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diminuée, voire annihilée par l’administration d’un
second. Exemple : les inducteurs, en accélérant le
métabolisme de certains médicaments, peuvent, par
diminution de leurs concentrations plasmatiques,
entraîner une réduction notable d’efficacité aux consé-
quences graves (par exemple, rejet de greffe en
présence d’immunosuppresseurs), et /ou inattendues
(par exemple, échec d’une contraception orale).
Pour être retenue, une interaction doit avoir une traduction
clinique significative, décrite ou potentiellement grave,
c’est-à-dire susceptible de provoquer ou de majorer des
effets indésirables, ou d’entraîner, par réduction de l’acti-
vité, une moindre efficacité des traitements. Toutes les
interactions médicamenteuses ne sont pas à prendre au
pied de la lettre. Elles sont d’autant plus problématiques,
voire dangereuses, que le médicament est dangereux
(cadre rouge sur la boite).
Quatre niveaux de
contrainte sont définis :
- la contre-indication : elle revêt un caractère absolu et
ne doit pas être transgressée ;
- l’association déconseillée : elle doit être le plus souvent
évitée, sauf après examen approfondi du rapport béné-
fice/risque, et impose une surveillance étroite du patient ;
- la précaution d’emploi : c’est le cas le plus fréquent.
L’association est possible dès lors que sont respectées,
notamment en début de traitement, les recommandations
simples permettant d’éviter la survenue de l’interaction
(adaptation posologique, renforcement de la surveillance
clinique, biologique, ECG, etc.).
- à prendre en compte : le risque d’interaction médica-
menteuse existe, et correspond le plus souvent à une
addition d’effets indésirables ; aucune recommandation
pratique ne peut être proposée. Il revient au médecin
d’évaluer l’opportunité de l’association. Le recours à
d’autres thérapeutiques permettra d’éviter une addition
d’effets indésirables.
Aliments et
médicaments : gare
aux mauvais mélanges !
Nous prenons souvent nos médicaments à l’heure des
repas. Mais qui pourrait croire que le contenu de nos
assiettes ou de nos verres est parfois le meilleur ennemi
de nos traitements, en aggravant les effets indésirables
d’un médicament ou, à l’inverse, en diminuant son
efficacité ? Certains aliments interagissent avec les
médicaments. Outre l’alcool qui majore les effets sédatifs
de nombreux de médicaments, le jus de pamplemousse
est particulièrement visé. Cette boisson peut, en effet,
accentuer dangereusement les effets indésirables de
certains médicaments, car elle facilite leur absorption par
l’organisme. L’association du jus de pamplemousse à cer-
tains médicaments contre le cholestérol de la famille des
statines peut entraîner des atteintes musculaires graves.
Aussi est-il conseillé d’éviter de prendre un jus de
pamplemousse dans les deux heures qui précèdent la
prise de ces médicaments et de limiter la consommation
de cette boisson à moins d’un quart de litre par jour. La
prudence est également de mise avec d’autres agrumes
(citron, orange…) quand ils sont associés à l’aspirine et
aux médicaments anti-inflammatoires. Ces mélanges
peuvent être responsables de brûlures d’estomac et de
reflux en raison de leur acidité.
Chou, brocolis, épinard, avocat, persil, laitue ou encore
les abats sont des produits riches en vitamine K. Ils sont
susceptibles d’affaiblir l’effet de certains anticoagulants
oraux destinés à fluidifier le sang. Certains antibiotiques
perturbent l’élimination de la caféine, contenue dans le
café, le thé mais aussi dans des sodas. Ils peuvent
conduire à un surdosage en caféine et provoquer des
palpitations ou des tremblements.
Avant tout :
lire la notice
Internet fourmille d’informations en tous genres sur les
interactions médicamenteuses. Mais elles sont à pren-
dre avec des pincettes. En France, la référence recen-
sant toutes les interactions cliniquement pertinentes est
le « Thesaurus des interactions médicamenteuses »,
consultable sur le site Internet de l’AFSSAPS. Plus simple
: la notice des médicaments mentionne toujours, quand
il y a lieu, les aliments à éviter et la nature du risque
encouru. Il faut donc la lire attentivement avant de
commencer un traitement, quel qu’il soit.
Enfin, votre pharmacien possède toutes les données
relatives aux interactions médicamenteuses connues. Il
est à même de prévenir (en vous indiquant à quel
moment il convient le mieux de prendre vos différents
médicaments les uns par rapport aux autres) ou, à
défaut, de vous avertir de celles que vous pourrez
rencontrer lors d’une prescription médicamenteuse.
EM
n°33 novembre/décembre 2010
(5)
En cours de généralisation dans les officines, le dossier
pharmaceutique (DP) est un bon moyen de sécuriser la
délivrance des médicaments au patient et de diminuer
notamment le risque d’interactions médicamenteuses.
En mai dernier, plus de 15 000 officines (sur 22 000)
étaient raccordées au dispositif. 8 millions de patients
en bénéficient déjà. Créé par un pharmacien d’officine
avec le consentement exprès de son patient, le DP
recense les médicaments qui lui ont été délivrés.
Vous souhaitez ouvrir votre dossier pharmaceutique ?
Interrogez votre pharmacien pour savoir s’il est
raccordé ou non au réseau. Dans l’affirmative, l’opération
ne prend que quelques minutes et nécessite d’avoir sur
vous votre carte vitale. Ensuite, la liste des médicaments
qui vous ont été délivrés au cours des quatre derniers
mois (sur prescription ou non) est accessible depuis
n’importe quelle pharmacie.
LE DOSSIER
PHARMACEUTIQUE FAIT LA
CHASSEAUX INTERACTIONS