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Les dangers du deuil pathologique

Si l’on n’est pas passé par toutes les étapes, on peut rester

« bloqué » dans sa souffrance et ne pas arriver « à faire son deuil »

de l’absence et de ne jamais dire au revoir, tout ceci, générant

une souffrance permanente.

Un deuil pathologique non traité porte en son sein, toute

une panoplie de conséquences psychosociales non négligeables

allant de l’anxiété à la dépression. Ses expressions extrêmes

seront les phobies, les crises de panique, les troubles du

comportement alimentaire, les TOC, les pensées morbides et

suicidaires etc...

Casser les blocages du deuil

Regrets, sentiments de frustration, culpabilité, déni, non-

dits, autant de facteurs psychologiques et émotionnels pour la

personne qui les subit et qui est face à un tsunami émotionnel :

« je n’ai pas eu le temps de profiter de lui », « je n’ai pas pu lui

dire au revoir », « ce n’est pas juste », « pas comme ça et pas

aussi tôt » ou encore « je n’ai pas pu lui dire combien je l’aime »,

« je n’ai pas assez profité de sa présence, si j’avais su » etc. et

la liste des non-dits est longue. Tous ces éléments bloquent le

processus du deuil qui ne peut plus faire son chemin.

Accepter sa douleur et faire face

Ce n’est pas une mince affaire ! Cela nécessite la collaboration de

plusieurs disciplines médicales en plus des thérapies brèves.

La sophrologie donne des outils pour évacuer les symptômes, mais

elle ne changera pas la souffrance. Elle apprendra à mieux cohabiter

avec le vide et l’absence, mais elle n’épongera pas le chagrin.

Toutefois, la difficulté première est d’affronter sa douleur, de

rejeter le déni, processus nécessaire à la guérison.

Encore faut-il être prêt à le faire !

L’apport de la sophrologie

pour faire le deuil

Toute une période de décompensation est à prévoir. Nous

l’avons vu, la personne va passer par plusieurs étapes, le

choc, le déni, la colère, la douleur et l’évitement... Tous ces

sentiments sont naturels et ont leur raison d’être.

Il faudra faire plusieurs deuils, dire au revoir à l’enfant et faire

son deuil quant à sa parentalité. Pour certaines femmes qui

sont en parcours de procréation médicalement assistée ou qui

ont des grossesses difficiles et pathologiques, le parcours du

combattant qui s’est soldé par un deuil à l’appui, devient une

triple violence !

La sophrologie reconnecte la maman endeuillée à son corps

qui a porté et a perdu l’enfant. Elle lui permet d’accepter ses

émotions. Une prise de conscience dans la douleur mais qui

reste nécessaire pour son parcours de reconstruction.

Résilience en action

Résilience vient de l’anglais moderne «resilience», lui même issu

de l’origine latine «resilio» (de «resilire» à l’infinitif): sauter,

rebondir... et, par extension, s’en sortir. Cependant, tout dépendra

des ressources qui vont accompagner cette étape importante.

C’est un parcours qui reste très personnel et qui doit tenir compte

d’une certaine « écologie » des étapes car cette souffrance est

souvent accompagnée d’un état de stress post-traumatique (qui

nécessite une prise en charge psychologique ou psychiatrique)

et, là, c’est plus long…

La sophrologie permet de s’ancrer dans l’ici et maintenant

pour ensuite se projeter «guérie» dans le futur.

On ne guérit jamais de la mort

d’un enfant, on apprend à l’accepter

Tout passe par le corps, l’expérience et la résilience de la

personne. Apprendre à s’écouter, à accepter, à revivre pour ensuite

transformer cette douleur en force. Pour casser le film traumatique

d’une souffrance à l’infini, car l’enfant ne reviendra pas.

Prendre conscience de cela, l’accepter, mettre de la douceur

et des raisons sur cet inéluctable, c’est un pas vers « l’auto-

rédemption» et la reconstruction.

Le temps de la reconstruction

Apprendre à respirer, à se concentrer, à se reconnecter à son

corps, puis accepter de laisser partir enfin…

En séance, il faut travailler sur la perte, l’acceptation de ce qui

est, pour aller vers la projection positive dans l’avenir.

La patiente pourra envisager une nouvelle maternité… et croire

en son corps et à ses capacités de vie. Elle doit apprendre à aimer

ce corps et ne plus culpabiliser parce qu’elle n’a pas pu donner la

vie durablement, qu’elle en était incapable !

Cette démarche est un vrai travail sur soi pour enlever tous les

stigmates de ce post-partum, pour amener plus d’amour et de

bienveillance sur soi. Dans le cas d’un deuil périnatal, il est

important de penser à l’accompagnement individuel, cela reste

un voyage personnel douloureux mais salutaire.

En revanche, le travail sera plus long, à moins d’un suivi avec une

autre thérapie (consultation d’une psychothérapeute spécialisée

dans le deuil périnatal…).

Les séances de groupe, avec d’autres parents endeuillés, comme

certaines associations le proposent, sont possibles.

Fériel Beraies-Guigny

Sophrologue

Spécialisée dans l’accompagnement concernant la personne âgée,

la pathologie cancéreuse, la sexualité, l’enfance, la périnatalité et

l’entreprise (formée à l’IFS Paris, certifiée par le Registre National des

Certifications Professionnelles).

Praticienne en Hypnose Ericksonienne (certifiée à Xtréma Paris).

fbsophro@gmail.com www.feriel-berraies-therapeute.com

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s a n t é

N°61 - Mars / Avril 2018