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n°37 Novembre/Décembre 2011
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La prévention
Prévenir les conduites à risque c’est essayer de casser
une conduite sociale à risque, trop souvent banalisée.
Concernant le tabac, une enquête INPES en 2008 a per-
mis de savoir pourquoi les fumeurs fument et ce n’est pas
seulement une question de dépendance (plusieurs
réponses possibles) : pour combattre le stress à 58% ;
pour le plaisir : 63% ; c’est un geste automatique 48% ;
par convivialité : 43% ; pour le moral : 32% ; pour ne pas
grossir : 15% ; pour se concentrer : 15%.
Sur le plan social, le tabac est prédominant chez les chô-
meurs (beaucoup), et chez les ouvriers. La prévalence est
d’ailleurs à la hausse dans les 3 catégories analysées :
chômeurs, ouvriers, cadres ; avec une évolution au cours
des dernières années respectivement plus importantes
pour les chômeurs et les ouvriers par rapport aux cadres.
Quelques initiatives municipales originales sont prises en
faveur de l’encouragement à l’exercice physique et à la
marche en particulier, en plaçant dans certains endroits
de la ville, des panneaux indicateurs informant du temps
de trajet à pied vers différentes destinations (temps sou-
vent surestimé par la population).
Le dépistage
Une approche individualisée du dépistage basée sur le
risque se fait selon quatre critères : faible risque, risque
stantard, risque augmenté et risque élevé.
Actuellement, le dépistage est effectué dans la popula-
tion sur des critères statistiques moyens basés sur l’âge.
En pratique, si seul le critère de l’âge est retenu, ces tests
sont effectués à partir de 50 ans.
Cependant, si la réflexion n’est plus colllective et que la
question ne porte plus sur l’âge mais plutôt sur le niveau
de risque qui déclenche un dépistage systématique, on
démarre une approche personnalisée.
Exemple : dans le cancer du sein, le BRCA1 est un gène
régulateur suppresseur. Si celui-ci subit une mutation
que l’on identifie au moyen d’un test précoce, on sait,
d’avance, qu’il ne pourra pas se manifester normalement.
Il devient alors recommandé de réaliser le dépistage dès
30 ans parce que le niveau de risque le justifie. Au
contraire, si aucune mutation n’est détectée, alors le
dépistage peut être effectuer à partir de 50 ans (ce qui
rejoint la moyenne générale d’une population).
economie de la santé
Le décodage de son génome pour tout individu pourrait
permettre une anticipation des pathologies sous réserve
qu’il existe des traceurs permettant cette analyse pré-
ventive. L’idée théorique d’optimiser et de personnaliser
une thérapie ciblée devrait permettre une amélioration
du rapport coût du traitement / guérison. Mais il faut
tenir compte du déplacement des coûts vers le ciblage,
l’analyse génétique et la prévention.
Il est donc nécessaire que les fonds disponibles pour les
traitements soient le mieux utilisés possible.
Il y a, en effet, deux voies d’efficience concernant l’éco-
nomie de la santé : ne gaspillons pas les ressources dis-
ponibles ou évitons de gaspiller de l’argent si le « geste »
est inefficace ou inutile etc… C’est le cas de certains
pays anglo saxons où le coût du traitement est évalué
par rapport aux chances de survie du malade… Il faut
également envisager la problématique économique de
l’accompagnement, de l’accueil, du retour au domicile et
de la réinsertion.
Sur le fond, une question surgit : faut il privilégier systé-
matiquement un traitement coûteux vers des pathologies
graves, au détriment des traitements moins coûteux pour
des pathologies moins graves laissant à l’assuré une
charge à sa contribution ?
En parallèle, apparaît une forme de solidarité éthique car
si la carte biologique est déterminée tôt, on sait, dès la
naissance, ce que l’on va coûter ou ne pas coûter à la
société… Il deviendrait alors nécessaire, sur le plan phi-
losophique et sociétal, de prendre conscience d’une soli-
darité intime, humaniste avec une empathie culturelle,
voire « biologique ».
Objectifs prospectifs
Néanmoins, si dans la prochaine décennie, l’objectif est
d’offrir un traitement personnalisé, cela aura pour consé-
quences de faire passer les maladies actuellement fré-
quentes (cancer du sein, cancer du colon) à l’état de
pathologies rares. Ceci entrainera donc un changement
de paradigme économique pour l’industrie pharmaceu-
tique sachant que maladie rare ne veut pas dire coût de
traitement élevé. Ceci remet en cause le modèle actuel,
dans lequel les coûts liés à la recherche, qui sont impor-
tants et incompressibles, pourraient ne plus être amortis
par la commercialisation d’un médicament par le labora-
toire pharmaceutique.
Le parcours de soin
personnalisé
Il est nécessaire, dès le départ, de prévoir une bonne
coordination du parcours de soin. Radiothérapie, chimio-
thérapie, chirurgie, médecine d’hôpital, médecine d’insti-
tut et médecine de ville déterminent autant d’interve-
nants qui ne sont par toujours en parfaite coordination
entre eux au niveau de l’information. Devant tous ces
soins, des supports d’information à destination des pro-
fessionnels paramédicaux sont donc devenus nécessaires.
Or le partage de l’information auprès de tous les interve-
nants est indispensable au parcours personnalisé et coor-
donné afin que soit optimisé l’efficience du traitement
anticancéreux.
En pratique, une infirmière coordonatrice devient le pivot
et l’interlocuteur unique du patient. Une infirmière peut
gérer et coordonner jusqu’à 130 patients mais avec un
dossier électronique personnalisé et des outils informa-
tiques cela pourrait aller à plus de 200.
En conclusion, l’analyse génétique, suivie d’un dépistage
adapté sur le risque, permettra de faire reculer les patho-
logies cancéreuses, dans les années à venir.