S
ans gravité mais inesthétique, la couperose est une
rougeur du visage évoluant par poussées. Un terrain
génétique et une fragilité des capillaires y prédisposent.
Plusieurs facteurs déclenchants sont connus : émotion,
stress, prise d’excitants, d’alcools, de certains médicaments
(vasodilatateurs…), exposition au soleil, brusques variations de
température…
Au début, les rougeurs surviennent occasionnellement, vont
et viennent au gré des agressions extérieures et des émotions
intérieures. Les vaisseaux sanguins, aussi fin que des cheveux,
parcourant les joues et les ailes du nez, se dilatent exagérément,
puis se contractent. Au fil des ans et en l’absence de traitement
adapté, ces rougeurs peuvent devenir permanentes, puis
s’aggraver avec l’apparition de petits boutons et entraîner une
« acné rosacée », terme générique employé par les dermatologues
bien qu’il ne s’agisse pas d’acné à proprement parler. « Ces coups
de chaud » passagers couvent parfois longtemps avant d’exploser
à 40 ou 50 ans. En France, plus de 4 millions de personnes
rougissent de rougir
1
.
Réagir au quotidien
Crèmes vasculoprotectrices à base de plantes (mélilot, ruscus,
lierre…), eaux thermales en spray, crèmes de soins pour le visage,
masques apaisants, laser vasculaire, électrocoagulation…, les
dermatologues disposent aujourd’hui d’un véritable arsenal
anticouperose.
Plus on s’occupe tôt de sa couperose, plus il sera facile de
stopper son évolution. Pour commencer, il faut repérer le
facteur déclenchant et l’éviter au maximum pour prévenir toute
intensification des crises. Ensuite, il faut adapter une routine de
soin sur-mesure et choisir son soin de jour en fonction de son type
de peau et de la saison. Pour protéger les peaux les plus sèches,
ou lorsqu’il fait froid, privilégier des soins anti-inflammatoires,
hydratants et anti-rougeurs à la texture plus riche. Pour les peaux
normales à mixtes, une émulsion hydratante protectrice suffit. Ce
soin « multifonctions » est à précéder d’une brumisation d’eau
thermale apaisante. Pour camoufler les rougeurs, on peut faire
appel à des fonds de teint fluide ou des crèmes de teint compact
selon l’intensité des rougeurs ou encore des sticks correcteurs
en vert (couleur complémentaire du rouge), pratiques pour les
retouches dans la journée. Et si ces produits sont enrichis de
filtres anti-UV, c’est encore mieux en termes de protection.
Pour le soir, "non" aux toilettes vigoureuses, aux gommages et
1 Tan J, Berg M. J. Am Acad Dermatol 2013; 69: S27-35
aux savons trop alcalins qui fragilisent les épidermes réactifs.
"Oui" à un lait démaquillant en douceur ou à une eau micellaire
adaptée aux peaux sensibles, et à un masque apaisant, diffusant
des actifs anti-rougeurs.
Le laser à la rescousse
Un traitement au laser (deux techniques : KTP ou colorant
pulsé) ou à la lampe flash est aussi possible quand l’amélioration
apportée par les crèmes est insuffisante. Il ne traite pas la fragilité
capillaire, il en fait simplement disparaître les manifestations. La
réduction des rougeurs, avec plusieurs séances (entre 3 et 5, en
moyenne, espacées d’au moins un mois), est de l’ordre de 60 à
80%
2
. Si l’on ne suit aucun traitement préventif, la couperose
réapparaît quelques années plus tard et de nouvelles séances
sont alors recommandées.
L’électrocoagulation des petits vaisseaux capillaires, à base de
chocs électriques, est également un bon traitement de fond de
cette affection
3
, mais est de moins en moins utilisée. Avant le
laser, elle était le traitement de référence.
2
https://www.abimelec.com/traitement-rougeur-laser.html, Dr Philippe
Abimelec -dermatologue, ancien attaché à l’hôpital Saint-Louis, Membre de la
société française de dermatologie
3
https://www.afme.orgImprévisibles, capricieuses, donc difficiles à combattre, les
rougeurs de la couperose peuvent parfois gâcher la vie et
l’image de soi. Heureusement, il existe des solutions et des
gestes d’hygiène pour ne plus rougir pour un oui ou un non..
Par Pierre Botrel,
Docteur en Pharmacie
QUELQUES ASTUCES
ANTI "COUP DE CHAUD"
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Éviter les plats et boissons trop chauds, trop épicés.
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Éviter les gros écarts de température.
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Lors d’exposition au soleil, se protéger avec des
soins adaptés, dotés d’une photoprotection élevée.
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Débuter un traitement au laser en hiver pour éviter
tout risque de photosensibilisation sous l’effet du soleil.
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s a n t é
N°60 - Nov. / Déc. 2017