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santé
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EM
n°31 mai/juin 2010
C’est injuste mais c’est ainsi : plus on vieillit et plus on a l’œil qui s’assèche. Et dans neuf cas
sur dix il s’agit de femmes. La sécheresse oculaire est-elle grave ? Comment la reconnaît-on
exactement ? Quels sont les traitements qui marchent ? Toutes les réponses…
On émet tous chaque jour plusieurs
millilitres de larmes. Et c’est tant
mieux car elles protègent nos mirettes
(voir encadré). Seulement voilà… sous
l’influence de l’âge et des bouleverse-
ments hormonaux de la ménopause,
l’œil devient un terrain aride… qu’il
faut arroser souvent.
L’œil sec pleure beaucoup
Et oui ! Aussi paradoxal que cela puisse
paraître, la sécheresse oculaire se
manifeste par un excès de larmes. L’œil
gratte, pique mais coule aussi. En fait,
cette surproduction témoigne d’une
réaction exagérée de l’œil : il répond à
une agression qui n’en est pas une pour
un œil « normal ». Exemple ? La clima-
tisation devient agressive pour un œil
sec. Accusée à tort d’irriter les yeux, il
s’agit ni plus ni moins d’un facteur
révélateur de l’insuffisance de larmes.
De même, l’ordinateur n’est pas respon-
sable du syndrome de l’œil sec. Mais
son utilisation plusieurs heures par
jour diminue la fréquence du clignote-
ment des paupières. Et ce, sur une
cornée qui souffre déjà d’une faible
production de larmes. La sécheresse
oculaire est bénigne dans la grande
majorité des cas. Que l’on se rassure, ce
trouble n’a pas d’influence sur la
vision. Dans de rares cas, le problème à
l’œil est associé à une sécheresse de la
bouche et/ou à des douleurs rhumatis-
males. Ce tableau clinique nécessite
des examens médicaux à la recherche
de la maladie de Gougerot-Sjögren ou
de polyarthrite rhumatoïde.
Besoin de larmes artificielles
Il faut savoir que la déficience de
larmes est chronique et qu’elle persiste
malgré tous les meilleurs traitements
du monde. Qu’à cela ne tienne ! Il
existe des solutions efficaces pour
apporter ponctuellement un larmoie-
ment. En clair, les ophtalmologistes
prescrivent des collyres qui jouent
le rôle de substituts lacrymaux. Il s’agit
de produits analogues aux larmes
(appelés plus communément « larmes
artificielles ») non toxiques et formulés
sans conservateur. L’intérêt ? Ils
peuvent être utilisés aussi souvent que
nécessaire, sans risque pour les yeux.
Dans les faits, ils doivent s’employer
sur le long terme voire à vie, dès qu’une
gêne se ressent.
Bientôt un nouveau
traitement
On trouve en pharmacie plusieurs
catégories de produits en fonction de
leur viscosité (des produits plus ou
moins liquides). A commencer tout
simplement par le sérum physiologique
qui apporte un confort immédiat. Les
solutions viscoélastiques nouvelle
génération (notamment à base d’acide
hyaluronique) ont l’avantage de tenir
plus longtemps sur l’œil, mais pas plus
de deux heures ! Le traitement reste
basé sur l’ajout de liquides pour humi-
difier l’œil. La recherche avance et des
perspectives thérapeutiques se dessi-
nent. Le but étant de prendre en
charge l’inflammation qui caractérise
le syndrome de l’œil sec. Les dernières
pistes laissent entrevoir le recours à
des molécules à la fois anti-inflamma-
toires et ayant la capacité de moduler
l’immunité.
Par Caroline Giraud, Docteur en Pharmacie
sec
L’
œil
à
la
loupe
D
C’EST QUOI UNE LARME ?
De l’eau, du sucre et des graisses ! Ces composants forment trois couches qui
se complètent.Tous les jours, nous secrétons plusieurs millilitres de larmes qui
s’évacuent au fur et à mesure par les canaux lacrymaux situés dans le coin interne
des yeux. Cette mécanique bien huilée rend les yeux humides 24 heures/24.
On ne verse pas des larmes pour rien ! Elles isolent parfaitement la cornée de
l’environnement. Elles permettent également d’éliminer les corps étrangers. En
prime, le film lacrymal aide les yeux à se défendre des infections car il contient
des protéines anti-bactériennes. En humidifiant la cornée, les larmes sont garantes
de sa transparence (et d’une bonne vue à long terme).
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