EM45_book - page 13

EM
n°45 nov. / déc. 2013
(13)
En ce qui concerne, les médicaments, il doit bien
évidemment choisir une molécule adaptée et bien
tolérée pour faciliter l’observance. Il doit également bien
expliquer la maladie au patient et lui parler des éventuels
effets indésirables des médicaments pour qu’il ne soit pas
surpris... Certains de ces effets, notamment les troubles
sexuels avec certains produits, sont des causes fréquentes
d’abandon de traitement.
Outre un traitement médicamenteux, il est également
nécessaire d’envisager une psychothérapie associée. En
effet, des troubles de la personnalité, des événements
vécus douloureusement ou susceptibles d’engendrer
des situations conflictuelles font fréquemment indiquer
une psychothérapie en association au traitement
médicamenteux.
Les
psychothérapies
(analytiques,
cognitivo-
comportementales…) permettent de réduire l’impact
traumatique d’un épisode dépressif majeur et de trouver
des explications à la maladie.
Comme lors d’un premier épisode dépressif, le patient
en récidive nécessite une prise en charge efficace,
rapidement mise en œuvre. La durée du traitement est
d’autant plus prolongée que les épisodes antérieurs
ont été nombreux, sévères, qu’il existe des pathologies
associées et des antécédents familiaux de troubles
dépressifs. A partir de trois récidives, le traitement sous
antidépresseur (en association avec une psychothérapie)
est de 18 mois minimum (souvent entre trois et cinq
ans). C’est la condition indispensable pour éviter une
nouvelle rechute (réapparition des symptômes de la
maladie après amélioration mais avant le délai requis
pour parler de guérison), ce qui doit être clairement
expliqué au patient, pour qui le traitement paraît long,
surtout lorsqu’il se sent « guéri ».
L’arrêt du traitement se fera d’autant plus progressivement
que sa durée aura été longue et la posologie élevée,
pendant quelques semaines à quelques mois, en surveillant
l’éventuelle apparition de nouveaux symptômes dépressifs
ou de manifestations de sevrage.
importantes. Les retentissements familiaux, sociaux et
professionnels sont d’autant plus importants lorsque la
dépression revêt un caractère récidivant.
Il existe clairement des profils à risque de récidive.
Certains facteurs prédictifs de la récurrence des épisodes
dépressifs sont bien identifiés : sexe féminin, histoire
familiale de dépression, niveau socio-économique
défavorisé, début précoce du trouble (notamment dans
l’adolescence), nombre important d’épisodes antérieurs et
d’hospitalisations antérieures, événements de vie à type
de perte ou de deuil, persistance de symptômes résiduels
(rémission incomplète de la dépression), existence de
troubles psychiatriques ou somatiques associés, prise en
charge insuffisante (durée de traitement trop courte, arrêt
de traitement prématuré), mauvaise observance…
Les causes des récidives de dépression sont nombreuses.
Il existe certainement une vulnérabilité génétique
et un « génie » évolutif de la maladie. Les facteurs
environnementaux (stress, événements de vie
défavorables…) sont bien connus.
Traitement
de la dépression
et de sa récidive :
même combat
Comment éviter que la récidive ne devienne une fatalité ?
En premier lieu, le premier épisode doit être diagnostiqué
rapidement, pris en charge et traité par un antidépresseur
adapté, à la bonne posologie. Il faut donc instaurer une
prise en charge précoce (un traitement trop tardif risque
d’aggraver le pronostic).
L’objectif du traitement antidépresseur va être d’obtenir la
rémission complète afin de limiter le risque de rechutes et
d’éviter le passage à la chronicité.
Le traitement par un médicament antidépresseur com-
prend :
une phase d’attaque de 1 mois ½ à 3 mois visant à
atteindre la rémission complète des symptômes ;
une phase de consolidation sur 4 à 5 mois pour prévenir
les rechutes.
Le délai d’action des antidépresseurs est compris entre 2 et
4 semaines. Les symptômes s’améliorent progressivement.
Il s’agit d’abord de l’anxiété et du sommeil lors des
3 premiers jours. A une semaine, le ralentissement
psychomoteur s’améliore, puis entre 15 et 20 jours l’humeur
elle-même. Le délai nécessaire à l’obtention d’une réponse
thérapeutique complète est de 6 à 8 semaines.
Laduréedetraitement,de6moisminimum,doitimpérativement
être respectée pour diminuer le risque de rechute. On sait en
effet qu’un patient sur trois suit mal son traitement, ce qui
explique en partie les taux aussi élevés de récidives.
L’observance est donc un des éléments clés pour amener
le patient à la guérison. Le traitement antidépresseur ne
doit pas être interrompu lorsqu’il existe des symptômes
résiduels. Cela impose pour le médecin d’être vigilant sur
le suivi au long cours de ses patients.
ATTENTION AU SEVRAGE
BRUTAL AUX ANTIDÉPRESSEURS
Une interruption brutale du traitement
antidépresseur peut induire des symptômes
qu’il ne faut pas mésestimer (notamment
anxiété, irritabilité, syndrome pseudo-grippal,
sensations de chocs électriques, signes digestifs,
etc...), ni confondre avec les signes induits par
une reprise éventuelle de la maladie dépressive.
Ce syndrome d’interruption (ou de sevrage),
souvent bénin, peut néanmoins être handicapant
chez un patient déprimé en voie de guérison.
Dans certains cas, ce syndrome, survenant de
façon répétée chez des malades observant
mal leur traitement, pourra faire imposer un
changement de médicament antidépresseur.
1...,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12 14,15,16,17,18,19,20,21,22,23,...24
Powered by FlippingBook