EM45_book - page 17

EM
n°45 nov. / déc. 2013
(17)
Par Florence Lisieux,
Docteur en Pharmacie
parents-enfants
Le vaccin contre le cancer du col de l’utérus est apparu dans le calendrier vaccinal de
nos ados il y a trois ans. Il s’adresse à toutes les jeunes filles. Mais quel est son intérêt ?
Dilemme : le vaccin est-il utile
si on réalise des frottis
régulièrement ?
Une femme qui réalise des frottis tous les 3 ans ne risque pas (en
principe) de décéder d’un cancer du col de l’utérus. En revanche,
ce suivi n’évite pas l’apparition de lésions pré-cancéreuses. Elles
peuvent parfois être découvertes à des stades avancés car la
fiabilité d’un frottis n’est pas de 100%. Si la plupart des anomalies
(lésions de bas grade) régressent spontanément, d’autres évoluent
défavorablement (lésions de haut grade). Il faut heureusement
compter une dizaine d’années en moyenne pour qu’elles se
transforment en cancer invasif. Ce qui laisse le temps d’intervenir
par laser ou par chirurgie. L’intérêt du vaccin dans tout ça ? En
empêchant le cancer de se révéler dans certains cas, il évite le choc
psychologique de l’annonce et des soins.
Cancer du col
faut-il vacciner ?
Un vaccin contre le cancer du col ? On ne peut à priori que
se réjouir. La maladie touche en effet près de 3000 femmes
par an dans notre pays et se solde malheureusement par une
issue fatale pour plus de 20% d’entre elles. Particularité de ce
cancer : il est provoqué par des virus. En effet, les infections
par des papillomavirus humains (HPV) sont à l’origine des
lésions pré-cancéreuses. D’où l’idée de développer un vaccin
ciblé contre les HPV.
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Que contient ce vaccin ?
Il est constitué de protéines fabriquées par le génie génétique,
semblables à celles retrouvées à la surface des papillomavirus.
L’objectif est d’inoculer ces protéines pour « forcer »
l’organisme à se défendre, en produisant des anticorps contre
les virus. Les laboratoires ont ciblé les HPV les plus dangereux
et les plus fréquents.
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Est-il efficace à 100%?
La réponse est non, dans la mesure où la vaccination ne concerne
pas tous les types d’HPV (il en existe une quinzaine !). Néanmoins,
elle cible les HPV responsables de 70% des cancers du col de
l’utérus. Il faut savoir que l’immunité conférée par le vaccin est
supérieure puisqu’elle fonctionne aussi en partie sur d’autres virus.
On peut donc avancer que le vaccin protège au moins à 70%. A
condition de vacciner avant
tout contact avec les virus.
Il reste cependant une
grande inconnue : celle
de la durée d’efficacité.
L’avenir et la poursuite
des études le diront.
Dans tous les cas, le
vaccin reste un
acte préventif et ne
possède aucune
action traitante.
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Présente-t-il des risques ?
Effectuées sur des milliers de femmes, les études publiées
montrent que les vaccins existant (Gardasil®, Cervarix®) sont
bien tolérés en général. Des réactions locales au point d’injection
peuvent apparaître mais sont de courte durée. On rapporte aussi
une fatigue possible durant quelques jours. Sans aucune gravité.
Il existe cependant une polémique selon laquelle le vaccin serait
responsable de problèmes auto-immuns, voire de décès, mais
aucun lien de cause à effets n’a pu être démontré. Quoi qu’il en
soit, un plan national et européen de gestion des risques a été
mis en place pour une assurer une sécurité optimale.
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A quel âge vacciner ?
Le calendrier vaccinal français recommande la vaccination entre
11 et 14 ans. L’objectif est d’intervenir avant les premières
relations sexuelles car les Papillomavirus se transmettent durant
les rapports. Le plus souvent, ce sont les « premières fois » qui
sont les plus contaminantes. Les virus ne sont pas présents dans
le sperme et « s’attrapent » par contact avec les organes génitaux
masculins (de simples attouchements suffisent). Plus tôt on
vaccine et mieux c’est. Il est cependant proposé une vaccination
dite de rattrapage aux jeunes filles entre 15 et 19 ans.
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