L
e sommeil représente une activité cérébrale complexe.
Il s'inscrit quotidiennement dans notre vie. Beaucoup de
personnes se plaignent d'une mauvaise qualité de sommeil.
Mais celle-ci dépend de nombreux facteurs, à commencer par
le synchroniseur jour/nuit ou plutôt lumière/obscurité, mais
ce n'est pas le seul. D'autres facteurs (ou synchroniseurs)
influent sur le sommeil, comme la température centrale du corps
humain, le stress, les troubles respiratoires (apnée du sommeil,
ronflement, somnambulisme...).
Pourquoi dormons-nous
Le sommeil est défini comme une fonction au même titre que
l'alimentation et l'exercice physique. Ces 3 facteurs sont liés dans
un cercle vertueux. Tout se passe comme si nous étions assis sur
un tabouret à trois pieds et aucun ne doit être plus court que
les autres.
•
Le sommeil permet au cerveau de se régénérer et d'assurer
un maintien des fonctions cérébrales. Pendant le sommeil, les
cellules nerveuses s'espacent pour permettre l'élimination des
toxines et la régénération des neurones.
•
La restauration permet au corps de se procurer l'énergie
nécessaire et les composants utiles à la synthèse protéique.
L'exercice physique permet une élimination des toxines et la
régénération tissulaire.
•
Sur une période de sept années, le corps aura ainsi renouvelé
la totalité de ses cellules.
Il n'y a donc pas d'inactivité la nuit seulement une activité
différente la nuit et le jour.
Le sommeil, fonction physiologique, est aussi un marqueur de
la qualité de la vie. Les troubles du sommeil constituent les
insomnies qui sont de trois types :
•
Endormissement
•
Maintien du sommeil
•
Réveil précoce
Environ 50 % de la population se plaint à un moment de sa vie
d'insomnies et, parmi ces 50%, 20% prennent des hypnotiques...
La régénération cérébrale
La nuit est constituée de 4 à 6 cycles de 90 minutes chacun.
Chaque cycle se décompose en 4 phases plus une phase de
sommeil paradoxal.
Chaque cycle n'est pas équivalent dans sa composition car
au fur et a mesure que la nuit avance, le sommeil est moins
profond et le sommeil paradoxal est plus important. La nuit
peut se décomposer en deux parties. La première (prédominance
du sommeil profond) permet la synthèse protéique et la
régénération cellulaire, la synthèse hormonale (dont l'hormone
de croissance chez l'enfant). La seconde partie (prédominance du
sommeil paradoxal) est propice aux processus d'apprentissage et
de mémorisation, au classement des souvenirs et à l'activation
des processus immunologiques.
Les différentes phases du sommeil
Le sommeil est une activité cyclique. Cela signifie qu'il répond
à une périodicité. Chaque période dure environ 90 minutes. Au
cours de chaque phase, le sommeil se décompose en plusieurs
séquences (voir schéma page suivante : «Hypnogramme ») :
•
Phase 1 : sommeil lent léger ou phase d'endormissement.
•
Phase 2 : sommeil lent léger.
•
Phase 3 : sommeil lent profond.
•
Phase 4 : sommeil lent très profond, télencéphalique,
caractérisé par des ondes lentes sur les tracés
d'électroencéphalographie.
•
Phase de sommeil paradoxal, rhombencéphalique, durant lequel
sont enregistrés des mouvements oculaires rapides. Ce qui l'a fait
qualifié de paradoxal est le fait que le dormeur semble éveillé,
alors qu'il dort...L'encéphalogramme montre des oscillations
rapides démontrant une activité cérébrale importante.
Importance du sommeil paradoxal
Le sommeil paradoxal a été identifié en 1950 par un chercheur
neurobiologiste français Michel Jouvet (11/1925-10/2017). Il
fut également celui qui définit l'état de «mort cérébrale ». Il est
considéré comme l'un des pionniers de l'hypnologie.
Le sommeil paradoxal est la phase du sommeil où se produisent
les rêves. Ceux-ci se caractérisent par les critères suivants dont la
liste n'est pas limitative : la force visuelle, la richesse sensorielle
et émotionnelle, la bizarrerie ou l'incohérence. Ces dernières
caractéristiques font souvent l'objet d'une interprétation
projective et analytique. Chez l'homme, le sommeil paradoxal
dure environ 20 minutes par cycle de sommeil (90 mn). Si l'on se
réveille durant cette phase, il n'est pas rare que l'on se souvienne
de son rêve.
Le rêve est une caractéristique des mammifères. Les animaux
ont eux-aussi leur dose de sommeil paradoxal. Le chat possède
une durée de sommeil paradoxal de 6 minutes par cycle de 24
minutes. L’opossum, un champion du rêve, passe 6 heures par nuit
en sommeil paradoxal. La poule, seulement 25 minutes par nuit.
Il semblerait que la génération du rêve soit liée à l'évolution des
espèces et en particulier à l'homéothermie, c'est à dire, pour les
mammifères, la capacité de maintenir une température corporelle
constante qui est de 37°C chez l'homme. La température de
l'environnement est d'ailleurs un critère fondamental sur la
qualité du sommeil, comme nous allons le voir.
Une chose également surprenante, voir paradoxale, est que le rêve
entraine une consommation de davantage d'énergie (glucose) et
d'oxygène que lors de la période d'éveil. Tout se passerait comme
si les phases de repos du sommeil préparaient les conditions
favorables à la phase onirique, avec le fait que le sommeil, dans
sa globalité, prépare le corps à son activité d'éveil.
Enfin, dans certaines pathologies comme la dépression dans
laquelle les neuromédiateurs cérébraux sont impliqués, la durée
du sommeil paradoxal est plus ou moins neutralisée par les
antidépresseurs, si bien qu'à l'arrêt progressif du traitement,
on assiste à un rebond du sommeil paradoxal qui prend une
|
page (5)
s a n t é
N°62 - Mai / Juin 2018