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n°37 Novembre/Décembre 2011
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direct et rapproché, par l'intermédiaire des sécrétions oro-
pharyngées (la concentration de virus dans la salive y est
très importante), et, plus rarement, par contact direct
avec les lésions cutanées (où le virus est présent), par l'in-
termédiaire des pustules et des croûtes.
Les personnes atteintes ne sont pas contagieuses pendant
la période d'incubation qui dure en moyenne de 10 à 14
jours d’où la nécessité de vacciner un groupe de popula-
tion en moins de 14 jours. Cette période est cliniquement
muette. La période de contagiosité commence dès la
phase éruptive, avec un risque maximal pendant la pre-
mière semaine de l'éruption. Elle cesse à la chute des
croûtes. Le malade doit donc être isolé jusqu'à ce que les
croûtes se dessèchent.
des symptômes
proches de ceux de
la varicelle
La phase clinique débute après l'entrée du virus dans les
voies respiratoires. Les premiers signes visibles de l'infec-
tion sont une altération franche et brutale de l'état géné-
ral, une fièvre très marquée (39-40°C), des céphalées, un
malaise, une prostration, des douleurs de dos. S'y asso-
cient parfois des douleurs abdominales et des vomisse-
ments. Cette symptomatologie de type grippal et d'appari-
tion brutale est suivie par la phase éruptive qui peut dans
un premier temps faire penser à la varicelle. Au cours des
deux premiers jours, la phase éruptive débute par l'appari-
tion de papules au niveau de la muqueuse de la bouche et
du pharynx, du visage et des bras : c'est l'éruption papu-
leuse. Les papules gagnent ensuite en une seule poussée
centrifuge le tronc et les membres inférieurs. Les papules
peuvent être de taille différente, mais ont un aspect iden-
tique.
Le troisième jour, les papules se remplissent de liquide
clair pour former des vésicules : c'est l'éruption vésicu-
leuse. Ces vésicules, prédominantes sur les extrémités et le
visage, diffèrent de celles qui sont produites par la vari-
celle. Le liquide est cloisonné à l'intérieur des vésicules, ce
qui donne un aspect dur au toucher. Ce liquide se trouble
vers le cinquième jour. Les lésions évoluent ainsi en pus-
tules : c'est l'éruption pustuleuse. On observe de façon
contemporaine à la formation des pustules, une recrudes-
cence de la fièvre. L'état général du patient se dégrade.
Au bout d'une semaine, le diagnostic de variole ne pose
pratiquement plus de difficulté. L'éruption est franche-
ment pustuleuse, avec des lésions qui, si elles n'ont pas la
même taille, ont toutes un aspect similaire. En général, les
pustules sont plus nombreuses sur la face et les membres
que sur le tronc. Elles touchent également les paumes et
les plantes des pieds.
Au début de la deuxième semaine, la taille des pustules
augmente. Au toucher, les lésions sont dures et profondé-
ment enchâssées dans le derme. Peu à peu au cours de la
deuxième semaine de l'éruption, les pustules vont se des-
sécher, laissant place à des croûtes noirâtres qui contien-
nent les virus varioliques vivants. Les croûtes tombent au
vingtième jour, laissant place à des cicatrices déprimées et
dépigmentées indélébiles, témoin d'une infection
ancienne.
La variole peut se présenter sous des formes cliniques dif-
férentes : la variole majeure ou forme classique, et la
variole mineure ou alastrim qui ont été les deux formes les
plus souvent rencontrées. La symptomatologie est iden-
tique dans les deux formes, mais elle est moins marquée
dans la forme mineure (lésions de plus petites tailles, évo-
lution plus rapide, état général moins altéré). Celle-ci
serait due à des souches de virus moins virulentes. La léta-
lité de la forme mineure était inférieure à 1 %, alors que
celle de la forme majeure était de 5 à 30 % en fonction des
épidémies.
Deux autres formes cliniques, rares mais particulièrement
graves, ont été décrites : la forme hémorragique, toujours
fatale, et la forme maligne dont la mortalité était proche
de 100 %.
Le tableau clinique de la forme hémorragique associe
l'éruption et plusieurs types d'hémorragies extériorisées,
en particulier des hémorragies conjonctivales, une épis-
taxis, une hématurie, un méléna, des rectorragies et des
hémorragies cutanées. L'évolution est ensuite rapidement
fatale.
La forme maligne est ,elle, caractérisée par une éruption
plane, non enchâssée dans le derme, sans formation de
pustules. Les lésions sont confluentes. Le pronostic est
mortel, dans un tableau de toxémie sévère.
Le traitement
Il n'y a pas de traitement spécifique pour la variole. Les
antibiotiques ne sont d'aucune efficacité contre les virus.
Il est possible d'utiliser des substances qui renforcent l'im-
munité (immunoglobulines) et la réanimation permet de
préserver les fonctions vitales des patients.
Le vaccin contre la variole n'est pas disponible sur le mar-
ché. C'est un vaccin vivant, contenant non pas le virus de
la variole mais celui de la vaccine. Comme tout vaccin
vivant, il ne doit pas être utilisé chez les patients immuno-
déprimés (patients sous chimiothérapie anticancéreuse,
patients HIV, patients atteints de maladie grave…). Ce
vaccin n'est pas anodin. Des cas d'encéphalopathie graves
ont également été signalés après la vaccination. Chez les
patients atteints de dermatite atopique, le vaccin clas-
sique risque de provoquer des complications.
La maladie étant éradiquée, tout cas de variole
devrait être considéré comme résultant d'un
acte terroriste. Depuis le 7 août 2002, le diag-
nostic d'un cas de variole doit à nouveau être si-
gnalé d'urgence aux autorités sanitaires.
La transmission de cas (avéré ou suspect) de va-
riole et l'établissement d'un diagnostic biologique
précoce est indispensable à l'efficacité des me-
sures urgentes de protection de la population
qui doivent être mises en place en cas de réap-
parition de la maladie.
une déclaratoin obligatoire !