EM
n°48 août / sept. 2014
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vétérinaire
Par le Docteur Pierre Botrel
La perte d’un animal est souvent une épreuve très douloureuse car c’est un membre à part
entière de la famille qui s’en va. Les propriétaires sont de plus en plus sensibles aux conditions
de son décès, à la prise en charge de sa fin de vie et du corps par la clinique vétérinaire.
Gérer
décès
L’animal de compagnie est porteur d’une charge affective
importante pour son propriétaire. A l’annonce par le vétérinaire
d’un pronostic sombre, le propriétaire réagit généralement de
deux façons : soit il s’accroche à l’espoir de guérison :
« vous
devez tout tenter pour le sauver, docteur ! »
, cette attitude
étant révélatrice du refus du pronostic ; soit au contraire il
renonce à l’acharnement thérapeutique et veut avant tout
protéger son animal :
« je ne veux pas qu’il souffre »
.
Un choix difficile
Il a alors le choix entre : mettre en route des soins palliatifs,
avec prise en charge de la douleur, ou opter pour une solution
plus radicale : l’euthanasie. Les conseils et informations du
vétérinaire (sur tous les éléments concernant le pronostic et
les signes de souffrance de l’animal) sont souvent déterminants
pour aider le propriétaire à prendre une décision éclairée.
L’euthanasie concerne chaque année 4 à 5% des animaux d’une
clientèle de cabinet vétérinaire. La Convention européenne
pour la protection des animaux, applicable en France depuis
le 18 mai 2004, précise qu’elle doit se faire avec le minimum
de souffrances physiques et morales. Il est important que la
décision d’euthanasier son chien ou son chat soit bien assurée,
car dans le cas inverse elle compromettra le processus de deuil.
Les propriétaires ont des attentes précises sur l’euthanasie
qu’il ne faut pas décevoir (voir encadré).
Le rendez-vous est généralement proposé à un moment de faible
affluence, afin de limiter l’attente et éviter la confrontation
avec d’autres propriétaires et animaux. Le propriétaire doit
respecter les formalités liées à cet acte. Il doit tout d’abord
signer le formulaire de demande d’euthanasie. Ce document
matérialise sa décision et représente ainsi une protection
pour le vétérinaire contre d’éventuels recours a posteriori du
propriétaire.
Incinération ou inhumation ?
Les formalités concernant le devenir du corps seront aussi
effectuées avant l’euthanasie (convention d’incinération)
de même que le règlement de la facture (un pour l’acte
du vétérinaire, un paiement séparé pour l’incinération le
cas échéant). Il est important, lorsque le propriétaire ne
souhaite pas assister à cet acte, qu’il puisse ensuite se
recueillir auprès de son animal mort, afin qu’aucun doute ne
subsiste dans son esprit et qu’il puisse entamer son deuil.
Le propriétaire peut aussi vouloir récupérer le corps de son
animal, pour l’enterrer dans son jardin ou récupérer ses cendres
(l’incinération est la règle dans les cabinets vétérinaires).
Tout dépend de la sensibilité, des convictions et du budget
de chacun. Le propriétaire peut choisir une incinération col-
lective ou individuelle. Dans le second cas, la prestation est
plus onéreuse et les cendres lui sont restituées dans une urne
individuelle, ce qui facilite le deuil. Il n’y a pas d’inquiétude
ou de doute à avoir sur le contenu de l’urne que l’on récupère :
le processus d’incinération répond à des normes strictes de
traçabilité et un certificat d’incinération nominatif est délivré
pour chaque animal.
Si le propriétaire souhaite inhumer son animal sur un terrain
privatif, il doit respecter certaines règles : obligatoirement à
plus de 35 m d’une habitation ou d’une source d’eau potable,
à au moins 1,20 m de profondeur, en recouvrant le corps de
chaux. Mais il existe également des cimetières animaliers
(avec location annuelle de l’emplacement).
le
d’un animal
➜
LES ATTENTES DES
PROPRIÉTAIRES
•
90% : absence de souffrance lors de l’euthanasie
•
60% : besoin d’un délai avant de se décider
•
71% : besoin que le vétérinaire approuve leur décision
•
52% : assister à l’euthanasie
•
75% : explications sur le déroulement de l’acte
•
75% : apporter des gestes doux à l’égard de leur animal
•
80% : besoin de parler dans les jours suivant l’euthanasie.
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