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diabète et hyper-
tension artérielle
La durée de sommeil semble aussi avoir une influence
sur le diabète de type 2. La restriction partielle de som-
meil entraînerait des altérations dans la régulation du
métabolisme glucidique.
Mais ce n’est pas tout. Une durée de sommeil supé-
rieure ou inférieure à une valeur médiane de 7 à 8
heures est associée à une prévalence accrue d’hyper-
tension artérielle, en particulier pour une durée de
sommeil inférieure à 6 heures..
influence du stress
Un environnement stressant ou un mode de vie chao-
tique peuvent engendrer des troubles du sommeil (cau-
chemars, insomnies, somnambulisme…). Le mal-être
qui résulte de troubles du sommeil chroniques (sensa-
tion de fatigue, tension musculaire, troubles de la
mémoire, de l’humeur, diminution de la concentration,
etc...) gêne en effet l’insomniaque dans son travail et
l’incite à adopter une position en retrait dans sa vie
sociale et familiale. Si aucun lien de cause à effet n’a
été établi entre l’insomnie, la morbidité et la longévité,
il existe une relation évidente avec l’anxiété. Parmi les
plaintes d’insomnie, 33% seraient en rapport avec un
trouble anxieux.
vigilance et acci-
dents de la route
L’assoupissement est la première cause de mortalité sur
la route. Entre 10 et 20% des accidents de la circulation
sont attribués à une somnolence lors de la conduite
automobile. Une durée de sommeil inférieure à 5 heures
multiplie par 3 le risque accidentel.
Les deux tranches horaires les plus dangereuses, quand
on est au volant, sont entre 2 et 5 heures du matin et
entre 13 et 16 heures, moments de la journée caracté-
risés par une diminution de la vigilance.
La somnolence comportementale affecte en priorité les
sujets jeunes, d’une part à cause d’une exposition
importante à la conduite nocturne mais aussi à cause
d’une plus grande vulnérabilité que les sujets d’âge
moyen au manque de sommeil.Notons aussi qu’environ
6 à 8% des accidents de la circulation sont attribuables
à la consommation de psychotropes.
Manque de som-
meil chez l’enfant
Chez l’enfant, les troubles du sommeil ont un retentis-
sement psycho-socio-familial. Les effets du manque de
sommeil peuvent avoir des répercussions importantes
sur son comportement. Des études menées chez des
lycéens montrent que la liste des effets nocifs est
longue : des troubles de l’humeur à la fatigue, en pas-
sant par les troubles de la mémoire, les troubles sensi-
tifs, visuels, de la pensée ou de la libido.
Un trouble peu connu est la modification du comporte-
ment semblable à celle entraînée par l’alcool. Un
manque de sommeil d’environ 20 heures est équivalent
à une alcoolémie de 0,5 g/l !
Chez l’adolescent, l’irritabilité, l’instabilité psychomo-
trice, l’euphorie (inconscience des risques encourus)
sont des facteurs d’échec scolaire, de désocialisation et
des sources d’accidents.
Il ne faut pas négliger les troubles du sommeil à l’ado-
lescence. Non pris en charge, ils peuvent être à l’origine
de troubles sévères à l’âge adulte. La prévention
consiste en la prise de conscience par l’adolescent des
risques qu’il court et en la modification des habitudes
en respectant quelques règles simples d’hygiène de vie.
alimentation
Les troubles du sommeil peuvent engendrer des trou-
bles du comportement alimentaire. Le syndrome de
boulimie nocturne est défini comme une insomnie avec
des éveils nocturnes répétés et l’impossibilité de
retrouver le sommeil sans avoir mangé. La personne
peut aussi ne pas être consciente, elle souffre alors
d’épisodes de somnambulisme accompagnés de prise
alimentaire. Ces deux pathologies assez proches sur-
viennent dans trois quarts des cas chez la femme. La
moitié des sujets atteints ont un surpoids, voire une
obésité. Chez ces personnes, on retrouve systématique-
ment des facteurs favorisants (prise de certains médi-
caments, de drogues ou d’alcool ou sevrage brutal). Un
bilan psychologique est indispensable chez ces per-
sonnes, en raison de la grande fréquence des troubles
anxieux, des troubles de l’humeur et des conduites
addictives. Le stress est un facteur favorisant reconnu.
Un véritable cercle vicieux peut s’instaurer. Sur le plan
épidémiologique, plusieurs études ont retrouvé une
association entre la diminution du temps de sommeil et
l’augmentation de l’indice de masse corporelle. Il est
démontré l’existence d’une relation inverse et statisti-
quement significative entre durée de sommeil rappor-
tée et obésité. Les sujets rapportant des durées de
sommeil supérieures à 9 heures avaient moins de risque
d’obésité que ceux qui rapportaient une durée de som-
meil inférieure à 6 heures par nuit.
travail
L’insomnie a des conséquences professionnelles. Des
études en Ile-de-France ont montré qu’il y a deux fois
plus d’arrêts de travail chez les insomniaques.
L’insomnie altère la qualité du travail. 44% des insom-
niaques déclarent avoir commis des erreurs au travail.
Ils s’estiment également moins efficaces, pensent qu’ils
ont une capacité d’innovation moins élevée, se consi-
dèrent moins reconnus et estiment leur progression
professionnelle moins bonne que celle des bons dor-
meurs.
EM
n°38 février / mars 2012
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