Previous Page  19 / 24 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 19 / 24 Next Page
Page Background

Quand l'élan de contribuer

devient une souffrance

Il est de plus en plus fréquent d'observer des êtres aux

innombrables qualités qui souffrent pourtant d'un grand déficit

d'estime de soi. Nous nous disons d'eux qu'ils se gâchent. Ces

personnes ont tendance à enchaîner les relations, ou à contracter

des maladies auto-immunes qui témoignent de l'auto-destruction

qu'elles s'infligent et de la grande culpabilité qu'elles ressentent.

Tantôt perçues comme des victimes se plaignant en continu ou

comme des persécuteurs pleins de rancœur ayant un avis sur

tout et tout le monde, il s'avère difficile de les aider, voire même

de les comprendre. Ce qui est commun à tous ces êtres est leur

extrême sensibilité, leur tendance à se faire manipuler ou trahir,

et leur grande propension à vouloir aider tout et n'importe qui

quitte à y laisser leur santé...

À l'origine, un adulte immature

Ces personnes sont coincées dans un triangle infernal. Selon

le stade d'avancement dans leur vie, elles sont tour à tour :

dans le conseil compulsif, la plainte ou bien l'agressivité. Elles

ont toutes en commun le fait d'avoir grandi précocement.

Leur système nerveux a été exposé trop tôt aux souffrances,

aux difficultés et aux obligations du monde des adultes. Très

adaptables, elles ont très vite usé et abusé de leur élan de

vie et en gardent aujourd'hui des stigmates. La plupart se

console dans ce qui peut être perçu par l'entourage comme

des futilités : addictions diverses, amour inconditionnel pour

les animaux, très grand besoin d'isolement, propension à

s'évader du monde présent, avec des moments de dépression

très intenses pouvant aller jusqu'à des pensées suicidaires.

Être en contact avec eux s'avère difficile car les secouer

revient à leur faire vivre beaucoup de violence et ne rien

faire peut, à contrario, induire chez le proche, un intense

sentiment d'impuissance.

Un jour, la crise

Avec plus ou moins de délai selon les structures psychiques des

individus, est survenu un moment où, tenaillés par leur propre

élan de vie et leur désir de se départir des conditionnements, ils

se sont rebellés. Avec plus ou moins de succès selon les cas. Car

il faut préciser qu'ils ont hérité de leur histoire une tendance

naturelle à la culpabilité. Ils ont quitté un milieu, généralement

familial, pour former un couple ou vivre une expérience de vie

étudiante. Là, ils se sont sentis pousser des ailes. Ils ont vécu

des moments de liberté. Jusqu'à ce qu'ils aient renoué des liens

d'amour. Alors, ils ont récupéré de manière automatique leur

vocation, leur sacerdoce, leur capacité d'abnégation jusqu'à ce

qu'ils aient été confrontés à une nouvelle crise. D'espoirs en

déceptions, ils ont usé leur énergie, leur santé et même leur vie.

Le désespoir est dans la nature humaine et le besoin d'aider est

toujours présent. Dès qu'ils perçoivent la souffrance chez un être

nouveau, ils se transforment instantanément et se mettent à

donner sans compter leur temps et leurs ressources. Puis, las de

donner et de ne rien recevoir, ils se renferment et mettent un

terme à la relation. Nombreux sont ceux qui se réfugient dans

des valeurs absolues et des idéaux. Fuyant, pour un temps, les

relations et tout ce qui leur fait du mal, ils font de la solitude

leur radeau de sauvetage. Mais vivre sur un radeau n'est pas une

solution sur le long terme.

Rebondir,

une bonne fois pour toutes !

Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, plusieurs

options tout à fait cumulables s'offrent à vous :

»

Sortir du triangle infernal : en lisant sur le triangle de

Karpman et en vous faisant accompagner par une personne

formée en analyse transactionnelle.

»

Reconstruire l'estime de vous en écrivant par exemple votre

mode d'emploi et en vous assurant de le respecter.



personnes

aidantes

qui finissent seules...

Ces

Par Julia Tomasini-Demellier

Praticienne en Psychothérapie

|

page (19)

s a n t é

N°62 - Mai / Juin 2018