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n°35 Juin/Juillet 2011
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Le traitement
L’objectif thérapeutique est d’éradiquer le germe siégeant
au niveau des amygdales par l’instauration d’une antibio-
thérapie adaptée (antibiotique, par voie injectable dans
un premier temps), de prévenir l’intoxication par l’admi-
nistration d’un sérum antidiphtérique, et enfin d’éviter la
contamination de l’entourage.
L’antibiothérapie est instaurée de façon systématique
devant toute suspicion d’angine diphtérique. Mais, comme
dans tout contexte infectieux, la mise en route de ce
traitement n’est réalisée qu’une fois les prélèvements
bactériologiques effectués.
Le patient subit un isolement respiratoire pendant toute la
durée du traitement antibiotique et jusqu’à 24 heures
après. Tous les objets en son contact sont désinfectés.
Sous l’influence du traitement, l’évolution est rapidement
arrêtée, les fausses membranes se décollent et la gorge
retrouve un aspect normal en 48 heures.
Les sujets ayant été en contact reçoivent une injection
unique d’antibiotique. Elle est suivie d’une vaccination
systématique, sauf si le patient a déjà eu une vaccination
complète et que la troisième et dernière dose a été
administrée il y a moins d’un an.
La vaccination
La généralisation de la vaccination dans l’enfance a
conduit à la disparition des cas de diphtérie en France
depuis 1989. Après plus de 10 ans sans aucun cas notifié,
quatre cas d’infections (trois cas d’angine diphtérique et
un cas de diphtérie cutanée) ont été rapportés entre 2002
et 2010. Tous sont des cas importés chez des sujets
incomplètement ou non vaccinés. Aucun des cas n’est
décédé.
Pour plus d’efficacité, le vaccin est toujours combiné à
d’autres vaccins (tétanos, polio), à concentration normale
d’au moins 30 UI pour la primovaccination et les per-
sonnes de moins de 16 ans. A partir de 18 ans, on utilise
pour les rappels les vaccins à faible concentration (2UI),
en raison de la survenue d’une forte réaction locale si le
sujet a déjà été immunisé. En raison du risque d’hyper-
thermie, il est préférable également d’utiliser un vaccin à
valence réduite chez la femme enceinte pour les rappels de
vaccin contre la diphtérie.
La vaccination diphtérie-tétanos-poliomyélite peut être
pratiquée dès le deuxième mois : trois injections à un mois
d’intervalle suivies d’un rappel avant l’âge de 18 mois. Un
deuxième rappel a lieu à 6 ans, puis entre 11 et 13 ans, et
enfin à 18 ans. Pour les adultes, on recommande un rappel
tous les dix ans. Malheureusement, ce rappel est
souvent oublié : 40% de la population adulte n’est pas
correctement protégée contre la diphtérie, le tétanos et la
poliomyélite. Les études de séroprévalence, menées depuis
1998, montrent que les sujets âgés de 50 ans et plus en
France ont un titre d’anticorps non détectable ou inférieur
au seuil considéré comme protecteur.
Prévention et conseils
Quelque soit le type d’angine, virale ou bactérienne, l’atti-
tude thérapeutiques et les gestes de prévention restent
les mêmes. Une angine est une maladie contagieuse, aussi
un certain nombre de mesures d’hygiène et de bon
sens doivent être prises pour ne pas la transmettre à
son entourage :
- ne pas échanger les verres et couverts avec d’autres
personnes,
- éviter la promiscuité, surtout avec les enfants,
- penser à se laver les mains fréquemment,
- manger des mets liquides et légers tels que des soupes
et des purées. Ils sont faciles à avaler, lorsque la déglu-
tition est malaisée,
- s’abstenir de fumer,
- vivre dans des pièces dont l’atmosphère est humide et
non enfumée (utilisation d’un humidificateur au besoin),
- consulter rapidement en cas de suspicion d’angine
bactérienne ou d’absence rapide d’amélioration
après un premier traitement des symptômes par
automédication. Si les maux de gorge persistent ou
sont accompagnés d’une fièvre persistante, d’une
adénopathie, etc. la consultation d’un médecin
s’impose.
Outre Corynebacterium diphtheriae, deux autres
espèces de bactéries sont aptes à produire la toxine
diphtérique : Corynebacterium ulcerans et
Corynebacterium pseudotuberculosis.
L’infection à C. ulcerans est transmise par ingestion de
lait cru ou par contact avec des animaux de compagnie
qui ne présentent aucun symptôme. L’infection à C.
pseudotuberculosis est très rare et due à des contacts
avec des caprins, le plus souvent.
18 cas autochtones de diphtérie à C. ulcerans ont
été signalés en France depuis le début des années
2000. L’âge moyen était de 66 ans et 67 % des cas
étaient des femmes. Parmi ces 18 personnes, 13
avaient un animal domestique ou un contact avec
des animaux domestiques. Les très rares cas d’in-
fection à C. pseudotuberculosis sont des atteintes
ganglionnaires particulières (adénite nécrosante).
Deux autres espèces
en cause
D
A RETENIR
Primovaccination diphtérie-tétanos-polio à 2, 3
et 4 mois et rappel à 16-18 mois.
Rappels à 6 ans, 11-13 ans, 16-18 ans puis tous
les 10 ans.
D
RECONNAÎTRE LES VACCINS
- à concentration normale :
InfanrixTetra,
Infanrix Quinta, Infanrix Hexa, Pentavac,Tetravac
acellulaire, DT Polio.
- à concentration réduite :
Revaxis, Repevax,
Boostrixtetra