EM
n°51 juin / juillet 2015
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dossier
L
Le ronflement est un des troubles du sommeil les plus fréquents et il est
urgent de prendre ce problème au sérieux. Il peut être aussi le signe avant-
coureur de maladies bien plus problématiques : les apnées du sommeil qui
engendrent problèmes cardiovasculaires, hypertension, etc.
Aussi, fait-il l’objet de toute l’attention du corps médical.
sommeil
oin d’être un sujet aussi anodin qu’il n’y parait, le
ronflement touche 15 millions de personnes en France
dont environ 3,5 millions s’arrêtent de respirer plus
de 10 secondes plusieurs centaines de fois par nuit,
souffrant ainsi d’apnée du sommeil… Ces chiffres sont
sous-estimés car de nombreuses personnes sujettes à un
ronflement ignorent qu’elles sont concernées. D’après
plusieurs études, entre 2,5 et 7,5 millions de personnes
seraient touchées par l’apnée du sommeil en France, soit
entre 5% et 15% des adultes. Le syndrome d’apnée du
sommeil existe également chez l’enfant. Dans 70% des
cas, il est dû à une hypertrophie des amygdales et/ou
des végétations.
Les plus de 60 ans sont particulièrement concernés. On
estime que près de 60% d’entre eux seraient atteints de
ronflement. En effet, une des causes acquises les plus
fréquentes est l’âge, même si d’autres facteurs peuvent
être incriminés (causes endocriniennes : hypothyroïdie,
insuffisance lutéale chez la femme…), obésité…
Pourquoi on ronfle ?
D’origine mécanique, le r nflement est produit par la
vibration des tissus de la gorge (voile du palais, base
de la langue…) qui se détendent pendant le sommeil.
Les ronflements sont majoritairement dus à un mauvais
positionnement de la tête, et au relâchement des muscles
de la bouche et de la gorge durant le sommeil. La luette
et le voile du palais s’affaissent, bloquant plus ou moins le
passage de l’air, particulièrement lors de l’inspiration, ce
qui induit des vibrations sonores pouvant atteindre jusqu’à
110 décibels, là où le seuil de nocivité pour le système
auditif est de 85-90 décibels.
Contrairement à l’idée reçue, ronfler n’est pas un signe de
sommeil profond, il est le signe d’une gêne au niveau de
la gorge et peut amener à une apnée du sommeil. Pour
parler de syndrome d’apnée du sommeil, les interruptions
de respiration doivent durer au moins 10 secondes et se
reproduire 5 fois par heure au minimum. Dans les cas les
plus graves, les arrêts respiratoires peuvent dépasser 1
minute et se reproduire jusqu’à 100 fois par heure.
Entraînant plusieurs micro-réveils pendant la nuit, l’apnée
du sommeil interrompt les cycles naturels amenant à un
sommeil profond.
Un cercle vicieux se met en place : la baisse d’oxygène
dans le sang entraine une augmentation de la tension
artérielle et une accélération du rythme cardiaque
jusqu’à 140 pulsations par minute. En dette d’oxygène,
le muscle cardiaque est soumis à un stress important qui
se répète plusieurs dizaines de fois chaque nuit. Il est
rare que le dormeur s’en rende compte, le conjoint sera
souvent le sonneur d’alarme. Pourtant, plusieurs signes
peuvent faire penser à l’apnée du sommeil. Se sentir
régulièrement et constamment fatigué au quotidien,
s’assoupir involontairement dans des situations passives
(comme lorsque vous lisez un livre ou regardez la télé)
Par le Docteur Rémy Clément
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Apnée
& ronflement
du