Quand l'élan de contribuer
devient une souffrance
Il est de plus en plus fréquent d'observer des êtres aux
innombrables qualités qui souffrent pourtant d'un grand déficit
d'estime de soi. Nous nous disons d'eux qu'ils se gâchent. Ces
personnes ont tendance à enchaîner les relations, ou à contracter
des maladies auto-immunes qui témoignent de l'auto-destruction
qu'elles s'infligent et de la grande culpabilité qu'elles ressentent.
Tantôt perçues comme des victimes se plaignant en continu ou
comme des persécuteurs pleins de rancœur ayant un avis sur
tout et tout le monde, il s'avère difficile de les aider, voire même
de les comprendre. Ce qui est commun à tous ces êtres est leur
extrême sensibilité, leur tendance à se faire manipuler ou trahir,
et leur grande propension à vouloir aider tout et n'importe qui
quitte à y laisser leur santé...
À l'origine, un adulte immature
Ces personnes sont coincées dans un triangle infernal. Selon
le stade d'avancement dans leur vie, elles sont tour à tour :
dans le conseil compulsif, la plainte ou bien l'agressivité. Elles
ont toutes en commun le fait d'avoir grandi précocement.
Leur système nerveux a été exposé trop tôt aux souffrances,
aux difficultés et aux obligations du monde des adultes. Très
adaptables, elles ont très vite usé et abusé de leur élan de
vie et en gardent aujourd'hui des stigmates. La plupart se
console dans ce qui peut être perçu par l'entourage comme
des futilités : addictions diverses, amour inconditionnel pour
les animaux, très grand besoin d'isolement, propension à
s'évader du monde présent, avec des moments de dépression
très intenses pouvant aller jusqu'à des pensées suicidaires.
Être en contact avec eux s'avère difficile car les secouer
revient à leur faire vivre beaucoup de violence et ne rien
faire peut, à contrario, induire chez le proche, un intense
sentiment d'impuissance.
Un jour, la crise
Avec plus ou moins de délai selon les structures psychiques des
individus, est survenu un moment où, tenaillés par leur propre
élan de vie et leur désir de se départir des conditionnements, ils
se sont rebellés. Avec plus ou moins de succès selon les cas. Car
il faut préciser qu'ils ont hérité de leur histoire une tendance
naturelle à la culpabilité. Ils ont quitté un milieu, généralement
familial, pour former un couple ou vivre une expérience de vie
étudiante. Là, ils se sont sentis pousser des ailes. Ils ont vécu
des moments de liberté. Jusqu'à ce qu'ils aient renoué des liens
d'amour. Alors, ils ont récupéré de manière automatique leur
vocation, leur sacerdoce, leur capacité d'abnégation jusqu'à ce
qu'ils aient été confrontés à une nouvelle crise. D'espoirs en
déceptions, ils ont usé leur énergie, leur santé et même leur vie.
Le désespoir est dans la nature humaine et le besoin d'aider est
toujours présent. Dès qu'ils perçoivent la souffrance chez un être
nouveau, ils se transforment instantanément et se mettent à
donner sans compter leur temps et leurs ressources. Puis, las de
donner et de ne rien recevoir, ils se renferment et mettent un
terme à la relation. Nombreux sont ceux qui se réfugient dans
des valeurs absolues et des idéaux. Fuyant, pour un temps, les
relations et tout ce qui leur fait du mal, ils font de la solitude
leur radeau de sauvetage. Mais vivre sur un radeau n'est pas une
solution sur le long terme.
Rebondir,
une bonne fois pour toutes !
•
Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, plusieurs
options tout à fait cumulables s'offrent à vous :
»
Sortir du triangle infernal : en lisant sur le triangle de
Karpman et en vous faisant accompagner par une personne
formée en analyse transactionnelle.
»
Reconstruire l'estime de vous en écrivant par exemple votre
mode d'emploi et en vous assurant de le respecter.
personnes
aidantes
qui finissent seules...
Ces
Par Julia Tomasini-Demellier
Praticienne en Psychothérapie
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s a n t é
N°62 - Mai / Juin 2018