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EM

n°57 février / mars 2017

(7)

es soins palliatifs constituent une grande avancée

sociétale, en donnant aux patients en fin de vie des droits

et surtout en améliorant la prise en charge afin de leur

permettre de poursuivre une vie « presque normale » sans

souffrance physique, avec un accompagnement et un

soutien moral digne.

Avant la Loi.

C’est grâce au trav il du Dr Cicely Saunders que ce que

l’on nomme aujourd’hui, les soins palliatifs, voient le jour

à Londres en 1967, au Saint-Christopher’s Hospice. Cet

établissement deviendra très vite en Grande-Bretagne,

aux Etats-Unis et au Canada, l’institution de référence

dans le soin des malades en fin de vie. C’est d’ailleurs

à Montréal que fut crée le terme de « soins palliatifs ».

Au milieu des années 70, cette expérience commença à

être connue en France et à susciter l’intérêt de quelques

médecins traitants des patients admis en fin de vie, suite à

la récidive de leur cancer. En 1986, les soins palliatifs sont

officiellement reconnus et, en 1987, s’ouvre la première

Unité française de soins palliatifs dirigée par le Dr Maurice

Abiven. Pendant très longtemps, par la mise en place de

la gestion de la douleur par la morphine («mort fine »)

notamment, une grande partie de notre société, par

inquiétude, a considéré ces lieux comme des mouroirs. Les

mentalités ont évolué mais le chemin reste à faire.

Car replacer la mort dans le cycle de la vie auprès du

plus grand nombre n’est pas si simple. L’époque donne

à celui qui veut l’entendre une impression d’immortalité

et lorsque le moment de la fin de vie approche, celui-là

même ne comprend pas ce qui arrive, le laissant, lui et ses

proches, dans une sorte de flottement d’incompréhension.

Ceci débouche souvent sur des situations délicates aux

yeux de ceux qui accompagnent, donnant à ces instants

de fin de vie une atmosphère pesante et inconfortable.

Loi et évolution.

a L i du 9 juin 1999 a donné des dr its aux patients en fin

de vie, dans le but d’aménager leurs derniers moments, de

partir en limitant l’inconfort et de préserver leur dignité.

Ces droits à la fin de vie ont été mis à jour et réaffirmés par

la loi Leonetti votée le 22 avril 2005, puis l’an dernier, le 2

février 2016. Avec cette dernière, les droits du patient en

fin de vie ont été renforcés. Le moment de la fin de vie est

un temps particulier. Il est malheureusement trop souvent

déserté dans la société actuelle par la peur de souffrir, la

peur de l’acharnement thérapeutique et la peur de la mort.

Si on parle autour de soi de cette Loi qui évolue depuis

presque vingt ans et qui est relative aux droits des malades

en fin de vie, on s’aperçoit que très peu de personnes sont

au courant de son contenu et des droits qu’elle offre à

chaque citoyen...

Les soins palliatifs restent toujours un sujet difficile à

aborder, même entre amis, car la peur de la mort et le

droit au « bien mourir » reste encore tabou.

Sédation profonde

Selon les termes de la loi, le patient atteint d’une affection

grave et incurable se voit reconnaître un droit à la sédation

profonde lorsqu’il souhaite éviter toute souffrance. Cette

possibilité lui est offerte dans deux cas : lorsqu’il présente

une souffrance réfractaire aux traitements qui lui ont été

administrés et lorsque sa décision d’arrêter ces traitements

ferait naître une souffrance insupportable. Il dispose

désormais d’un droit de décider de quelle manière sa vie doit

prendre fin, à condition qu’il soit en mesure de composer

librement sa volonté. Mais attention, les rédacteurs de la

loi, n’ont pas ouvert un droit à la mort, à l’euthanasie ou

à un suicide assisté. Il n’était absolument pas question

de pouvoir proposer une sédation à but terminal, mais

d’associer à un arrêt des traitements de maintien de vie et

dans les cas indiqués par la loi, une sédation profonde et

continue afin d’éviter toutes souffrances. A la suite d’une

concertation sur la question de la fin de vie, la loi pose le

principe selon lequel toute personne a droit à une fin de

vie digne et apaisée et les professionnels de santé doivent

mettre tous les moyens à leur disposition pour que ce droit

soit dignement respecté.

Directives anticipées

La loi donne également une force ontraignante aux

directives anticipées, destinées à faire connaître les

souhaits du patient rédigés en pleine conscience, s’il

devait se trouver en situation de fin de vie. Ainsi, toute

personne majeure, « saine de corps et d’esprit », peut

rédiger des directives anticipées pour le jour où elle

serait éventuellement hors d’état d’exprimer sa volonté

et celles-ci s’imposent désormais aux médecins. Mais

comment parler des directives anticipées avec un patient

et l’aider à les rédiger ? Une femme déclarait : « En parler

c’est bien, mais lorsqu’il s’agit de prendre une feuille et un

stylo pour la remplir, c’est une autre histoire ». Si l’on est

sensibilisé à cette situation, il est donc pertinent de se

poser cette question avant de tomber malade ou d’avoir un

accident de la vie,…avant qu’il ne soit trop tard.

Développement et

formation

La loi tend au développement des soins palliatifs. Il y

est notifié la garantie de l’accès aux soins palliatifs sur

l’ensemble du territoire. Elle prévoit que les étudiants

en médecine, les médecins, les infirmiers, les aides-

soignants, les aides à domicile, les pharmaciens et les

psychologues cliniciens auront obligation de suivre

une formation spécifique aux soins palliatifs. Dans le

domaine de la formation, tant en médecine qu’en soins

infirmiers, de nombreuses propositions ont été avancées

par la Société Française d’Accompagnement et de soins

Palliatifs

1

(SFAP) : reconnaissance universitaire des soins

palliatifs, recommandations de programmes pour le 2

ème

(1)

http://www.sfap.org