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n°38 février / mars 2012
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germes se fait alors par l’intermédiaire de la lymphe. Ce
mode de propagation de l’infection est plus rare. La diffu-
sion des germes se fait à partir d’adénopathies dévelop-
pées au contact du foyer initial. Il s’agit alors de septicé-
mies « à marche lente ». Ce mécanisme entre en jeu au
cours de la fièvre typhoïde et de la brucellose.
Les septicémies d'origine cardiaque
sont dues à une
infection des valves du cœur (endocardite infectieuse).
L’endocardite infectieuse est une infection d’origine bac-
térienne de la paroi interne du cœur (endocarde) et des
valves cardiaques. C’est une maladie grave, en raison du
risque de complications cardiaques. Ce type de maladie
infectieuse survient généralement après une intervention
chirurgicale ou après des soins bucco-dentaires, surtout
chez les personnes ayant un souffle au cœur (malforma-
tion ou lésion d’une valve mitrale ou aortique) ou qui sont
porteuses d’une prothèse valvulaire (valve mécanique).
L’endocardite infectieuse est également fréquente chez les
toxicomanes qui utilisent des drogues injectables sans sté-
riliser les seringues.
signes cliniques
communs à toutes
les septicémies
Les septicémies sont caractérisées cliniquement par une
triade de symptômes : les frissons, la fièvre et l’état géné-
ral altéré. Les frissons et la fièvre sont constants. Les pre-
miers sont soit de grands frissons secouant le malade, soit
de simples frissonnements. Leur durée est très variable, de
quelques minutes à plusieurs heures. Ils s’accompagnent
d’une sensation de froid, d’un malaise général, d’angoisse.
Ils se répètent à intervalles plus ou moins rapprochés et
leur nombre a une valeur pronostique.
Concernant la fièvre, l’allure de la courbe thermique est
très variable, c’est pourquoi la température doit être prise
toutes les trois heures. Le plus souvent, la fièvre est rémit-
tente (fluctuations) ou pseudo-palustre (chaque clocher
correspond à un frisson). Les pics de température corres-
pondent aux passages des germes dans le sang. Une fièvre
en plateau (sans variation) se rencontre dans les septicé-
mies d’origine lymphatique.
Le plus souvent, l’état général est très altéré. L’asthénie
est intense. Les troubles de la conscience sont fréquents :
torpeur, délire et parfois même coma. D’autres signes peu-
vent apparaître : éruption cutanée, augmentation du
volume de la rate (splénomégalie), jaunisse (ictère), dou-
leurs articulaires ou osseuses, signes respiratoires.
La complication la plus grave est la survenue d’un état de
choc infectieux lors de la libération, par les germes, de
substances toxiques (toxines) dans tout le corps. Après
une fièvre en clocher, on assiste à une chute brutale de la
pression artérielle (collapsus), à un refroidissement de
plus en plus important des pieds et des mains, et à une
coloration bleue de la peau (cyanose). Le choc infectieux
le plus grave (purpura fulminans) est celui qui est dû au
méningocoque.
diagnostic par
hémoculture
Le diagnostic biologique repose sur la mise en évidence de
la présence du microbe dans le sang, notamment lors des
pics de température (moment au cours duquel, on réalise
un prélèvement en vue de faire une culture celluaire et iso-
ler le ou les germes : hémoculture). Le germe peut aussi
être recherché dans les urines, dans le liquide céphalo-
rachidien (prélevé par ponction lombaire) et dans des pré-
lèvements de toutes les lésions infectées accessibles
(ponction d’un abcès par exemple).
Une hémoculture positive traduit la présence de germes
dans le sang, elle est indispensable pour affirmer le diag-
nostic. Généralement, il s’agit de bacilles (dont le princi-
pal est Escherichia coli) et de cocci (streptocoques et sta-
phylocoques). Certaines pathologies entraînent des
septicémies spécifiques, telles la septicémie à
Haemophilus influenzae chez le splénectomisé, les salmo-
nelles chez les patients VIH positifs, les entérobactéries et
pyocyaniques chez le neutropénique.
La mise en culture des germes permet également de tester
l’efficacité des antibiotiques par la réalisation d’un anti-
biogramme.
En cas de fièvre durable sans cause connue, 2 ou 3 hémo-
cultures sont effectuées chaque jour, pour augmenter les
chances d’isoler le germe.
Le traitement
Devant un tableau de septicémie, l’équipe médicale hospi-
talière prenant en charge le patient doit rechercher le
foyer infectieux initial et les foyers métastatiques. Le
risque de choc infectieux nécessite une hospitalisation en
urgence dans un service spécialisé. En effet, en raison des
risques de complications, le traitement des septicémies se
fait à l’hôpital. Il consiste en l’association de plusieurs
antibiotiques actifs (selon le résultat de l’antibiogramme),
qui doivent être administrés le plus tôt possible, à forte
dose et en perfusion pendant au moins 15 jours. Il est
poursuivi 4 à 6 semaines en cas d’endocardite infectieuse.
L’élimination chirurgicale du foyer infectieux est parfois
réalisée.
Le traitement est également symptomatique (antipyré-
tiques contre l’hyperthermie, rééquilibrage hydro-électro-
lytique). Une perfusion veineuse, en « goutte-à-goutte »,
sera mise en place pour apporter du sang ou pour rempla-
cer ou conserver les liquides de l’organisme chez les
patients qui ne peuvent ni boire ni se nourrir.
La prévention de l’endocardite infectieuse chez les
personnes porteuses d’une prothèse valvulaire, ou
atteintes d’une maladie des valvules, repose sur un
traitement antibiotique préventif (en général, par
pénicilline) avant toute intervention chirurgicale et
avant des soins dentaires (extraction ou dévitalisa-
tion dentaire, détartrage).
prévention de l’endocardite