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n°34 Mars/Avril 2011
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cicatrisation du zona sont dénommées douleurs post-
zostériennes. Leur retentissement est parfois considérable
sur la qualité de vie. Leur incidence augmente avec l’âge :
50% des cas à 50 ans, plus de 70% au-delà de 70 ans.
L’existence de douleurs avant l’éruption, l’intensité des
douleurs à la phase initiale et la gravité des lésions
cutanées sont des facteurs prédictifs de la survenue de
douleurs post-zostériennes. Le zona ophtalmique est une
localisation particulière. On l’observe surtout chez l’adulte
au-delà de 50 ans. Ce zona est source de douleurs
post-zostériennes souvent prolongées et de complications
oculaires fréquentes et parfois graves. Certaines séquelles
sont susceptibles d’aboutir à une perte anatomique
de l’œil ou de compromettre de façon irréversible la vision.
Un examen ophtalmologique doit être systématiquement
réalisé en cas de zona ophtalmique qui s’étend sur l’aile du
nez, d’œdème palpébral, de baisse de l’acuité visuelle,
de sensation de chaleur au niveau conjonctival et
d’immunodépression.
Combattre le virus
et les douleurs
Divers facteurs sont importants pour apprécier la gravité
potentielle de la maladie : la localisation du zona, le
terrain (immunodépression surtout) et l’âge. Lors de la
mise en route d’un traitement, il faut toujours tenir
compte de l’importance relative de ces divers points.
Un traitement dont le seul mérite est de diminuer
significativement le nombre de vésicules, sans agir ni sur
les douleurs ni sur les complications potentielles, n’aurait
qu’un intérêt pour le moins limité dans les formes banales.
Par ailleurs, le traitement du zona ne se limite pas aux
seuls antiviraux.
Les buts du traitement dans le zona sont dans l’ordre
décroissant de priorité :
- sauver la vie du malade si elle est en danger ;
- éviter les complications neurologiques ou oculaires ;
- soulager la douleur en phase aiguë (qui peut être
extrêmement violente) et éviter les douleurs post-
zostériennes ;
- éviter la généralisation de l’éruption ou la surinfection
bactérienne ;
- diminuer la durée de l’éruption cutanée.
A la phase aiguë du zona, les soins des lésions cutanées
sont assez élémentaires : le lavage biquotidien à l’eau
et au savon est suffisant. Les crèmes antibiotiques ou
antivirales n’ont aucune indication. Une antibiothérapie
générale peut être prescrite en cas de surinfection
cutanée. Si celle-ci est très localisée, une pommade
antibiotique suffit. La prévention de la surinfection
cutanée repose sur l’utilisation de chlorhexidine en
solution aqueuse. L’usage de crèmes ou pommades anti-
prurigineuses, antihistaminiques ou anti-inflammatoires
n’est pas conseillé.
Indiqué dans le zona ophtalmique, le zona des sujets de
plus de 50 ans et le zona de l’immunodéprimé quel que
soit son âge, le traitement antiviral (action virostatique
de l’aciclovir, du valaciclovir, du famciclovir) n’est efficace
que s’il est débuté dans les trois premiers jours de
l’éruption. Dans ces indications, l’efficacité du traitement
antiviral a bien été démontrée sur la prévention des
complications oculaires et neurologiques.
Outre ces trois indications, le traitement antiviral est
instauré quand il existe des facteurs prédictifs d’évolution
vers des douleurs post-zostériennes.
Les douleurs d’intensité modérée à intense doivent être
traitées par des antalgiques adaptés du type association
de paracétamol-codéine ou tramadol prescrits par le méde-
cin. Si les douleurs persistent ou sont intolérables, la mor-
phine est indiquée.
Le traitement local du zona ophtalmique est une affaire de
spécialistes.
Concernant le traitement des douleurs post-zostériennes,
les antalgiques mineurs n’ont qu’une efficacité très limi-
tée. La prise en charge est différente de celle des douleurs
à la phase aiguë. Quand il existe un « fond douloureux »,
c’est-à-dire une douleur quasi permanente et sourde,
le traitement de choix fait appel à d’autres molécules
(appartenant à la famille des antidépresseurs). De même,
quand les douleurs sont paroxystiques, à type de décharge
électrique, c’est une molécule anti-convulsivante qu’il faut
utiliser.
D’autres approches thérapeutiques peuvent être évoquées
et tentées dans les algies post-zostériennes rebelles
aux thérapeutiques conventionnelles. Par exemple, la
neurolyse chirurgicale et l’acuponcture.
En cas d’inefficacité de ces différents traitements, la prise
en charge doit faire appel à des spécialistes de la douleur
car ces douleurs peuvent, par leur chronicité, retentir sur
l’état général de patients souvent âgés.
Faut-il vacciner les
enfants contre la
varicelle ?
Le vaccin contre la varicelle est un vaccin à virus vivant
atténué qui n’est pas obligatoire en France. L’intérêt
du vaccin a, cependant, été souligné par les études.
La vaccination peut être proposée chez les enfants à
partir de 12 mois et chez les adultes indemnes. Elle est
contre-indiquée en cas de grossesse. Chez l’enfant de
moins de 12 ans, l’injection d’une dose vaccinale unique
est bien tolérée et confère une bonne protection. Au-delà
ce cet âge, deux injections sont nécessaires. La France
n’est pas favorable à la généralisation de la vaccination en
raison de la bénignité de la varicelle.
Le vaccin est proposé en préventif chez des enfants
immunodéprimés avant la baisse trop importante du
système immunitaire, avec une extension à la fratrie et au
personnel soignant en contact avec ces enfants. Ce vaccin
vivant peut être responsable de varicelle et/ou de zona. De
la fièvre et une éruption de quelques boutons peuvent sur-
venir. Aucun médicament à base d’aspirine ne doit être
administré pendant les 6 semaines qui suivent l’injection.
En cas de fièvre, privilégier le paracétamol.