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EM

n°48 août / sept. 2014

(15)

a lumière agit sur les êtres humains. Point n’est besoin d’être

scientifique pour le savoir. Tout le monde aura constaté les

bienfaits de l’exposition lumineuse et l’apparence d’être en

bonne santé avec la course au bronzage estival. Mais qu’en

est-il exactement ? Comment la lumière peut elle influencer la

synthèse de molécules dans l’organisme ? Comment peut-elle

agir sur nos structures nerveuses alors que ses effets immédiats

ne concernent que la peau ?

Comment ça

marche ?

La lumière est un chrono-synchroniseur externe qui influe sur

des oscillateurs endogènes de l’organisme. Cela signifie qu’il

existe dans l’organisme des petites structures dont le rôle est

de contrôler et de synchroniser tous les rythmes biologiques de

l’organisme. Mes ces structures sont elles mêmes influencées,

à un certain point, par des synchroniseurs externes plus ou

moins forts, dont la lumière fait partie.

Mais les choses se sont compliquées, un peu quand même,

lorsque les scientifiques ont découvert que les cellules elles-

mêmes possédaient des oscillateurs...

Il existent plusieurs oscillateurs, certains sont très indépendants

des synchroniseurs extérieurs et gèrent les fonctions vitales,

et d’autres sont sous l’influence des différents facteurs et,

notamment, les rythmes sociaux (sur le cycle veille/sommeil).

Une substance, la mélatonine est déversée dans le sang, la

nuit, et est responsable de la synchronisation des organes

périphériques.

Les dépressions

saisonnières

C’est en 1984 qu’a été mise en évidence une relation entre la

baisse de la luminosité et l’apparition de troubles de l’humeur

chez des sujets sensibles et qui pouvaient durer jusqu’au

printemps. L’exposition fortuite à une lumière artificielle à

large spectre d’un patient souffrant de dépression durant l’hiver

a permis au Dr Rosenthal de traiter son patient et d’établir

une corrélation entre ce traitement et l’augmentation de

l’exposition lumineuse, même au moyen une source artificielle.

En effet, la lumière joue un rôle important de synchroniseur sur

un oscillateur biologique responsable du cycle veille/sommeil

ainsi que sur la sécrétion d’hormones ou de neuromédiateurs.

Lorsque les photons traversent l’œil, ils viennent frapper

la rétine. La stimulation fournie et le transfert d’énergie

provoque un influx nerveux qui se propage en direction de

certains centre nerveux. Sous l’influence de ces influx, ces

structures cérébrales sécrètent de la sérotonine (molécule du

bonheur) qui agit sur l’humeur et entre dans la régulation de

la sécrétion de mélatonine. Celle-ci gère, entre autre le cycle

veille/sommeil. Il suffit donc qu’il se produise une carence en

exposition lumineuse pour que tout ce cycle soit perturbé ce

qui peut être suffisant pour déclencher une dépression.

Ainsi il existe une augmentation de la fréquence des dépressions

saisonnières au fur et à mesure que la population se situe à

distance de l’équateur. Dans les pays proches du cercle polaire,

comme l’Alaska où il peut se passer un mois sans lumière, 9%

de la population est atteinte de dépressions saisonnières.

Le rachitisme

Cett pathologie est l ée à un troubl de la croissance des os

longs. Elle se manifeste par une fragilité et une déformation

osseuse. La cause essentielle est une carence en calcium et/ou en

vitamine D. Or celle-ci est fournie principalement par une ration

alimentaire contenant des nutriments gras, car la vitamine D

est liposoluble, et par une exposition solaire suffisante. Les

photons UV pénétrant dans le derme fournissent de l’énergie et

permettent à l’organisme de synthétiser la vitamine D. Celle-ci

participe à la fixation du calcium au niveau osseux.

Curieusement, le rachitisme se rencontre encore dans les

contrées équatoriales, là où la lumière est la plus intense et

les jours les plus longs. Mais les populations dans ces secteurs

géographiques ont une peau sombre ou noire, si bien que la

filtration des UV est particulièrement efficace. En conséquence,

la synthèse de la vitamine D s’en trouve gênée.

L’ ostéoporose

Elle suit un phén mène un peu similaire au rachitisme. C’est

un défaut de fixation du calcium au niveau osseux qui fragilise

ceux-ci, les rendant sensibles aux fractures souvent multiples.

Elle apparaît non plus au début de la vie, mais plutôt à partir

de 50 ans. Les femmes sont plus touchées que les hommes avec

une femme sur trois et un homme sur cinq.

Le danger des excès

Comme nous venons de le voir la lumière possède de multiples

propriétés bénéfiques sur la santé. Mais si l’exposition solaire

est excessive ou inadaptée à la biologie de la peau (phototype),

le risque immédiat est une brûlure aux rayons UV, le «coup

de soleil», dans les cas les plus bénins. Mais cela peut aller

jusqu’à une brûlure au 2

ème

degré. Si, par ailleurs, la peau est mal

protégée, c’est un cancer de la peau qui peut prendre le relais...

et là il y a danger ! Pour que le soleil reste un ami, ne pas

s’exposer entre 11h et 16h (voir encadré). En effet, à ces heures

les rayons sont perpendiculaires au sol et donc l’énergie délivrée

par unité de surface est maximale. De plus, ces mêmes rayons

traversent une couche atmosphérique mince dont le pouvoir

filtrant est réduit d’autant puisque l’incidence des rayons est

verticale. Le bronzage, si c’est l’effet recherché, sera aussi facile

à acquérir, et sans danger, en dehors de cette plage horaire !

QUELQUES CHIFFRES

Le lux est l’unité qui définit l’éclairement par rapport

à une surface :

• Plein soleil d’été : de 100.000 à 130.000 lux

• Ciel clair (sans soleil) : 7.000 à 24.000 lux

• Ciel couvert : 5.000 à 20.000 lux

• Ciel d’hiver ensoleillée : de 2.000 à 20.000

• Dans un bureau bien éclairé : de 400 à 1.000 lux

• À l’intérieur d’une maison : de 100 à 500 lux

• Rue piétonne : 2 à 20 lux

• Nuit de pleine lune : 0,1 lux

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