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EM
n°35 Juin/Juillet 2011
dossier
obligatoire
une
vaccination
reste
Par le Docteur Rémy Clément
La
diphtérie
qui
Si la diphtérie a pratiquement disparu en France, elle existe encore dans le
monde. Obligatoire pour les enfants et les professionnels de santé, la vaccina-
tion est recommandée à tout adulte voyageant dans une zone à risque. Si le
taux de couverture vaccinal est excellent chez le nourrisson et les rappels
recommandés jusqu’à 18 ans, une grande partie de la population adulte reste
mal protégée, en particulier les personnes de plus de 40 ans.
© Elena Pankova - Fotolia.com
L
a diphtérie est due à l’action de la toxine du bacille,
Corynebacterium diphteriae, qui se transmet par l’inter-
médiaire des écoulements rhinopharyngés. Mortelle
dans 5 à 10% des cas, elle est présente de manière
endémique au niveau mondial. La diphtérie sévit
surtout dans les pays d’Europe de l’Est. D’autres régions
restent endémiques comme le Sud-Est asiatique et, à un
moindre degré, l’Amérique du Sud.
Le risque de diphtérie est donc plus élevé lors
de voyages dans un pays d’endémie en l’absence de
vaccination. En conséquence, dans tous les cas, et
notamment en cas de déplacement dans ces zones à
risque, le voyageur doit s’assurer que sa vaccination
contre la diphtérie est à jour.
La clinique
La diphtérie est une maladie à déclaration obligatoire.
Contagieuse, le mode de transmission se fait par voie
aérienne lors de contacts directs avec des malades ou des
porteurs sains. Elle se manifeste le plus souvent par une
angine d’incubation courte (deux à cinq jours) à « fausses
membranes » blanchâtres, crèmes ou grisâtres, adhérentes
au niveau des amygdales et asymétriques. Ces membranes
sont bordées d’une zone inflammatoire sur les amygdales
ou au niveau du pharynx. Elles peuvent atteindre le
nasopharynx, le larynx, voire l’ensemble de l’arbre
trachéo-bronchique. C’est une angine peu fébrile, associée
à une tuméfaction du cou (ganglions cervicaux bilaté-
raux), une céphalée, un coryza unilatéral, une pâleur et
de la tachycardie.
Les sujets revenant d’une zone d’endémie ou aux condi-
tions de vie précaires sont les plus exposés. Le risque
de gravité est surtout lié à la diffusion myocardique de la
toxine sécrétée par le bacille. Des troubles du rythme
ou une insuffisance cardiaque aiguë peuvent en résulter.
La maladie, peu immunisante, peut être mortelle.
L’infection des voies respiratoires supérieures peut
conduire à la paralysie du système nerveux central ou bien
du diaphragme et de la gorge entraînant la mort
par asphyxie. C’est pourquoi on parle pour le bacille
diphtérique de toxine neurotrope. Aussi, un cas confirmé
nécessite, outre l’isolement précoce du patient, la mise en
route urgente d’une antibiothérapie et d’une sérothérapie.
Toutes les personnes ayant été dans les sept jours
précédents en contact rapproché avec un malade doivent,
entre autres, subir le plus tôt possible une antibioprophy-
laxie et une injection de vaccin.