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Une historique médiatique

L’actrice Angélina Jolie, à 37 ans, s’est faite amputer des

deux seins, avec une reconstruction mammaire. Cette décision

courageuse a généré un buzz médiatique qui a permis de

sensibiliser le grand public, du fait de la notoriété de l’actrice

et de sa plasticité. Pour parler brutalement, elle n’a pas hésiter

à subir une intervention qui aurait pu atteindre son image et,

surtout, sa féminité.

« Mes médecins estimaient que j’avais un risque de 87% de

faire un cancer du sein, et de 50% pour un cancer de l’ovaire,

bien que chaque cas soit différent », a-t-elle expliqué dans un

article intitulé « My medical choice » dans le New York Times,

le 14 mai 2013. Elle raconte comment sa mère, décédée à 56

ans, a combattu courageusement le cancer du sein et a résisté

assez longtemps pour tenir dans ses bras son premier petit fils.

Elle explique être porteuse d’une mutation du gène BRCA1

augmentant son risque de cancer. Le gène BRCA1 sert à coder

une protéine qui réduit le risque de cancer du sein mais,

lorsqu’il est défectueux, comme c’est le cas d’Angélina Jolie,

le risque de cancer devient élevé. Elle poursuit en constatant

que confrontée à la réalité, elle décide d’être proactive et de

minimiser tout risque en prenant la décision de faire pratiquer

une double mastectomie.

Une nouvelle ère commence

Nous sommes en 2018. Les progrès considérables effectués ces

dernières années dans l’analyse du génome ont permis la mise au

point de tests génétiques afin de prévenir une pathologie, si tant

est qu’il existe une incidence génétique, bien sûr.

Dans le cas du cancer du sein, un test peut être réalisé afin de

savoir si une femme présente une anomalie des gènes BRCA1

et BRCA2. Un gène est une fraction d’un chromosome. Les

gènes BRCA1 et BRCA2 sont des gènes régulateurs qui agissent

comme des gardiens du génome. Les mutations germinales sont

autosomales, et la mutation d’un seul allèle est suffisante pour

accroître la susceptibilité mais les tumeurs n’apparaissent que

lorsque le second allèle est altéré (mutation somatique). Ces

gènes contrôleraient la régulation du cycle cellulaire et de la

réparation du DNA.

Quels sont les risques estimés ?

Dans la population générale, une personne sur 1 000 possède

des mutations de ces gènes. Mais chez les femmes concernées,

le risque de développer un cancer du sein avant l’âge de 70 ans

peut varier entre 56% et 84%.

Par Tom Jiel,

Docteur en Pharmacie

Le 3

ème

plan cancer axé sur les cancers héréditaires a pour objet de prévoir ce

type de cancer (5% des cancers) afin de les traiter le plus tôt possible.

L’institut Curie est le premier centre européen de traitement et de recherche

pour le cancer du sein. Ce traitement, qui repose sur la prédiction héréditaire

du cancer du sein, ouvre une nouvelle ère thérapeutique qui permet d’éviter

l’installation d’un cancer du sein et une guérison avec un pronostic élevé.

Hérédité

&

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s a n t é

N°64 - Nov. / Déc. 2018