EM
n°51 juin / juillet 2015
(9)
Par Laure Mendel,
Docteur en Pharmacie
phytothérapie
cranberry
La
ange gardien de la vessie
Adulée par les américains, la cranberry est consommée en France sous forme de jus de
fruit. Elle connaît un engouement croissant. En effet, cette baie rouge est un véritable
bouclier contre les infections urinaires. Grâce à cette propriété, elle est aujourd’hui
vendue en gélules dans les pharmacies.
Un peu d’histoire…
La cranberry, également appelée canneberge en France, a
d’abord été exploitée en Amérique. Monnaie d’échange,
c’était l’Or rouge du Nouveau Monde ! Les
Amérindiens avaient pour habitude de la
consommer (et de se gorger de vitamines).
Son pigment rouge était aussi
utilisé pour colorer tissus et
peintures. A l’époque, les
fruits avaient déjà un
usage médicinal dans les
problèmes de vessie ou
de rein. Introduite par la
suite en Europe, il a fallu
attendre la fin du XX
ème
siècle
pour que ses propriétés
« a n t i - c y s t i t e » s o i e n t
reconnues scientifiquement
par des études.
Au cœur de la baie
La cranberry fait partie de la même espèce
que la myrtille. Plante rampante des tourbières, elle est
reconnaissable par ses petites fleurs rouges ou roses, qui
ressemblent à des têtes de grue. D’où son nom (« crane »
veut dire grue en anglais). Mais la canneberge est surtout
réputée pour ses baies bien rouges, consommées séchées
ou en jus. Elles renferment une multitude de vitamines et
minéraux, dont la vitamine C (13,5mg/100g) et le magnésium
(5mg/100g). Cependant, l’intérêt « thérapeutique » de la
cranberry vient de ses antioxydants, et plus particulièrement
des proanthocyanidols. Ces molécules ont le pouvoir
d’empêcher l’adhésion des bactéries Escherichia coli (celles
qui sont responsables des infections urinaires) sur la vessie.
A bas les infections urinaires
Si les bienfaits des cranberries sur la vessie font l’objet de
recherches depuis longtemps, ils sont en France validés
officiellement. Et en 2008, l’AFSSAPS (agence française
de sécurité sanitaire des produits de santé) a confirmé les
propriétés de ses substances actives, les proanthocyanidols
ou PAC. Mais pas à n’importe quelle dose ! Il en faut en
prendre 36 mg/jour pour être efficace contre les récidives
d’infections urinaires. La cure doit
se prolonger au moins un mois. A
noter : la « cranberry médicale »
(Vaccinium
macrocarpon)
est
principalement cultivée en Amérique
du nord et au Chili.
Du bon usage
Aujourd’hui, la canneberge se retrouve
sous forme de compléments alimentaires
(Urell, Urisanol…) conseillés en prévention
des cystites à répétition. Ces produits ont
l’avantage de pouvoir convenir aux femmes
enceintes. Ils sont même maintenant prescrits
par des urologues. Mais attention, la cranberry ne
remplace pas les antibiotiques en cas d’infection
avérée ! Elle ne doit pas faire oublier les bonnes
habitudes « anti-cystite » : boire au moins un litre et demie
d’eau par jour et ne pas se retenir pour uriner…
©ExQuisine_Fotolia
JUS OU GÉLULE
On trouve facilement dans le commerce du jus
de cranberry, dont ceux de la marque américaine
Oceanspray, leader de cette catégorie de produits. C’est
donc tentant : boire du jus au lieu d’avaler des gélules. Et
ce, pour éviter des infections urinaires. On a l’impression
de ne pas suivre un traitement ! Mais pour avoir la dose
active présente dans une gélule, il faut boire au quotidien
300 ml de jus (soit trois verres) contenant 25% de pur jus
de fruit. Imaginez une cure sur plusieurs mois… Il faut
vraiment aimer le jus de cranberry ! Très acide « pur »,
il est commercialisé avec une bonne dose de sucre dans
les bouteilles. A prendre en compte, surtout pour celle et
ceux qui veulent garder la ligne.