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n°50 févr. / mars 2015
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D
Fatigue, troubles du sommeil, difficulté de concentration, irritabilité…
Les allergies respiratoires ne sont pas sans conséquence sur la santé des enfants.
Impactent-elles vraiment leur vie scolaire ?
Faut-il ou non s’inquiéter ?
Par le Docteur Rémy Clément
e la rhinite allergique saisonnière à l’asthme invalidant,
les allergies respiratoires de l’enfant, si elles ne font pas
toutes courir un risque vital, perturbent pour le moins
confort et sommeil. Selon une enquête récente IFOP /
Fondation Stallergène, 69% des parents ayant un enfant
souffrant d’allergies respiratoires estiment qu’elles ont un
impact sur leur scolarité.
Cette même étude révèle que 38% des Français ont un
enfant qui souffre d’une allergie. C’est donc plus d’1 enfant
sur 3.
« Les enfants sont une tranche de la population
à risque car plus sensibles aux allergènes, aux produits
chimiques ainsi qu’aux infections virales »
, explique le Dr
Nhân Pham-Thi, allergologue, pneumo-pédiatre à l’hôpital
Necker – enfants malades, à Paris. Parmi ces enfants
allergiques, 28% souffrent d’allergies respiratoires, 12%
développent des allergies alimentaires et 12% ont des
allergies médicamenteuses.
Les enquêtes épidémiologiques montrent que la prévalence
des allergies chez l’enfant a considérablement augmenté
dans les trente dernières années. Chez l’enfant préscolaire
(âge de 0 à 4 ans), la prévalence de l’allergie respiratoire
est de 6%.
La fatigue
C’est la principale conséquence des allergies en milieu
scolaire. Les allergies respiratoires ont un impact sur la
scolarité des enfants et se manifestent par un cortège
de symptômes : démangeaisons, yeux larmoyants, nez
bouché, éternuements et écoulement nasal dans la rhinite
allergique ; difficulté à respirer, essoufflement, toux,
sifflement et oppression dans la poitrine dans l’asthme
allergique. Elles engendrent de la fatigue (pour 93%
des parents interrogés), des incapacités à participer à
certaines activités (89%), des troubles du sommeil (89%)
qui sont liés à l’inflammation chronique, des difficultés
de concentration (79%), de l’absentéisme scolaire (74%)
et des difficultés d’apprentissage (62%). La productivité
scolaire s’en ressent et les notes de l’élève aussi.
L’efficacité au travail est au moins diminuée de 10% et les
performances à l’école altérées d’au moins 7%.
« L’absentéisme dû aux crises d’asthme, aux hospitalisations,
aux infections virales plus fréquentes chez les enfants
allergiques notamment aux acariens, handicapent
énormément leur vie »
, affirme cet allergologue. Il a été
démontré que les allergiques au pollen de Graminées ont
plus de risque d’échecs aux examens de printemps (Bac)
que les autres. Les allergies respiratoires sont vécues
par l’enfant comme un handicap pour l’activité physique
et la pratique des sports. Elles provoquent des troubles
du comportement (irritabilité, agressivité, anxiété),
portent atteinte à l’image sociale devant ses camarades de
classe et altèrent l’estime de soi (mouchage, respiration
buccale, éternuements, cernes…). Elles ont une incidence
également sur l’alimentation et peuvent donc être un frein
au développement harmonieux de l’enfant.
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L’ école,
un lieu à haut risque
Une enquête de l’Association agréée pour la surveillance
de la qualité de l’air révèle que l’air intérieur est plus
pollué que l’air extérieur et que 50% des enfants passent
20% de leur temps hebdomadaire dans un lieu collectif
ou scolaire où ils sont exposés à un grand nombre de
polluants (formaldéhyde, acroléine, dioxyde d’azote...). La
qualité de l’air est mauvaise dans les salles de classes,
ALLERGIES : L’UN DES FLÉAUX
DU 21
ÈME
SIÈCLE!
10 à 40 % de la population mondiale est touchée
aujourd’hui par les allergies ; elles sont ainsi classées au 4
ème
rang mondial des maladies chroniques par l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS), après les maladies mentales,
le diabète et les maladies cardiovasculaires. Le nombre
d’allergiques a doublé en 15 ans. Selon l’OMS, 50 % de la
population mondiale pourrait être allergique à l’horizon
2050. En France, 1 personne sur 4 souffre de rhinite
allergique dont 10 à 20% sont des adolescents. Et les
prévisions sont alarmistes : en 2030, 50% des enfants de
moins de 15 ans seront allergiques.