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enquête
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EM
n°30 février/mars 2010
A
vec une moyenne de 10,8 litres d’alcool pur par
habitant et par an (Source : INPES, OFDT), les ventes
d’alcool en France restent parmi les plus élevées
d’Europe. Si l’on regroupe les consommations
quotidiennes et hebdomadaires, dès l’âge de 20 ans,
plus d’un français sur 2 consomme de l’alcool au
moins une fois par semaine. Cette habitude est
surtout masculine (environ 7 hommes sur 10 contre
4 femmes sur 10). Cependant, cette consommation
hebdomadaire cède le pas à la consommation
quotidienne pour les générations les plus âgées.
La plupart des études épidémiologiques effectuées
auprès des personnes ayant une alcoolo-dépendance
montrent une sur-représentation masculine, une
sur-représentation de la tranche d’âge des
30-50 ans, des difficultés d’adaptation sociale et
des conditions de vie difficiles. De nombreuses
personnes alcooliques vivent seules, sans emploi, ont
des difficultés relationnelles avec leurs proches.
A l’inverse, un niveau d’étude élevé, un emploi stable,
une vie en couple, l’absence de problème judiciaire
et de précarité sociale sont des facteurs qui
influencent favorablement une rémission spontanée
de l’alcoolo-dépendance dont le taux est compris
entre 10 et 20%.
L’alcool, un danger
mortel
La cirrhose alcoolique, les psychoses alcooliques et les
cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS)
constituent les trois causes principales de mortalité liée
à une consommation excessive d’alcool. L’alcool joue
également un rôle causal dans de nombreux autres décès
(accidents, suicides, autres cancers…).
En un peu plus de 20 ans, le nombre annuel de décès liés
à ces trois causes a chuté de plus de 10 000 (source :
OFDT). Cette baisse a surtout concerné les hommes dont
la mortalité liée à l’alcool est environ 4 fois plus
importante que celle des femmes. Ce nombre de décès
est d’environ 20 000, sans compter ceux par accidents
sous l’emprise de l’alcool. C’est seulement après 45 ans et
pour des consommations modérées que les études ont
mis en évidence un effet protecteur de l’alcool sur la
survenue de maladies cardiovasculaires.
Par rapport aux hommes, les femmes sont touchées plus
rapidement et plus sévèrement par certaines pathologies
liées à l’alcool, la cirrhose notamment. Les femmes
enceintes et les personnes souffrant d’une hépatite virale
sont particulièrement vulnérables.
Il existe de fortes disparités régionales concernant la
mortalité liée à la consommation d’alcool. De ce point de
vue, notre pays est coupé en deux, la moitié nord étant
beaucoup plus frappée que la moitié sud : le taux de
mortalité lié à la consommation excessive d’alcool
est 3 fois supérieur chez les hommes et près de
5 fois supérieur chez les femmes dans le Nord-Pas-de-
Calais par rapport à la région Midi-Pyrénées
(source : Inserm). Il existe aussi des disparités
importantes de mortalité selon les différentes catégories
socioprofessionnelles : les ouvriers et les employés
meurent 10 fois plus d’alcoolisme, de cirrhose et de
cancers des VADS que les cadres supérieurs et les
professions libérales.
L’alcoolisme est un véritable fléau en France.On estime à environ un million
le nombre de sujets dépendants à l’alcool et à trois millions
le nombre de personnes ayant un usage nocif d’alcool.
Etat des lieux sur les pratiques, abus et dépendances.
Par le Docteur Rémy Clément
L’alcoolisme
bien
Un
mal
français
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