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ès que la presbyacousie (forme la plus fréquente
de la baisse d’audition) constitue une gêne sociale
importante, il est vivement recommandé de porter
des aides auditives. « Une personne malentendante doit être
appareillée précocement, dans les 5 ou 6 premières années,
sans attendre la survenue de retentissement cognitifs et la
perte de reconnaissance des mots », souligne Philippe Metzger,
audioprothésiste, administrateur de l’UNSAF (syndicat national
des audioprothésistes) et secrétaire général de la Journée
national de l’audition.
En effet, à trop attendre, la plasticité cérébrale (capacité
à recoder les sons pour comprendre la parole), qui baisse
également avec l’âge, n’est plus suffisante pour recouvrer une
acuité auditive normale. « A un stade trop avancé, une prothèse
risque d’apporter plus de bruit que de la parole au malentendant»,
explique-t-il. C’est la raison pour laquelle l’appareillage des
malentendants intervient de plus en plus tôt, avant 50 ans
contre 70 ans auparavant.
Trois grandes familles d’appareils
Les contours d’oreilles (appareil relié par un tube plus ou moins
fin à un embout qui s’insère dans le conduit auditif) s’adressent
à des personnes ayant des problèmes de préemption et de vue,
atteintes de surdités profondes. Ils sont robustes et faciles de
prise en main, deux qualités très appréciées par les personnes
âgées.
Les intra-auriculaire sont recherchés pour leur discrétion. Ils
sont surtout recommandés pour des pertes auditives légères à
moyenne.
« Les contours à écouteur déporté RIC (Receiver In Canal en
anglais) sont un mix des deux précédentes catégories et
représentent environ 70% ventes de prothèses auditives »,
signale Philippe Metzger. Cet appareil se place également derrière
le pavillon de l’oreille mais, à la différence des contours d’oreille
classique, le « haut-parleur » (ou écouteur) est placé dans le
conduit auditif. Le tube qui relie l’embout ne conduit donc pas
de son mais contient un fil électrique qui alimente l’écouteur.
Enfin, pour corriger de faibles pertes d’audition (-20 dB), les
assistants d’écoute constituent une alternative économique
intéressante. Conçus sur la même base technologique qu’une
prothèse traditionnelle, des appareils préréglés tels qu’Octave de
Sonalto sont disponibles en pharmacie à moins de 300 €, contre
1500 € en moyenne par appareil auditif.
Un avenir rempli de promesses
En audiologie, l’innovation est continuelle et l’émulation est forte
entre les fabricants, au plus grand bénéfice des malentendants.
Les dispositifs permettent toutes les focalisations de la source
sonore, à l’instar de l’aide auditive Oticon OPN qui permet, par
son écoute directionnelle à 360°, de suivre plusieurs discussions
en même temps et cela malgré les bruits de fond.
Avec l’arrivée des technologies de la communication sans fil haut
débit, les personnes appareillées disposent en prime de l’accès
direct à leurs appareils wi-fi ou bluetooth (ordinateurs portables,
téléphones mobiles, lecteurs MP3…).
Les appareils auditifs « nouvelle génération » deviennent de
véritables objets connectés, contrôlés directement par smartphone
(et bientôt par androïde). L’application mobile propose des
fonctionnalités classiques d’une télécommande comme le réglage
manuel du volume, la sélection de vos programmes d’écoute, le
mode « muet » (pour couper provisoirement les appareils)…
« Pour le moment, les prothèses auditives connectées sont
surtout utilisées par les parents d’enfants sourds pour connaître
l’état d’usure des piles, constate Philippe Metzger. Dans un
proche avenir, elles pourront être connectées à la domotique
de la maison.» Mieux encore, elles pourront se passer d’une
télécommande ou d’une quelconque autre interface et recevront
le son de ces périphériques rien qu’en appuyant sur le bouton
On/Off desdits périphériques.
Les français malentendants sont sous-équipés en
prothèses auditivesdu fait des restes àchargeélevés (environ
1000€ par oreille). Sur 6millions demalentendants, lamoitié
d’entre eux seraient susceptibles d’être équipés. Pourtant,
l’innovation se montre à l’écoute des patients.
Par Rémy Clément,
Docteur en Pharmacie
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N°59 - Août / Sept. 2017