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n°33 novembre/décembre 2010
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Une maladie
silencieuse et trop
longtemps ignorée
Ces estimations épidémiologiques ont une explication :
la perte osseuse se développe sans faire parler d’elle.
La diminution et l’altération de la masse osseuse se
font de façon progressive. Aux premiers stades, il n’y a
ni symptômes ni signes alarmants. Par sa nature même,
la maladie tend à être sous-diagnostiquée et sous-esti-
mée. Sans ostéodensitométrie (mesure de la densité
osseuse par absorptiométrie biphotonique à rayons X),
un simple examen ne suffit pas à évaluer la masse
osseuse. Sans radiographie, les douleurs du rachis sont
rarement rapportées à une fracture vertébrale…
Irréversibles, les fractures vertébrales multiplient par
3 à 11 le risque de nouvelle fracture vertébrale et mul-
tiplient par 2 le risque de fracture du col du fémur.
Signal d’alarme marquant la gravité de l’ostéoporose,
elles peuvent être à l’origine de graves altérations de
la qualité de vie (douleurs chroniques, déformations du
rachis, incapacités fonctionnelles).
Attention ! Il existe des tassements vertébraux très
peu douloureux qui vont évoquer à tort des douleurs
en rapport avec une arthrose.
Une maladie que
l’on peut prévenir
Prévenir l’ostéoporose, c’est agir tôt, par une bonne
hygiène de vie et une activité physique, indispensable
à tous les âges de la vie. L’exercice physique entretient
le capital osseux. On en a pour preuve les cosmonautes
de la station Mir, chez qui on a observé une perte
osseuse du tibia en moyenne de 5% après 6 mois
d’apesanteur.
La prévention thérapeutique par le traitement hormo-
nal substitutif (THS) vise à compenser la carence en
estrogènes. En effet, la découverte de récepteurs
estrogéniques dans le tissu osseux a permis de mieux
comprendre les mécanismes de protection et de
régénération de l’os par les estrogènes. Ils maintien-
nent ainsi un équilibre entre formation et destruction
de l’os.
En dehors du THS, d’autres médicaments sont efficaces
dans l’ostéoporose, comme les biphosphonates qui
agissent en ralentissant l’activité des ostéoclastes
(cellules responsables de la résorption osseuse) ou les
modulateurs sélectifs des récepteurs aux estrogènes.
De nombreuses études ont également montré l’intérêt
d’apports calciques et protéiques adéquats, y compris
à un âge avancé. En dehors des médicaments, l’impor-
tance de l’alimentation dans l’acquisition du capital
osseux et sa conservation a ouvert la voie d’une
véritable prévention de cette pathologie du troisième
âge. Des enquêtes concluent que des apports calciques
insuffisants sont essentiellement liés à une consomma-
tion trop faible de produits laitiers, associée dans
la population âgée à une réduction de l’apport
nutritionnel global. A noter que pour satisfaire les
besoins quotidiens en calcium, il est recommandé de
consommer au moins un produit laitier par repas.
Avec l’augmentation de la durée de la vie, l’ostéopo-
rose peut exiger d’être traitée sur une longue durée,
quasiment trentenaire. De plus en plus, les rhumato-
logues seront amenés à prescrire des séquences
thérapeutiques, où les médicaments prendront le relais
les uns des autres en fonction de l’âge des patientes,
pour prévenir le risque de fracture.
Les moyens alimen-
taires pour lutter
contre l’ostéoporose
Il faut tout d’abord veiller à avoir un apport calcique
suffisant. Les principales sources alimentaires de
calcium sont les produits laitiers (yaourts, fromages
blancs, fromages, entremets, etc.) et certaines eaux
minérales dont la teneur en calcium est supérieure à
200 mg/l (ex : Contrex, Hépar,…).
Il faut également une alimentation peu salée, un bon
apport en vitamine D, vitamine indispensable à
l’absorption du calcium par l’intestin et à la minérali-
sation osseuse (huiles de foies de poissons, poissons
gras, jaune d’œuf, beurre, foies d’animaux,
fromages…) mais le mieux est encore de s’exposer au
soleil à la belle saison (la vitamine D3 est surtout
synthétisée par la peau sous l’effet des rayons ultra-
violets). Enfin, il faut éviter les excès de protéines
animales.
Il faut y penser :
• en cas de fracture : fracture du poignet, tassement
vertébral, fracture du col du fémur après un trauma-
tisme minime ;
• en cas de perte de taille importante, de douleurs ou
de déformations de la colonne vertébrale ;
• lorsqu’il y a des facteurs de risque d’ostéoporose en
particulier au moment de la ménopause ;
• chez la personne âgée souvent carencée en calcium
et en vitamine D, dont l’activité physique est très
réduite et qui risque de chuter ;
• en cas de « pâleur » des os sur les radiographies (les
radiologues utilisent souvent le terme de déminéralisa-
tion osseuse) ;
• en cas de maladie ou de médicaments favorisant
l’ostéoporose (traitement prolongé par la cortisone
et/ou à fortes doses, héparine au long cours, anti-
convulsivants…).
Quand penser à
l’ostéoporose ?