EM45_book - page 12

EM
n°45 nov. / déc. 2013
(12)
dossier
L
Une personne sur deux ayant souffert de dépression récidive après
un premier épisode dépressif. Les modalités évolutives de la maladie
sont aujourd’hui mieux connues et ces données permettent de proposer
une prise en charge adaptée à une bonne prévention des récidives.
dépression
La
a dépression est la maladie mentale la plus fréquente : en
France, près de 9 millions de personnes ont vécu ou vivront
une dépression au cours de leur vie (source : INPES).
C’est une pathologie à haut risque de récidive puisque 50%
des patients dépressifs risquent de faire une deuxième
dépression au cours de leur vie.
De nombreuses personnes touchées en sous-estiment la
gravité et les risques et, quand ils sont traités, ne suivent
pas correctement leur traitement antidépresseur, voire
l’arrêtent trop précocement.
Une récidive
fréquente
Le risque de récidive (réapparition des symptômes de
la dépression après six mois de résolution totale) est
important dans la maladie dépressive. Après chaque
épisode, le risque de récidive s’élève. Suite à un premier
épisode dépressif, le risque de récidive, sur la vie entière,
est de 50%. Lors du deuxième épisode, le risque d’en
faire un troisième passe à 70-80% et après un troisième
épisode, il est de 90%. Les délais sont alors de plus en plus
brefs entre les épisodes : selon les études, il se passe en
moyenne cinq ans entre le premier et le deuxième épisode
dépressif, puis l’intervalle diminue de 20% après chaque
récidive. Enfin, la durée des épisodes augmente et ceux-ci
sont de plus en plus sévères et de plus en plus difficiles à
traiter. 20% des patients dépressifs finissent pas présenter
des troubles chroniques.
Tous ces chiffres pourraient laisser croire au caractère
inéluctable de la récidive, mais en pratique le risque est
d’autant plus élevé que l’épisode index est proche. Plus
on s’en éloigne, plus la probabilité de récidiver est basse,
sans bien sûr être nulle. Le patient, dont la guérison est
stable et perdure, peut donc être rassuré.
Au fil des épisodes, les personnes dépressives deviennent
plus fragiles et plus compliquées à prendre en charge.
Les conséquences des récidives peuvent également être
lourdes en termes de désinsertion sociale, professionnelle
et familiale (isolement, perte d’emploi, divorce …).
L’objectif d’une bonne prise en charge du patient dépressif
est donc de repérer les facteurs de risques et d’instaurer
un traitement suffisamment long pour diminuer le risque
de récurrence.
La récidive fragilise
a répétition des épisodes dépressifs l isse des séquelles
sous forme de cicatrices cérébrales, pouvant être à la base
d’une fragilisation de la personne et d’une plus grande
sensibilité aux facteurs de stress.
Avec les rechutes, la dépression a tendance à devenir
autonome en se déclenchant de plus en plus spontanément
sans événement perturbant associé. C’est le phénomène
du « kindling » (embrasement) qui se traduit par le fait
qu’un nouvel épisode dépressif peut provenir de stress
de plus en plus minimes. Ces récidives entraînent des
symptômes résiduels gênants (troubles du sommeil et de
l’alimentation, troubles sexuels, fatigue, anxiété, baisse de
l’estime de soi…) et ont des conséquences fonctionnelles
Par le Docteur Rémy Clément
© freshidea - Fotolia
Briser les récidives
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