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n°39 mai / juin 2012
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sés. L’hospitalisation est pratiquement systématique chez
le nourrisson de moins de 6 mois. La coqueluche est
source de complications graves (respiratoires et neurolo-
giques) voire mortelles (quelques décès par an en France).
Elle représente la première cause de mortalité par infec-
tion bactérienne chez le nourrisson de moins de 2 mois
selon une enquête menée dans les services de réanimation
pédiatrique français.
quand penser à la
coqueluche ?
L’expression clinique de la coqueluche est variable selon
l’âge et le statut immunologique.
La forme clinique du petit nourrisson non vacciné
(âge < 6 mois)
Les très jeunes nourrissons non immunisés manifestent
plus volontiers l’infection par une toux quinteuse prolon-
gée et cyanosante mais souvent sans chant du coq. Les
quintes de toux sont mal tolérées avant 3 mois et peuvent
s’accompagner d’accès de cyanose (quintes asphyxiantes),
d’apnées et de bradycardies (baisses du rythme cardiaque)
profondes. Les autres complications à cet âge sont les
pneumopathies de surinfection.
La forme classique typique de l’enfant non vacciné
L’incubation est de 10 jours (extrêmes : 7 à 21 jours). La
période d’invasion (10 jours) se caractérise par une toux
d’abord banale qui devient quinteuse à la période d’état.
Les quintes sont des accès répétitifs et violents de
secousses expiratoires de toux sans inspiration efficace,
entraînant une congestion du visage, voire une cyanose et
finissant par une reprise inspiratoire sonore comparable au
chant du coq. Les quintes sont épuisantes et s’accompa-
gnent souvent de vomissements. La période de quintes
dure 2 à 4 semaines. La phase de convalescence suit celle
des quintes et dure plusieurs semaines. Elle est marquée
par une toux non quinteuse spontanée ou provoquée par
l’effort, le froid, les cris ou une infection virale respira-
toire, témoignant d’une hyper réactivité bronchique.
La forme clinique de l’enfant anciennement vacciné
et de l’adulte
La durée de protection après maladie naturelle est estimée
environ à 12-15 ans. L’immunité conférée par la vaccina-
tion est également de durée limitée (au moins jusqu’à 6
ans après le rappel avec les vaccins acellulaires).
L’immunité, qu’elle ait été acquise par maladie naturelle
ou par la vaccination, est perdue de manière progressive,
ce qui explique la grande variété de sévérité de la maladie
que l’on peut observer. Ainsi, chez les enfants ancienne-
ment vaccinés et les adultes, des tableaux de gravité
variable sont possibles, allant de la forme typique à une
toux banale. La sévérité de la coqueluche ne peut être pré-
dite en fonction de l’âge du sujet et de son passé vaccinal,
du fait de la fréquence de rappels naturels généralement
méconnus.
La coqueluche de l’adulte est une maladie le plus souvent
méconnue dont le diagnostic devrait être évoqué devant
toute toux sans cause évidente, persistante ou s’aggravant
au-delà d’une semaine, surtout si elle revêt les caractéris-
tiques d’une toux coquelucheuse (recrudescence nocturne
et insomniante). Cette toux est résistante aux traitements
conventionnels, source d’ « errements » diagnostiques (le
début est banal avec rhume, sans fièvre) et de « noma-
disme médical » de l’adulte malade
que faire devant un
cas de coqueluche ?
Une fois la confirmation biologique (mise en culture, séro-
logie) de la maladie, il convient de distinguer les mesures
concernant le cas et les mesures préventives dans l’entou-
rage d’un cas (enfant ou adulte).
• Les mesures concernant le cas
L’hospitalisation est recommandée pour les cas âgés de
moins de 3 mois et selon la tolérance clinique après l’âge
de 3 mois.
A la maison, l’isolement respiratoire est la règle pour évi-
ter le contact avec les nourrissons non ou insuffisamment
protégés (nourrissons de moins de 16 mois n’ayant pas
reçu 3 injections de vaccins et de plus de 16 mois n’ayant
pas reçu 4 doses de vaccins).
Concernant un enfant malade, il doit y avoir éviction de la
collectivité et retour autorisé dans celle-ci seulement
après 5 jours de traitement par un antibiotique adapté.
Administrée tôt, au début de la phase catarrhale (rhume),
l’antibiothérapie permet parfois d’éviter la phase de
quintes. Par contre, après le début de celles-ci, son effet
sur l’évolution de la toux est nul.
• Les mesures préventives dans l’entourage d’un cas
Le médecin demandera au patient ou aux parents d’un
enfant malade d’aviser de la maladie le plus rapidement
possible leur entourage familial, social ou professionnel,
notamment si le malade fréquente des sujets à haut risque
(nourrissons non ou incomplètement vaccinés, femmes
enceintes, sujets atteints de maladies respiratoires chro-
niques, parents de nourrissons non encore vaccinés), afin
que ces personnes consultent leur médecin traitant en cas
d’apparition de toux dans les 21 jours qui suivent le der-
nier contact.
Dans le cas où le malade travaillerait dans un établisse-
ment de santé, il lui sera demandé de prévenir la médecine
du travail de son établissement, le plus rapidement possi-
ble.
Dans l’entourage familial du malade, il est recommandé au
médecin de prescrire une antibioprophylaxie aux enfants
non ou mal vaccinés (ayant reçu moins de 4 doses), aux
adolescents ayant reçu moins de 5 doses ou à ceux dont la
dernière vaccination date de plus de 5 ans et aux parents
de nourrissons ou d’enfants non ou mal vaccinés ainsi
qu’aux parents du sujet mis à l’index (à l’exception de ceux
qui auraient eu un rappel coquelucheux datant de moins
de 5 ans).
Il faut penser aussi à mettre à jour les vaccinations selon
le calendrier vaccinal pour les enfants, les adolescents et
certains adultes. Cette mesure s’applique aux personnes
exposées au domicile des assistantes maternelles.