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n°52 nov. / déc. 2015
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Les enjeux autour de l’ observance des traitements médicamenteux
sont d’une grande importance, en particulier chez les personnes
âgées qui sont les plus gros consommateurs de médicaments souvent
chers et remboursés à 100%. Mais l’observance n’a pas qu’une
dimension économique. C’est aussi un double défi, de qualité de vie
pour les malades et de santé publique pour le pays.
Par le Docteur Rémy Clément
n matière de santé publique, l’observance thérapeutique
est un sujet sensible, définie par le degré de concordance
entre le comportement de la personne et les prescriptions
de son médecin. Selon les études, la mauvaise observance
concernerait entre 30 et 50% des patients de manière
régulière, voire 90% des personnes atteintes d’affections
chroniques à un moment donné de leur maladie. Les
personnes âgées sont, bien sûr, particulièrement
touchées par ce fléau.
Une étude de la société IMS Health, portant sur
près de 170 000 patients dans 6 400 pharmacies et
six pathologies chroniques (hypertension artérielle,
ostéoporose, diabète de type 2, insuffisance cardiaque,
asthme, hypercholestérolémie), a livré fin 2014 un reflet
assez calamiteux de la réalité de l’observance en France.
Celle-ci ne dépasse pratiquement jamais 50%. Dans
l’asthme, seuls 13% des patients sont observants. Un
triste record !
Le défaut d’observance entraîne d’importantes
conséquences médicales et économiques mettant à
mal le système de santé. Selon IMS, la sécurité sociale
pourrait économiser pas moins de 9 milliards d’euros par
an en améliorant l’observance des patients traités pour
maladies chroniques.
A l’hôpital, 40% des dépenses en psychiatrie pourraient
être imputées aux rechutes par défaut d’observance.
Éduquer le patient
La non-observance n’est pas de la seul responsabilité
du patient, c’est un phénomène très complexe qui fait
intervenir plusieurs acteurs. Aussi, peut-on parler de la
chaîne de l’observance, de la consultation à la prise du
médicament au domicile de la personne âgée.
En effet, chaque acteur a son rôle à jouer face aux
principales causes d’une mauvaise observance, entre
facteurs psychologiques et comportementaux des
patients, entre méconnaissance de la pathologie et
mauvaise compréhension du traitement, entre sous-
estimation des risques et des conséquences du respect
approximatif d’un traitement, entre intolérance du
médicament et peur de stigmatisation de la maladie, etc.
Parmi les principales causes de non-observance, les
oublis arrivent en tête (25 %), suivis de « la crainte
des effets secondaires » (24 %), de « la guérison
totale avant la fin du traitement » (19 %) et d’une
certaine « lassitude » (14 %), selon une étude Opinion
Way / Welcoop de novembre 2014.
L’éducation thérapeutique du patient est, selon
différentes recherches, l’une des opportunités
d’améliorer le niveau d’observance sous réserve qu’elle
soit pratiquée dans le cadre d’une coordination des
soins entre les différents professionnels de santé. Pour
les spécialistes de l’observance, il faut penser autrement
le comportement d’adhésion du patient au traitement
médicamenteux. Les meilleurs résultats viennent de
la compréhension du style de vie du patient, associée
à une éducation thérapeutique et un support de
distribution de médicaments adapté, en particulier pour
les personnes âgées.
La PDA et le
numérique :
des solutions
adaptées au 3
ème
âge
Ainsi, plusieurs leviers peuvent être employés pour
améliorer l’observance chez les personnes âgées,
qui, sans être très novateurs, peuvent être sources de
progrès : mieux informer les patients, mieux former
les professionnels de santé à la communication sur
les traitements (incluant la pédagogie, l’empathie…)
et les inciter à promouvoir l’observance, condition
nécessaire à l’évolution des comportements, mobiliser
les associations et l’entourage du malade, déclarer
l’observance « grande cause nationale » afin de
renforcer la visibilité du sujet et catalyser les efforts…