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EM
n°30 février/mars 2010
Une étude réalisée par le laboratoire Pfizer en fin
d’année 2009 auprès de 14.000 personnes dans 14
pays européens démontre les dérives d’un libéralisme
en matière de distribution des médicaments.
Les conséquences vont de la simple arnaque à
l’admission aux services d’urgences des hôpitaux.
La santé est-elle un jeu de hasard ? C’est pourtant
le cas pour une trop grande partie de la population
européenne et les résultats de cette enquête sont
édifiants !
Certains pays autorisent la commercialisation des
médicaments par Internet. Le taux d’achats réalisé
varie d’un pays à l’autre : Allemagne 38%, Italie 37%,
Espagne 30%, Norvège 30%, Autriche 27%. Le taux
de faux médicaments atteints des proportions
alarmantes dans les pays où Internet est légalisé.
En effet, plus le volume du trafic est important, plus
les risques de contrefaçon augmentent, et donc ceux
de la santé publique.
La France arrive en 11
e
position avec 14% de
français (7 millions environ) qui reconnaissent avoir
acheté sur Internet des médicaments de prescription
médicale (mettant ainsi leur vie en danger).
La saisie des faux médicaments aux frontières des
pays européens a été multipliée par huit entre
2005 et 2007, passant de 500.000 à 4 millions.
Le marché des médicaments contrefaits a explosé
pour atteindre, en 2010, 75 milliards de dollars. En
France, le marché des médicaments contrefaits
représente un peu plus d’un milliard d’euros de CA.
Les médicaments à prescription médicale obligatoire
achetés sur Internet sont pour l’essentiel des
médicaments pour la perte de poids (45%), pour le
rhume et l’état grippal (35%), pour les troubles de
l’érection (25%), pour le sevrage tabagique (19%),
pour les douleurs chroniques (19%).
Les produits saisis par les services douaniers contien-
nent parfois des substances hautement toxiques
pouvant conduire à l’hospitalisation, et parfois
jusqu’au décès. Les fabricants n’ont aucune
qualification et les conditions d’hygiène sont souvent
des plus désastreuses. Certains n’hésitent pas à
colorer les comprimés avec des peintures au plomb,
des colorants toxiques à faible dose, et même de
« la mort au rat » !
Les investigateurs de l’enquête parlent d’une véritable
bombe à retardement si le libéralisme continue à se
développer dans le domaine de la santé. En effet,
un quart de la population européenne (70 millions
environ) ne fait pas de distinction entre un produit à
prescription obligatoire et un produit en vente libre.
Les raisons d’achats sur Internet sont diverses : 80%
pour des raisons de commodité et de facilité d’accès,
59% pensent pouvoir faire des économies.
Dans l’hexagone, les français font beaucoup trop
confiance à Internet : 38% ne mettent pas en doute
l’authenticité des produits achetés en ligne (habitués
à les acheter dans des circuits sécurisés, le danger
est ignoré), et 18% pensent qu’un médicament
à prescription obligatoire acheté sur Internet
(donc sans ordonnance) est toujours authentique !
Les dégâts de la contrefaçon
Ils se situent sur plusieurs plans : droit de la
propriété intellectuelle, droit commercial, santé
publique.
Concernant la propriété intellectuelle, un inventeur
doit être protégé par un brevet. Tout le monde peut
comprendre ce point de vue, quel que soit le secteur
d’activité. Un laboratoire pharmaceutique invente de
nouvelles molécules. Il doit donc les protéger par
un brevet, authentifiant sa découverte et lui
permettant d’exploiter celle-ci. Ce principe, dans tous
les domaines, garantit la qualité et l’authenticité du
produit proposé à l’utilisateur final (l’acheteur). Dans
le cas de la contrefaçon, l’imitation détruit l’image et
la qualité du produit proposé et fait courir un risque
vital à l’utilisateur-patient.
De ce qui précède, naît un préjudice commercial
dont les répercussions, à grande échelle, peuvent
être économiquement grave pour l’entreprise
(mais aussi pour ses employés) compte tenu des
investissements énormes nécessaires. Concernant la
contrefaçon des médicaments, ce préjudice atteint
plusieurs dizaines de milliards de dollars par an.
Les dangers majeurs pour la santé publique, pouvant
aller jusqu’au décès, et les raisons évoquées ci-dessus,
ont amené l’OMS à établir une charte de lutte contre la
contrefaçon des médicaments.
Donc, si l’on veut rester en bonne santé, mieux vaut
s’adresser à un professionnel de santé plutôt qu’à
un écran anonyme !
Ainsi, Pfizer a été l'un des signataires le 16 décem-
bre 2009 de la Charte sur la contrefaçon sur
Internet qui réaffirme le principe du monopole phar-
maceutique nécéssaire pour protéger la santé et la
sécurité des consommateurs.
En novembre 2010 sera organisé un département
européen, Médicrime, chargé de durcir la législation
et la répression de la contrefaçon du médicament.
La contrefaçon des médicaments :
la « roulette russe » !