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EM
n°34 Mars/Avril 2011
produit
un
?
consommation
Le
médicament
de
actualités
Par le Docteur Tom Jiel
L'actualité démontre une fois de plus les dangers de la banalisation du
médicament, à tous les niveaux : industriel,médical, officinal et surtout
du malade devenu un client... Pourtant tous les médicaments sont définis
en pharmacologie et en physiologie comme un poison : une substance
introduite dans l’organisme capable de provoquer des troubles.Tout est
donc question de dose et de bonne utilisation.
Le talc Morhange
En 1972, des nouveaux nés meurent sans raisons parti-
culières. Des investigations conduisent à mettre en cause
un talc contenant un puissant bactéricide, l’hexachloro-
phène. Le drame vient d’une confusion entre des bidons
de talc et des bidons de bactéricide entrainant une
concentration finale hautement toxique et mortelle pour
des nourrissons. Or l’hexachlorophène était connu pour
sa toxicité. Bien que le gouvernement de l’époque ait
réagi rapidement, le drame était installé.
Par la suite, un renforcement de la règlementation a été
établi afin de contrôler la mise sur le marché de produits
toxiques dans les cosmétiques.
L'affaire du « sang
contaminé »
Dès 1985, une nouvelle technique de chauffage des pré-
lèvements sanguins permet de neutraliser le virus du
SIDA. Cette technique est appliquée aux nouveaux prélè-
vements, mais pas aux stocks existants qui a continué à
être « écoulé » pour des raisons économiques. Jusqu’en
1991 le Centre National de Transfusion Sanguine délivre
sciemment du sang « à risque » contaminé par le virus
du SIDA aux hémophiles (dépendants du don de sang
pour bénéficier des facteurs de coagulation qui leur font
défaut).
La grippe A-H1N1
2009. Le principe de précaution ayant prévalu, il a été
commandé par le Ministère de la Santé des stocks de vac-
cins en quantité importante destinés à permettre une
vaccination à grande échelle de la population française
afin d’enrayer tout risque épidémique dont les consé-
quences sur le plan sanitaire mais aussi économique
auraient été désastreuses. Or il n’a pas été observé de
mutation pathogène du virus. L’épidémie attendue n’a
pas eu lieu. Les critiques fusent alors de toute part, fon-
dées sur une approche essentiellement politique et éco-
nomique. Mais si le virus avait subi une mutation très
virulente, et que le stock de vaccins eut été insuffisant
pour enrayer une épidémie galopante, ne serions nous
pas tombé dans le même travers que dans les autres
scandales, dont le seul critère économique a prévalu sur
la santé de la population ?
L’affaire du
Mediator
®
2010. L'actualité sur le Médiator® donne toute la dimen-
sion occupée par la banalisation du médicament. Il y
a pourtant eu d'autres scandales que nous venons
d’évoquer : le sang contaminé, le talc Morhange etc...
A contrario, il serait puéril de condamner par amalgame
toute l'industrie pharmaceutique, ou tout le corps médi-
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