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Par Gabriel Thomas

Pharmacien

Malgré son nom qui pourrait

inspirer une poésie champêtre, les

papillomavirus humains sont un

facteur de risque majeur dans les

cancers du col de l’utérus et des

cancers anno-génitaux.

80% des personnes en activité sexuelle sont exposées aux

papillomavirus humains, lesquels ont une potentialité cancéreuse.

Le cancer le plus probable est le cancer du col de l’utérus. La

lésion précancéreuse peut être dépistée chez 30% des femmes

dans le cadre de frottis vaginaux de routine.

Mais dans le cas d’une lésion du col de l’utérus, qui est une lésion

précancéreuse, le traitement se traduit par un raccourcissement

du col de l’utérus afin de préserver l’utérus et les ovaires, ce qui

n’est pas sans conséquences.

Par contre, dans le cas d’un cancer il faut faire une évaluation

complète et toute possibilité de fertilité est rendue impossible

car il faut traiter chirurgicalement et enlever l’utérus.

Un cancer 100% évitable

Pourtant ce cancer est totalement évitable sur le principe d’une

vaccination systématique. L’objectif est de 60% de vaccination

de la population. Or ce taux est trop faible et la France est très

en retard par rapport aux autres pays. Le meilleur élève étant

l’Australie qui est en voie d’éradiquer complètement le cancer du

col de l’utérus par une vaccination systématique avec un taux de

protection de 85%.

Nombre de cas de cancers annuels

et localisations

Homme : Gorge (1 300), pénis (90), anus (360)

Femme : Gorge (380), anus (1100), utérus (3 000), vagin

(190). Concernant les lésions pré-cancéreuses du col de l’utérus,

il se produit 30000 cas qui nécessitent 25000 conisations

(raccourcissement du col), en moyenne.

Une étude récente réalisée sur 9500 jeunes filles vaccinées et

17800 jeunes filles non vacinées, a montré 10 cas de cancer

liés au papillomavirus humain dans le groupe non vacciné et

zéro cas dans le groupe vacciné. L’efficacité clinique des vaccins

papillomavirus est de 100%.

Le vaccin

Le taux de couverture vaccinale des jeunes filles contre les

papillomavirus humains n’est que de 20% environ. Ce qui est

très insufisant pour assurer une protection de la population.

Aujourd’hui, le vaccin est nonavalent (neuf souches) alors qu’il

était tétravalent autrefois. La nonavalence permet d’obtenir une

protection qui passe de 90% à quasiment 100%.

L’idéal est de réaliser la primo vaccination chez les jeunes gens

(garçons et filles) immuno-compétents, soit à l’âge de 11 à 14

ans inclus, avec 2 doses espacées de 6 à 13 mois. Cet âge est

appelé carrefour vaccinal car c’est l’âge idéal pour faire le point

sur les vaccinations. C’est à cet âge que se situe le plus faible

taux de maladies auto-immunes réactionnelles et c’est l’âge où

la réponse immunitaire est la meilleure.

Le dépistage

Il est recommandé tous les 3 ans pour les femmes de 25 à 65 ans,

y compris chez les personnes

vaccinées.Le

taux de dépistage est

de 61% seulement.

Objectif de santé publique

La plupart des cancers génitaux sont papillomavirus dépendants.

L’objectif est d’atteindre voir de dépasser le taux de 60%

recommandé. La vaccination des garçons est aussi recommandée

car cela limite la circulation des virus et évite également, plus

tard, les cancers buccaux, anaux et péniens.

La vaccination et le dépistage constituent une optimisation de la

protection contre les risques de cancers anno-génitaux.

Papillomavirus

Pourquoi vacciner dès l’âge de 11 ans

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s a n t é

N°64 - Nov. / Déc. 2018