EM
n°51 juin / juillet 2015
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santé
Par Caroline Giraud,
Docteur en Pharmacie
Vivre avec un bruit permanent dans les oreilles, c’est le sort des personnes qui souffrent
d’acouphènes. Heureusement, il existe des solutions pour apprendre à vivre avec.
ALERTE AUX
DÉCIBELS
Avis à tous ceux qui vivent avec les
écouteurs sur puissance max collés aux
oreilles, qui se placent près de la sono
pendant les concerts, ou qui jouent de
la guitare à fond la caisse…Trop, c’est
trop ! Tout le monde n’a pas les oreilles
résistantes à toute épreuve. Chez
certains, il suffit d’une seule exposition à
un bruit très fort pour se retrouver avec
un bourdonnement à vie. Aujourd’hui,
les acouphènes touchent de plus en
plus les jeunes. Attention, donc, à ne
pas prendre à la légère le bruit dans les
oreilles à la sortie d’un concert ! Le bon
réflexe : aller immédiatement consulter
un ORL. Mais dans tous les cas, mieux
vaut prévenir, c’est à dire ne pas écouter
trop fort la musique…
Acouphènes
Un bruit de train, un chant de cigale
qui n’arrête pas de retentir dans une ou
deux oreilles… Sans aucun son audible
à l’extérieur. Cette situation n’est autre
que le quotidien des personnes qui
souffrent d’acouphènes (elles seraient
6% en France). Tout se passe comme si le
cerveau était en hypervigilance et pouvait
détecter un signal très faible. Et chacun
doit apprendre à mettre ses acouphènes
en sourdine…
◊
Rechercher la cause
Premier réflexe. Consulter un ORL
qui essaie toujours de retrouver une
explication. Dans 60% des situations,
on retrouve un traumatisme sonore (voir
encadré). Autant dire que les troubles ne
touchent pas uniquement les personnes
âgées ! L’acouphène peut aussi être le
signe d’une pathologie du système auditif,
ou révéler une hypercholestérolémie,
une hyperthyroïdie, une hypertension.
S’il n’existe pas de traitement spécifique
contre les bourdonnements dans les
oreilles, les vasodilatateurs peuvent
soulager les problèmes récents. Par
ailleurs, il ne faut pas s’étonner si le
médecin prescrit un anxiolytique. Le but
étant de diminuer l’anxiété générée par le
bruit permanent dans les oreilles.
◊
Gommer le bruit
On arrive à soigner les acouphènes
sans médicaments, en installant un
filtre imaginaire au niveau du cerveau.
Objectif ? Le signal du bruit dans les
oreilles ne doit plus signifier « danger »
et déclencher l’alerte, mais au contraire
devenir une chose normale et ignorée.
Comment faire en pratique ? Il ne faut
pas s’attendre à une méthode universelle,
mais s’en remettre à des techniques
appropriées au cas par cas, sur les conseils
de l’ORL. La majorité des personnes qui
se plaignent de bruit dans les oreilles
souffrent de perte auditive. Aussi minime
soit-elle, elle doit être corrigée. En effet,
moins on entend, plus on tend l’oreille
et plus on se focalise sur l’acouphène.
Les audio-prothèses permettent ainsi
de mieux percevoir les bruits extérieurs,
et donc de faire passer l’acouphène au
second plan. D’autres personnes pourront
utiliser générateur de bruit blanc. C’est
un dispositif amovible que l’on enlève
et que l’on remet régulièrement pour
que le cerveau ne fasse plus attention au
bruit. Selon les cas, l’audio-prothèse est
associée ou non au générateur de bruit.
◊
Se détendre
A force de faire une fixation sur le
sifflement, on finit par amplifier ses
répercussions. D’où l’intérêt de sortir,
de faire du sport, d’aller au cinéma pour
penser à autre chose ! Astuce à la portée
de toutes les bourses, la musique douce
représente une aide précieuse. Plus une
personne est détendue, moins l’acouphène
lui paraît important. Tous les moyens sont
bons pour se relaxer : yoga, sophrologie…
Ne pas négliger, non plus, l’intérêt des
Thérapies Cognitivo-Comportementales.
Ce type de psychothérapie présente
l’avantage de donner des résultats à
court terme (en 2 à 3 mois). Elle apprend
à chacun à modifier la manière dont
il perçoit son acouphène et à adapter
son comportement pour diminuer la
perception du sifflement.
Pour en savoir plus :
www.france-acouphenes.org.
© DoraZett_Fotolia
« J’ai les oreilles qui sifflent »