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EM
n°36 Septembre/Octobre 2011
après
cancer
un
vaincu
La
vie
actualités
par le docteur tom Jiel
Les pathologies cancéreuses ont “la belle vie” ? pas du tout !
Cependant, elles inspirent, encore aujourd’hui, une frayeur
par leur pronostic traditionnellement fataliste : la mort au terme
d’une durée déterminée, dans d’atroces souffrances. pourtant
en quelques années, les progrès thérapeutiques ont été considérables
et la plupart des pathologies cancéreuses peuvent être guéries.
Mais les mentalités, elles, restent inchangées.
Changer le regard
Selon un adage populaire, on n’existe que dans le regard
des autres. Cela est encore plus vrai pour un malade
atteint d’une pathologie cancéreuse, dont on disait autre-
fois : il en a pour six mois ou trois ans... Le résultat c’est
que le malade, même s’il s’en sort, garde les marques des
regards portés sur son état, comme s’il avait été la victime
d’une calomnie. On n’ose pas en parler. On n’ose plus en
parler. Et on n’ose plus lui parler : c’est bien là le drame.
Ainsi, le malade peut se retrouver dans un état d’isole-
ment social.
Faire évoluer l’image
sociale
Dans la continuité du programme engagé en 2007 avec la
campagne « nous sommes deux millions de héros ordi-
naires », l’institut national du cancer et le ministère de la
santé ont lancé en 2011 une nouvelle campagne de sensi-
bilisation destinée à faire évoluer le regard que la société
porte sur les cancers et sur les personnes touchées par le
cancer, avec un slogan : « je suis une personne, pas un
cancer ».
Alors que les pathologies cancéreuses sont multiples et
présentent des gravités variables, le public les envisage
comme une pathologie unique : LE cancer. Il existe donc
une grande différence entre la réalité et la représentation
persistante d’une pathologie incurable. Il est donc très
important d’éviter une stigmatisation des malades atteints
de cancer, afin d’éviter que les répercussions sociales
s’ajoutent aux difficultés liées à la maladie elle-même.
Représentation
sociale
Bien que le sujet soit moins tabou, la représentation
sociale du cancer est essentiellement basée sur un portrait
sombre de la pathologie. En effet, avoir un cancer est
resté une épreuve très difficile. Elle peut devenir trauma-
tisante si l’intégration sociale n’est pas assurée par une
meilleure compréhension de la maladie par le grand
public.
D’après une enquête réalisée en 2010, près de 70 % des
français citent le cancer en premier parmi les trois mala-
dies qu’ils jugent les plus graves, loin devant le sida et les
maladies cardiaques. 65 % considèrent que le cancer n’est
pas une maladie comme les autres et il est perçu comme
la pire des maladies. Cette gravité s’accompagne, de plus,
d’un sentiment de crainte. En effet, près d’un français sur
deux se sent personnellement en danger face au cancer.
Pire encore, 95 % des français estiment que personne
n’est à l’abri d’un cancer, et ils sont 32 % à penser que le
cancer : « on ne peut rien faire pour l’éviter ».
Pourtant chaque année, à partir de la cinquantaine, cer-
taines pathologies cancéreuses font l’objet de campagnes
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