaire de changer de lait.
Egalement, toute gastro chez un petit à risque allergique et
nourri avec un lait HA, doit orienter rapidement vers une
consultation médicale. Dans ce cas particulier, un lait spécial
(hydrolysat de protéines de lait de vache) est préconisé.
par Florence Liseux, docteur en pharmacie
a
une
gastro
Bébé
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D
ERREURS A EVITER !
• donner de l’eau pure ou des sodas qui ne compensent pas les
pertes en sels minéraux.
• administrer de son propre chef unmédicament pour stopper la
diarrhée (qui n’agit pas sur la réhydratation).
• donner des carottes ou du riz alors que le bébé n’a pas com-
mencé sa diversification.