Une histoire ancienne
Le paracétamol a été commercialisé en 1955 aux États-Unis et en
1957 en France. Il a été découvert dans les urines (B.B.Brodie,
F.B.Flinn et A.E.Axelrod) après la prise d’un autre antalgique
(phénacétine).
L’exceptionnel profil de tolérance du paracétamol (ou
acétaminophène) en a fait le succès, une fois commercialisé. Le
paracétamol est le premier médicament vendu en France en de
telles quantités qu’il est aussi le premier médicament en chiffre
d’affaires.
Une molécule
encore bien mystérieuse
Le mode d’action du paracétamol est encore inconnu 60 ans
après sa commercialisation. Trois hypothèses coexistent à ce
jour, mais aucune n’a totalement fait ses preuves. Les anglo-
saxons le classent avec les anti-inflammatoires comme l’aspirine
ou l’ibuprofène, bien que cet effet n’apparaisse qu’à des doses
trop élevées pour qu’il puisse être utilisé en thérapeutique.
Son lieu d’action a été longtemps considéré comme périphérique,
c’est-à-dire hors du cerveau. De nombreux travaux ont démontré le
contraire, puisque le paracétamol a vraisemblablement une action
centrale, c’est-à-dire au niveau du cerveau.
De plus en plus d’effets indésirables
potentiels
Il est évident que l’excellent profil de tolérance du
paracétamol intrigue les chercheurs. De nombreuses études
ont tenté de démontrer les effets négatifs de la prise
régulière de paracétamol. Seule une relative augmentation
du risque hémorragique des patients sous anti-vitamine K
(médicament destiné à fluidifier le sang) a été démontrée
lors d’une prise de 4 grammes pendant plusieurs jours.
On étudie encore les effets cardiaques ou gastriques du
Par Hervé Rouvel
Docteur en Pharmacie
Bon usage
LE
Un mal de tête, des frissons, une douleur et un geste salvateur : la prise de
paracétamol. Nous sommes peu à ne pas recourir à ce médicament reconnu
(peut-être un peu trop), apparemment sans risque.
paracétamol sans que des preuves irréfutables puissent être
apportées. Dans tous les cas, le paracétamol reste bien mieux
toléré que la plupart des médicaments.
Bien toléré, mais pourtant…
Comme tout médicament le paracétamol peut être toxique à
très forte dose. Cette toxicité peut même être mortelle en cas
d’ingestion massive volontaire ou non. Le nombre de comprimés
limités par boîte est un moyen de limiter ce risque. Ce dernier
reste toujours important lors d’une ingestion de plusieurs
comprimés par un enfant. Il est toujours nécessaire de rappeler
que tout médicament doit être mis à l’abri des enfants.
Cette toxicité est majorée pour certaines personnes : poids de
moins de 50 kilos; en état de dénutrition; souffrant d’un abus
d’alcool chronique; insuffisant hépatique ou rénal. Il faut donc
pour celles-ci limiter la dose journalière à 3 grammes voire moins.
L’ingestion massive accidentelle ou volontaire est une urgence.
L’appel du 15 doit être immédiat. Les signes de l’intoxication
apparaissent trop tard, alors que leurs effets sont déjà
particulièrement graves.
LE PARACÉTAMOL
EN TOUTE TRANQUILLITÉ :
»
Ne pas dépasser 3 grammes par jour sans
avis médical.
»
Préférez le dosage 500 mg à celui de
1 gramme.
»
Utilisez la dose efficace (un seul comprimé
de 500 mg peut suffire).
»
L’absence ou la moindre efficacité ou la
prise de 3 grammes par jour sur deux à
trois jours doit vous amener à consulter.
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s a n t é
N°62 - Mai / Juin 2018