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EM

n°57 février / mars 2017

(8)

actualités

cycle, pour les diplômes universitaires (DU), évaluations

des formations, équivalences, statuts des enseignants.

Présentée par la Ministre de la Santé, Marisol TOURAINE,

le 3 décembre 2015, une campagne a été inscrite dans

le Plan national 2015-2018 pour le développement et

l’accompagnement en fin de vie :

« Rester maître de sa vie

jusqu’au moment où on la quitte est un enjeu de dignité,

une exigence démocratique citoyenne. J’ai lancé cette

campagne pour que les professionnels disposent de toutes

les informations et de toute l’aide possible pour assurer

ce droit. Les Français seront aussi mieux informés. Nous

le leur devons »

, a t-elle déclaré. Le 2ème volet ce cette

campagne sera lancé en février de l’année 2017.

En application de l’article 10 de la loi, la Caisse Nationale

d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés crée une

dotation pour soutenir la formation des bénévoles

d’accompagnement. La gestion de ces fonds est confiée

à la SFAP qui établit le cahier des charges et instruit les

demandes de subvention ? Entre 2000 et 2005, plus de cinq

million et demi d’euros ont été alloués aux associations

pour leur permettre de former leurs bénévoles.

Dans toute la France, près de 25000 membres d’associations

d’accompagnement et plus de 5000 soignants participent

à ce travail de tous les jours.

Conclusion :

« J’accompagne car

j’aime la vie ! »

Cela fait bientôt vingt ans que j’accompagne des

personnes en fin de vie. J’ai fait ce libre choix à l’âge de

trente ans après des années de réflexion sur la mort, la

vie et l’existence. À l’époque, l’on ne parlait pas autant

des soins palliatifs, il existait très peu d’unités et de lits

dédiés à ces soins dans les hôpitaux. Pourtant, on apprend

beaucoup et on reçoit beaucoup.

Avec les avancées médicales, l’homme se croit

indestructible et ne vit pas en prenant en compte sa

finitude. L’accompagnant bénévole, n’est pas dans un

déni de la mort, il sait qu’elle va survenir un jour et il

l’accepte. La majeure partie des personnes pensent que la

mort est présente lors des accompagnements. Certes, elle

peut survenir, effectivement, et un patient peut mourir

lors d’un accompagnement ou juste avant d’entrer dans

une chambre, mais on ne la voit jamais nous fixer quand

on pénètre dans celle-ci ou que l’on est assis à côté d’une

personne accompagnée.

L’accompagnant bénévole en soins palliatifs est bien un

porteur de vie. Il accompagne la vie, aussi faible soit

elle. Même maintenue par une respiration difficile ou une

respiration assistée, c’est bien cette respiration, cette vie

qu’accompagne le bénévole. Dans un acte de générosité,

il s’inscrit dans la reconnaissance du souffle de vie, celui

qui relie tous les hommes et cela depuis le premier jour.

L’accompagnement doit se réaliser dans des attitudes

et des comportements d’ouverture, dans une quête

d’adaptation permanente, dans une posture d’échange

qui est toujours unique et singulière avec le malade.

C’est une démarche volontaire qui situe les intentions

et les actes du bénévole dans un souci d’amélioration

continue de la pratique palliative. La grande difficulté

dans les années à venir sera de réussir à sensibiliser et

à faire connaître la loi au plus grand nombre, laquelle

crée de nouveaux droits en faveur des malades et des

personnes en fin de vie, de faire connaître les droits

qu’elle octroie à chaque citoyen et surtout de faire que la

culture palliative s’inscrive dans une démarche naturelle

de la vie des personnes gravement malades. C’est là, le

moment crucial qu’Elisabeth Kübler-Ross définit comme

« l’étape finale de la croissance »

2

:

« L’affrontement

avec la mort peut être très pénible. On peut être tenté

de l’éviter et de fuir la confrontation mais si vous avez le

courage de l’assumer quand elle se présentera dans votre

vie, de l’accepter comme une partie importante et valable

de la vie, alors vous croîtrez, que vous affrontiez votre

propre mort, celle de quelqu’un qui est confié à vos soins

ou celle d’un être cher. »

Ce dernier point soulève une question importante car

transmettre l’esprit palliatif est une chose mais réussir

à accueillir le maximum de patients dans des structures

adaptées et dédiées à ces soins en est une autre. Nous ne

pouvons qu’espérer, mais déjà, si la loi du 2 février 2016

peut permettre d’éviter des situations extrêmes, comme

celle que vit Vincent Lambert et qui se prolonge depuis

presque huit longues années, ce sera déjà un grand pas

vers la dignité humaine.

Une question est souvent posée.

«Avec « eux », tu fais

quoi ? »

J’ai souvent envie de répondre :

« Eux,  c’est

peut-être toi, bientôt . »

Je me contente alors de dire une

autre vérité :

« Cela dépend, rien n’est jamais pareil et

chaque accompagnement est un cas particulier . A chaque

accompagnement commence une nouvelle histoire et à

chaque être rencontré…une nouvelle vie ! »

Pour plus d’informations :

www.aspfondatrice.org www.social-sante.gouv.fr/findevie www.soin-palliatif.org

ou 0 811 020 300

www.has-sante.fr/directives-anticipées

(2)«La mort, dernière étape de la croissance» de Elisabeth KUBLER-ROSS,

édition Poche. Médecin psychiatre internationalement reconnue, Docteur

honoris causa de nombreuses universités américaines, elle est une pionnière

dans l’accompagnement des personnes en fin de vie.

SAVOIR ET FAIRE SAVOIR

Selon le rapport Sicard paru en 2012, 70%

des Français ignoraient l’existence de la loi

de 2005 et, plus problématique encore, un

soignant sur deux ne la connaissait pas

précisément. Une loi ne suffit pas, il faut

des moyens pour la faire connaitre, pour

former les professionnels, pour la mettre en

œuvre à l’hôpital, en EHPAD et à domicile.