Page 14 - EM30_book

Version HTML de base

actualités
(12)
EM
n°30 février/mars 2010
Alzheimer
d’une
régression
Par le Docteur Tom Jiel
Voilà plusieurs années que cette maladie tient tête aux chercheurs du
monde entier.Mais l’espoir vient, en autres, d’une équipe de chercheurs
de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale),
qui, tout récemment, vient de mettre en évidence l’activité d’une protéine
naturelle qui pourrait permettre le traitement de la maladie.
les
promesses
© Marzanna Syncerz - Fotolia.com
Rappel sur la maladie
Plus de 850.000 personnes sont atteintes de cette mala-
die. Elle représente 6% des personnes âgées de plus de
65 ans. Elle correspond à une forme de démence dont la
cause est une dégénérescence nerveuse liée l’évolution
de lésions histologiques cérébrales. Il existe des formes
à début précoces plutôt d’origine génétique (à partir de
50 ans) et des formes à début tardif (plus de 60-80 ans).
Elle ne doit pas être confondue avec de simples
phénomènes d’oublis qui sont une composante
normale de l’activité humaine, si l’on a conscience
de ces oublis. La maladie, elle, se caractérise par
les quatre « A » : Amnésie (affaiblissement de la
mémoire), Aphasie (troubles du langage), Apraxie
(difficultés à effectuer certains gestes) et l’Agnosie
(perte de la reconnaissance des objets ou des
personnes).
L’impact social et affectif est énorme. L’invalidation
des malades est difficile à supporter par l’entourage,
affectivement, physiquement et même financièrement.
La fréquence de la maladie semble augmenter du fait
de l’élévation de l’âge moyen de la population, et, par
ailleurs, le diagnostic est de mieux en mieux réalisé.
On ne peut pas vraiment parler d’épidémie toutefois.
Depuis 2008, un protocole permet un diagnostic
précoce de la maladie. Dès que les troubles mnésiques
deviennent très gênants dans la vie quotidienne ou
professionnelle, il faut aller consulter. Un appareillage
moderne (un scanner à positons) permettrait de mettre
en évidence des anomalies anatomiques dans la
structure du tissu nerveux.
Selon une étude récente de l’INPES, la perception de la
population française est majoritairement négative quant
au traitement de la maladie. En effet, aujourd’hui,
l’arsenal thérapeutique permet soit de ralentir la
maladie, soit d’améliorer certaines composantes, mais en
aucun cas de la faire régresser, ou, ce qui serait mieux,
de la traiter définitivement.
En quoi consiste la
découverte
C’est dans la Grande Salle des séances de l’Académie des
sciences de l’Institut de France à Paris que le Professeur
Etienne-Emile Baulieu a annoncé le 26 janvier 2010, les
résultats des travaux de son équipe. Le Professeur
Baulieu est connu mondialement pour ses études sur les
stéroïdes. Il est celui qui a découvert et a mis au point
l’utilisation du RU486 (ou mifépristone) plus connu sous
le pseudonyme de « pilule du lendemain », utilisé aussi
pour provoquer un avortement médicamenteux. Il a
également fait connaître mondialement la fameuse DHEA
(Dé-Hydro-Epi-Androstérone) ou « hormone de
jouvence » dont la sécrétion diminue rapidement
à partir de 35 ans.
Les chercheurs de l’unité INSERM 33 du CHU Kremlin-
Bicêtre ont conduit des études destinées à comprendre le
rôle d’une protéine, appelée TAU, dans le tissu nerveux.
La protéine TAU possède un rôle important dans le
fonctionnement des neurones. Mais sous une forme
altérée, elle encombre « l’espace neuronal » en se
rigidifiant et en s’accumulant formant un « buisson ».