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n°31 mai/juin 2010
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la mauvaise utilisation, un sous-dosage, l’absence
de principe actif ou, pire, la présence d’impuretés
dangereuses, entraine rapidement des dégâts sur la santé.
La contrefaçon dans
les pharmacies
Il faut savoir que selon un rapport de l’OMS plus de 10%
des médicaments circulant dans le monde sont des contre-
façons. Mais cette estimation est basée sur le niveau des
saisies, et constitue la part « visible de l’iceberg » sachant
qu’une quantité beaucoup plus importante a pu échapper
aux contrôles. Il faut dire que, compte tenu de l’augmen-
tation du prix moyen des médicaments, justifiée par une
élévation du niveau technologique, la commercialisation
« licite » de contrefaçons devient plus rentable que la
commercialisation illicite des drogues dures. Parmi les
pays européens, la France est plutôt épargnée car la légis-
lation y est très rigoureuse et les contrôles, nombreux,
sont effectués à tous les niveaux de la chaîne. Les saisies
des douanes ont été multipliées par 6 en quelques années.
A Paris, d’importantes quantités de médicaments fraudu-
leux illégalement importés ont été saisis. On y trouvait des
antibiotiques, des anti-inflammatoires, des laits infantiles
etc… le tout stocké dans un local à poubelle spécialement
aménagé. En revanche, dans les pays voisins de la France,
le taux de faux médicaments est devenu préoccupant.
Comment lutter
contre la contrefaçon
Plusieurs mesures peuvent permettre d’y arriver et plus il y
aura de barrières, et plus cela coûtera cher aux escrocs pour
arriver à leur fin.
La première mesure est le contrôle des circuits de distribu-
tion. Au départ de la chaîne, l’industriel suit des procédures
de fabrication extrêmement longues et rigoureuses qui lui
permettent d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché
délivrée par l’administration. Les grossistes-répartiteurs,
chargés de la distribution vers les pharmacies, répondent à
des contrôles techniques rigoureux et sont capables de
peser chaque boîte de médicament pour renforcer l’identi-
fication. Au final, les pharmacies ne s’approvisionnent
qu’auprès de fournisseurs connus et récurrents. Dans les
prochaines années, il est également prévu de mettre en
place un protocole de traçabilité des médicaments. Cela
signifie qu’une fois le système mis en place, il sera possible
de suivre une boîte de sa fabrication jusqu’à l’utilisateur
final : le patient. Sur le plan pratique, le code d’identifica-
tion du médicament sera renforcé. Ce code passe de 7 à 13
chiffres et intégrera dans la chaîne d’information le N° de
lot de fabrication, la date de péremption, ainsi qu’un
marquage DATAMATRIX (matrice de 1cm
2
présentant une
succession de petits carrés noirs et blancs formant une
identification unique). Egalement, il est important de sen-
sibiliser les professionnels de la santé et surtout le grand
public, dont le manque de connaissance ne permet pas
de se rendre compte de la dangerosité de l’achat d’une
contrefaçon de médicament, « appâté » uniquement sur un
critère de prix bas… Enfin, il existe depuis peu en France,
un système de sécurisation de la dispensation des médica-
ments qui permet au patient d’éviter toute interaction ou
mauvaise utilisation des médicaments pour sa plus grande
sécurité : le dossier pharmaceutique.
Le dossier
pharmaceutique
ou DP
Il constitue une exception française et il renforce l’image
de la France en matière de politique santé. Le DP permet de
contrer toutes les interactions médicamenteuses liées à
l’utilisation des médicaments sous toutes leurs formes,
issus de la prescription et/ou de l’automédication, et le
comportement « migratoire » des patients pour ceux qui
sont amenés à fréquenter plusieurs pharmacies. Les don-
nées enregistrées sur le DP sont exploitables quelque soit
la pharmacie dans laquelle se trouve le patient, pourvu que
celle-ci soit reliée au réseau. Par ailleurs, en cas de retrait
de lot d’un médicament, il permet de déclencher une alerte,
si le patient est concerné. Il permet donc une élévation
de la sécurité des patients.
Aujourd’hui plus de 50% des officines françaises sont
reliées au réseau et peuvent rendre ce service sanitaire à
haute valeur ajoutée. Le DP peut aussi être utilisé en cas
d’épidémie.
En pratique, il suffit de présenter sa carte vitale. Pour
chaque bénéficiaire de l'assurance maladie qui le souhaite,
le pharmacien inscrira électroniquement tous les médica-
ments (prescrits ou conseillés par un pharmacien)
dispensés au cours des quatre derniers mois. Il comporte
uniquement l’identification, la quantité et la date de déli-
vrance des médicaments. Le prescripteur, le prix et la
pharmacie de délivrance ne sont pas indiqués.
Il est clair que cette pratique de proximité destinée à
sécuriser la dispensation des médicaments ne peut être
activée en cas d’achats sur Internet, entrainant la perte
d’informations précieuses.
Que peut-on
acheter sur Internet ?
Aujourd’hui, il est possible d’acheter de la parapharmacie,
de la phytothérapie, des produits d’hygiène, de la diété-
tique, des compléments alimentaires, et toute autre
substance ne répondant pas à la définition d’un
médicament telle que définie par un article législatif du
Code de la Santé publique. Il est appelé la plus grande
prudence sur la jungle des fournisseurs, dont certains sont
peut-être sérieux, mais beaucoup ne le sont pas. Il est
aussi impératif de vérifier, si possible, la formulation et le
dosage en principes actifs. Un produit sans formule et sans
dosage devra être écarté. Egalement, il ne faut pas acheter
des produits portant des libellés ne faisant pas référence
à un distributeur français.