Page 13 - EM36_book

Version HTML de base

EM
n°36 Septembre/Octobre 2011
(11)
cateurs. Il se manifeste d’abord par une gêne à l’ouverture
de la bouche puis empêche l’alimentation et l’élocution
réalisant une contraction douloureuse permanente, invin-
cible, symétrique des muscles masticateurs. Il est respon-
sable d’un faciès caractéristique : mâchoire serrée, front
plissé, sourcils relevés, contracture des muscles peauciers
de la face, persistance de la mobilité des yeux…
Au stade suivant, la période d’état, la maladie se présente
sous un aspect dramatique. Les contractions musculaires
atteignent rapidement les muscles striés, généralisant les
contractures avec paroxysmes : la tête est rejetée en
hyperextension, le rachis est figé également dans cette
position (on peut passer la main sous le corps du malade
couché sur le dos). On observe pendant cette période une
contracture abdominale et une rétention d’urines.
L’atteinte des membres (inférieurs en extension, supé-
rieurs en flexion) est plus tardive (spasmes musculaires
généralisés, violents et douloureux). La répétition des
spasmes réalise un véritable état de mal tétanique enga-
geant le pronostic vital en raison du risque d’arrêt respira-
toire par spasme de la glotte ou contracture des muscles
respiratoires.
Pendant cette période, une tachycardie est fréquente ainsi
qu’une hyperthermie et une insomnie. L’affection retentit
donc sévèrement sur l’état général.
Le pronostic
L’évolution du tétanos non traité aboutissait jadis à la
mort rapide. De nos jours, sous traitement, l’évolution
reste grave, parfois mortelle, et il est nécessaire d’hospita-
liser le patient dans un service de réanimation spécialisé
pour prévenir et lutter contre les multiples complications
de la maladie. Les données épidémiologiques françaises
montrent que les décès surviennent principalement chez
les patients âgés de plus de 70 ans.
Le pronostic du tétanos est le plus souvent favorable. Des
séquelles sont toutefois possibles : calcifications muscu-
laires proches des articulations, rétractions tendineuses,
compressions nerveuses, séquelles de fractures vertébrales
ou des os longs, sténoses trachéales.
Le traitement
Dès la suspicion clinique de tétanos, le patient doit être
hospitalisé en réanimation pour une prise en charge symp-
tomatique et étiologique simultanée.
Le traitement symptomatique consiste à assurer une ven-
tilation correcte et à lutter contre les contractions muscu-
laires par administration d’un traitement myorelaxant type
Valium
®
­
.
En cas de tétanos isolé, sans paroxysme, l’administration
de ce médicament associée à une suspension de l’alimen-
tation orale peut être suffisante.
En cas de tétanos généralisé, la trachéotomie et la venti-
lation artificielle sont systématiques, associées à d’autres
médicaments en cas de persistance des paroxysmes.
Le traitement étiologique vise à éliminer la source de
toxine. Le traitement de la porte d’entrée de la bactérie
dépend de l’état local : nettoyage et désinfection d’une
plaie minime, parage chirurgical d’une plaie importante
(excision de ses bords pour favoriser la cicatrisation),
amputation d’un segment de membre nécrosé. Une anti-
biothérapie est instaurée par voie parentérale pour éradi-
quer les formes végétatives de clostridium tetani, source
de toxine.
Il faut encore neutraliser la toxine circulante. La sérothé-
rapie curative par administration précoce d’immunoglobu-
line tétanique humaine, bien tolérée, empêche la fixation
de la toxine tétanique. Enfin, la vaccination doit être
entreprise immédiatement, puisque l’immunité n’est pas
acquise après la maladie tétanique.
prévention et
conseils
L’efficacité de la vaccination antitétanique est obtenue
une semaine après la deuxième injection et de façon pro-
longée (10 ans). Elle est obligatoire pour les enfants, les
militaires, et les professionnels de santé, et ceux exerçant
une activité professionnelle exposant à des risques de
contamination.
Toute consultation médicale ou chez son pharmacien peut
être l’occasion de vérifier le statut vaccinal du patient,
avec une attention toute particulière pour les personnes
âgées. Le tétanos reste en France une maladie rare mais
grave, qui devrait pourtant être éradiquée par l’application
du calendrier vaccinal à l’ensemble de la population et par
le respect du protocole de prise en charge de toute plaie à
risque.
La prévention du tétanos passe par la vaccination et la
revaccination des adultes tous les 10 ans. Le vaccin anti-
tétanique est la seule protection efficace face à cette
pathologie. L’information sur son intérêt relève d’une
démarche de santé publique. Faute d’une mise en œuvre
parfaite, la vaccination ne permet pas l’éradication de la
maladie en France. Ainsi, on estime à un tiers la popula-
tion non correctement vaccinée.
Et vous, êtes-vous bien vacciné ?
Il formalise chaque année les recommandations
du Conseil supérieur d’hygiène publique de
France publiées dans le bulletin épidémiologique
hebdomadaire.
La place de la vaccination antitétanique dans le
calendrier vaccinal français s’établit ainsi :
à partir de 2 mois : 3 injections à 1 mois d’in-
tervalle ;
16-18 mois : 1er rappel ;
6 ans : 2ième rappel ;
11-13 ans : 3ième rappel ;
16-18 ans : 4ième rappel ;
à partir de 18 ans : rappel tous les 10 ans.
En cas de retard majeur, on ne refera la vacci-
nation totale que si le dernier vaccin date de
plus de 15 ans.
Le calendrier vaccinal tétanique