enquête
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EM
n°40 août / septembre 2012
s
i la douleur est une des plaintes fréquemment rencon-
trées en médecine, elle n’en est pas moins l’une des
plus difficiles à prendre en charge en raison du grand
nombre d’étiologies possibles, de la variété des réac-
tions individuelles et des facteurs subjectifs qui l’in-
fluencent. Toutes ces variations dépendent de très
nombreux facteurs tels que l’âge, le sexe, la culture et
les seuils de sensibilité, variables chez les individus. La
douleur a des répercussions sur l’ensemble de la per-
sonne et l’expérience qu’elle en a est très globale et
subjective.
En France, la douleur constitue l’un des premiers motifs
de consultation et l’une des priorités de santé pour
54 %
des français. Une personne sur 5 souffre de dou-
leurs chroniques modérées à intenses et 64 % des per-
sonnes recevant un traitement rapportent être modéré-
ment soulagées sur le long terme (source : Pain
Proposal 2010).
De 1998 à 2010, trois plans nationaux de lutte contre
la douleur se sont succédés en France et la loi de 2002
relative aux droits des malades et à la qualité des soins
consacre le soulagement de la douleur comme un droit
fondamental des personnes. Le dernier de ces plans
(2006-2010)
reconnaît la nécessité de mieux prendre
en charge les douleurs chroniques en tant que sources
de handicap, de dégradations majeures de la qualité de
vie et de coûts importants pour la société. En 2007, le
Plan pour l’amélioration de la qualité de vie des per-
sonnes atteintes de maladies chroniques a souligné
que la prise en charge de la douleur était la première
attente des associations de patients. Des recommanda-
tions de la Haute Autorité de Santé ont été élaborées
par la suite en 2008.
plan anti-douleur :
et de quatre !
Pourtant, les efforts réalisés s’avèrent encore insuffi-
sants. Et c’est pour cette raison que le Haut Conseil de
la Santé Publique a émis en mai 2011 des recomman-
dations pour un 4
ème
plan anti-douleur, parmi les-
quelles : mieux impliquer la médecine de ville dans la
prise en charge, mieux former et sensibiliser les pro-
fessionnels de santé, informer davantage le public,
prêter attention aux personnes vulnérables (enfants,
handicapées et souffrant de maladies psychiatriques).
La dynamique doit se poursuivre avec ce nouveau plan
pour l’amélioration de la prise en charge et une colla-
boration effective interprofessionnelle et inter-
réseaux. L’objectif est d’améliorer la qualité de vie des
personnes présentant une douleur chronique, partant
du principe que toute douleur exprimée doit être
entendue et suivie d’un traitement adapté. La prise en
charge de la douleur en France est encore celle d’une
pratique fondée sur l’expérience, alors qu’elle doit
reposer sur la formation et la coordination.
Dans ce quatrième plan, trois sujets paraissent priori-
taires : « améliorer la prise en compte de la douleur
La prise en charge de la douleur est une priorité de santé publique.
Même après trois plans de lutte contre la douleur, d’importants progrès
restent à faire pour soulager nos concitoyens. Cela passe en particulier
par l’amélioration de la coopération avec les associations de patients,
les réseaux de soins et le développement de l’éducation thérapeutique.
par le docteur Rémy Clément
La douleur
une affaire
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