Page 7 - EM37_book

Version HTML de base

devenir maître de
sa santé
Pour que l'automédication puisse se développer en
toute confiance, il faut avant tout inscrire ce compor-
tement dans une démarche d'information.
L'automédication oblige les patients à intégrer les
règles liées aux médicaments : usages, posologie...; à
reconnaître les symptômes d'une maladie; à prendre
conscience de la nécessité des soins versus la préven-
tion. Pour ce faire, la personne doit être suffisamment
informée et éduquée au monde de la santé. Elle est
ainsi investie d'une nouvelle responsabilisation. Pour
les professionnels de santé, c'est l'opportunité d'une
nouvelle mission, celle d'accompagner le patient sur le
chemin de l'indépendance. Au final, la personne est
davantage maître de sa santé et construit une relation
plus responsable avec les professionnels de santé. Si
globalement, la demande d'information reste forte, on
commence à entrevoir la portée pédagogique du libre
accès auprès de ses utilisateurs.
un recourt au libre
accès en hausse
Malgré un marché peu dynamique, le libre accès s’ins-
talle pas à pas dans les officines. Le nombre de phar-
macies proposant le libre accès est d'environ 1 sur 2.
D’après une étude réalisée par l’Institut Pierre et Marie
Curie (université Paris VI), la proportion de patients
convaincus par le libre accès augmente sensiblement :
60% des sondés y ont recours en 2011, contre seule-
ment 31% en 2010. Ce qui les séduit ? Un gain de
temps (43% contre 27% en 2010), des promotions
(44%) et la découverte de nouveaux produits (34%
contre 26% en 2010). Sans compter que le libre accès a
renforcé le rôle du pharmacien (pour 51% des sondés)
et rend même l’officinal plus disponible de l’avis de
33% des consommateurs. Les utilisateurs du libre accès
sont d’ailleurs les meilleurs défenseurs de l’officine,
puisque 76% s’opposent à la vente de médicaments en
grande surface. Quant à l'achat de médicaments sur
Internet, 87% déclarent n’avoir pas ou peu confiance
dans ce circuit d'approvisionnement, en raison notam-
ment du risque de contrefaçons.
Cette étude révèle que, même pour les patients qui pra-
tiquent l’automédication, le conseil du pharmacien est
important. Doucement mais sûrement, l’achat de médi-
caments en accès direct entre donc dans les mœurs,
même si la tendance qu'il peut être dangereux se
confirme. Le risque de consommations inadaptées est
toujours très présent dans l'esprit des français (85% de
réponses) ainsi que celui de consommations risquées
(86%). Pour autant, les pharmaciens qui ont goûté au
libre accès font part dans près de 60% des cas de leurs
intentions de procéder à de nouveaux achats destinés à
cet espace.
Les femmes en tête
Quel est le profil du client-type du libre accès ?
L'utilisateur du libre accès a logiquement plus recours à
l'automédication. Il compare les prix des médicaments
et il accorde plus d'importance à la marque du médica-
ment (sentiment de réassurance). Le libre accès a des
fidèles convaincus. Ce sont plutôt des femmes de 18 à
56 ans, résidant dans des grandes villes et ayant une
consommation moyenne de médicaments ainsi qu'une
grande pratique de l'automédication. Pour elles, le libre
accès a des vertus pédagogiques reconnues et le phar-
macien a un rôle indispensable. Ce dernier point de vue
n'est pas partagé par les cadres supérieurs et les per-
sonnes sans activités qui jugent néanmoins que le libre
accès est bénéfique. En revanche, cette zone de la
pharmacie ne sert à rien pour les hommes, principale-
ment ceux qui habitent des villes moyennes et qui
accordent peu de dépenses en automédication. On s'en
doute, les personnes âgées et les retraités, surtout en
milieu rural, gardent une vision plus traditionnelle de la
pharmacie. Ils sont peu réceptifs au libre accès et
continuent de faire confiance au conseil du pharma-
cien.
un statut à
valoriser
Les industriels du médicament d’automédication s’in-
surgent contre l’appellation du SMRI (Service Médical
Rendu Insuffisant), qui légitime les déremboursements
décidés par la Haute Autorité de Santé (HAS). En effet,
l’appellation de SMRI est une notion ambiguë qui
donne une connotation négative au déremboursement
et sème le doute chez le consommateur. L’AFIPA vou-
drait, au contraire, dissocier l’efficacité d’un médica-
ment de son remboursement en instituant la notion de
« service médical rendu non remboursable ».
EM
n°37 Novembre/Décembre 2011
(5)
Et les prix ?
dans ce marché peu dynamique de l'automédication, les
prix restent sages. en 2010 en effet, le prix moyen d’auto-
médication est resté quasi stable (+ 0,4%). il confirme la
tendance observée en 2009 (+ 1%) et 2008 (+ 0,2%). La
médication familiale stricte suit la même progression, avec
un prix moyen de 5,63 euros. quant au semi-éthique, qui
affiche un prix moyen de 2,50 euros, il n’a pas bougé d’un
iota par rapport à 2009.
Le saviez-vous ?
en moyenne, plus de 70% des français ne connaissent pas
les prix des médicaments d'automédication ? Même parmi
ceux pour lesquels le prix est important, moins de 25%
comparent les prix des médicaments d'une officine à une
autre. est-ce parce que quand “le mal” est là on veut être
soulagé rapidement tout simplement ?