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enquête
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EM
n°33 novembre/décembre 2010
E
n France, comme dans beaucoup de pays, la plupart des
évaluations de la fréquence de survenue d’événements
indésirables restent indirectes, mesurées soit à partir des
motifs d’entrées à l’hôpital, soit à partir des données
assurantielles. Les observatoires sur les pratiques en
médecine générale commencent à exister mais n’ont pas
encore de données vraiment spécifiques sur les risques.
En France, pays où l’on consomme le plus de médica-
ments au monde, le ministère de la santé évalue (mais
sans citer ses sources) à 8 000 le nombre de décès
annuels du seul fait des interactions médicamenteuses.
C’est dire l’ampleur du phénomène dans notre pays !
Une première étude transversale a été menée en
1997 par le Réseau des Centres Régionaux de
Pharmacovigilance. D’une manière générale, elle a mon-
tré que les effets indésirables médicamenteux étaient à
l’origine de 10,3% des hospitalisations, un jour donné,
dans des services de médecine, de chirurgie et de long
séjour des hôpitaux publics. Dans un tiers des cas, les
effets indésirables étaient considérés comme graves.
Dans 31% des cas, l’effet indésirable est survenu à la
suite d’un traitement non conforme à l’autorisation de
mise sur le marché. Une deuxième enquête a été réalisée
en 1998 par le Réseau des Centres Régionaux de
Pharmacovigilance sur un échantillon représentatif de
services de médecine et spécialités médicales des hôpi-
taux publics.
Les hospitalisations liées à un effet indésirable d’un
médicament représentaient 3,19% des cas. Cette étude a
également montré l’incidence des interactions médica-
menteuses, notamment que les accidents hémorragiques
des médicaments anticoagulants de la classe des antivi-
tamines K arrivaient au premier rang des accidents iatro-
gènes.
Le guichet « Erreurs médicamenteuses » au sein de
l’AFSSAPS
(1)
est une structure de réception et de gestion des
signalements d’erreur ou de risque d’erreur médicamen-
teuse, amenée à proposer des actions de prévention et des
mesures correctives le cas échéant. Pour l’année 2009,
cette structure a enregistré 1 124 signalements d’erreurs
ou de risques d’erreurs contre 448 en 2008, soit une
augmentation de près de 150% en un an, ce qui témoigne
d’une sensibilisation accrue des professionnels de santé
face au risque d’erreurs médicamenteuses.
(
(1)
Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé)
Les différents niveaux
d’une interaction
Le résultat d’une interaction médicamenteuse peut être :
- l’addition des effets. Par exemple, les actions de
deux anticoagulants, deux hypnotiques, deux produits
contenant du paracétamol vont s’ajouter partiellement ou
totalement ;
- la potentialisation des effets : au lieu de s’additionner,
les effets se multiplient. Exemple, les inhibiteurs, en
ralentissant le métabolisme de certains médicaments
peuvent, par augmentation de leurs concentrations
plasmatiques, majorer le risque d’effets indésirables avec
des conséquences parfois graves ;
- l’inhibition des effets : l’efficacité d’un médicament est
La polymédication est courante et souvent légitime, mais elle augmente
le risque iatrogénique (lié au médicament). La fréquence d’évènements
indésirables par interactions médicamenteuses chez le sujet âgé est double
du reste de la population. Faut-il vraiment les craindre ?
Par le Docteur Rémy Clément
Interactions
éviter
Les
médicamenteuses
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