Page 6 - EM31_book

Version HTML de base

enquête
(4)
EM
n°31 mai/juin 2010
C
hacun le sait : les aliments assurent notre survie, la crois-
sance de l’enfant jusqu’à l’âge adulte, la fécondité et la
reproduction, empêchent la formation de nombreuses
pathologies liées à la malnutrition, bref, entretiennent
notre forme physique… sans compter le bénéfice moral.
Quoi de plus réconfortant que de se retrouver en bonne
compagnie autour d’une table aussi agréable que gastro-
nomique ! Le rôle des aliments et des comportements
alimentaires sur les performances physiques et intellec-
tuelles, sur la résistance aux infections ou encore dans
la lutte contre le vieillissement est communément admis.
Dans nos sociétés industrialisées, chaque époque est
caractérisée par un rapport particulier entre la santé et
l’alimentation. Celui-ci est lié à des facteurs comme les
progrès technologiques, la place de l’individu dans la
société, la représentation de la santé…
Déjà, les années soixante-dix prônent la réduction de la
consommation alimentaire pour garder la ligne. Puis, les
années quatre-vingt marquent l’irruption des produits
allégés. Les années quatre-vingt-dix privilégient la forme
et la santé en valorisant l’information nutritionnelle sur
les produits (fibres dans les céréales, acides gras
poly-insaturés dans les margarines…) et les enrichis-
sements en vitamines et minéraux. Les années deux
mille marquent l’avènement des produits bio.
Depuis près d’une quinzaine d’années, des
communications d’un nouveau type se multiplient.
Elles visent à informer le consommateur du rôle d’un
nutriment ou d’un ingrédient dans le fonctionnement
normal de l’organisme : propriétés antioxydantes,
transit intestinal, défense de l’organisme…
Ce concept d’aliment santé recouvre en fait des réalités
très diverses. Un aliment peut revendiquer une allégation
santé sans nécessiter de modification au niveau de sa
production, de sa transformation ou de sa consommation
habituelle. Tel est le cas par exemple de certaines
eaux minérales naturellement riches en calcium, en
magnésium… Le plus souvent, l’aliment va être modifié
en vue d’optimiser ses propriétés favorables à la santé.
Pour cela, il est possible d’éliminer des composants dont
les effets peuvent être négatifs. Une autre approche
consiste à augmenter la concentration ou à ajouter un
composant doté d’une propriété recherchée, comme un
minéral (calcium, magnésium, fer), une vitamine (bétaca-
rotène, vitamine E…), un acide gras essentiel…
Ainsi, après avoir développé des gammes de produits
allégés, en retirant des substances perçues comme
nocives (matières grasses, sucre), les industriels de
l’agroalimentaire se sont mis à proposer des aliments
enrichis en éléments considérés comme bénéfiques pour
la santé, d’abord au rayon diététique, puis aujourd’hui
dans l’ensemble des gammes de produits alimentaires
(y compris en nutrition animale). Le marché des aliments
santé s’est longtemps cantonné aux yaourts. L’extension
s’est ensuite effectuée vers les céréales pour petit
déjeuner, les jus de fruits, le lait, les huiles. Les
innovations de l’agro-alimentaire n’ont pas de frontières.
Des plats mijotés à la maison aux aliments « allégés » ou « enrichis »,
la nourriture a toujours été un sujet de préoccupation pour la santé.
Depuis plusieurs années, les produits transformés s’appuient sur l’argument
santé et prennent une part importante dans notre alimentation, qui, plus
que jamais, reste notre première médecine.
Par le Docteur Rémy Clément
Alimentation
pour
la
et
santé
vie
© Brek ristoranti - Fotolia.com