EM
n°55 août / septembre 2016
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L
es Français consomment les produits laitiers sans vraiment
les connaître. Malgré un attachement très fort aux yaourts,
fromages blancs et desserts lactés frais, ils méconnaissent
largement leurs qualités nutritionnelles et cultivent même
certaines idées reçues. Un paradoxe surprenant, alors que
notre société est de plus en plus soucieuse d’équilibre
nutritionnel. Ce « french paradox » a été mis à jour la
première fois en 2012 par une enquête IFOP menée auprès
de 1000 français représentatifs de la population. Pour 78%
d’entre eux, les produits laitiers frais sont synonymes de
santé mais plus de la moitié pense qu’ils sont riches en sucre
et en matières grasses. Cela ne les empêche pas d’en manger
puisque près de 3 Français sur 4 déclarent en consommer
une ou plusieurs fois par jour et tous s’accordent sur leur
modernité. Les produits laitiers frais restent très sollicités
par tous avec 29 kilos consommés chaque année par
Français. Leurs qualités sont plébiscitées : la fraîcheur est
citée par 90% des personnes interrogées, le plaisir par 80%
et la santé par 78 %.
Le yaourt, star des produits laitiers frais, arrive en tête du
top 20 des produits de grande consommation libre-service en
termes de fréquence d’achat et de taux de pénétration. Leurs
bienfaits nutritionnels (apport de calcium, participation à
l’équilibre nutritionnel) font quasiment l’unanimité. Quant
à leur composition, plus de 80 % des Français savent qu’ils
contiennent des ferments lactiques et près de 90 % leur
attribuent un effet positif sur la santé.
Idées reçues et baisse
de consommation :
deux menaces pour
la santé
Ces très bonnes connaissances sur le yaourt contrastent
avec le manque de connaissance et de nombreuses idées
reçues persistantes, notamment sur les desserts lactés
qui sont associés à l’idée de gourmandise. Toujours
selon l’enquête IFOP, 37% des Français pensent que la
crème dessert ne contient que 10 à 20% de lait (alors
qu’en réalité elle en contient en moyenne 60 à 75%), et
80% estiment que les crèmes desserts à la vanille ou au
chocolat sont un dessert gras voire très gras (alors qu’ils
ne contiennent en moyenne que 3% de matières grasses).
Autre élément culpabilisant les crèmes dessert : Leur taux
de sucre. Il reste une énigme pour les Français malgré les
informations nutritionnelles qui figurent sur les emballages.
Le décalage entre la perception de leur composition en
sucres et la réalité est une nouvelle fois important. Un
tiers surestime de beaucoup le taux de sucres ajoutés aux
yaourts aux fruits et 57% pensent qu’une crème dessert
contient autant de sucre qu’une canette de boisson sucrée
ou qu’une viennoiserie (alors qu’un pot de crème dessert
n’apporte pas plus de sucre qu’une portion de fruit).
Une seconde étude, de la même veine, menée en 2015,
montre le même attachement des Français aux produits
laitiers, même s’ils sont encore nombreux à ne pas suivre
les recommandations du Programme National Nutrition
Santé. Le PNNS recommande de consommer 3 produits
laitiers par jour pour les adultes (4 pour les enfants et
les adolescents), la majorité des Français n’y parvient pas
et cale à 2 produits laitiers par jour en moyenne. Pire,
la consommation de produits laitiers frais diminue, en
particulier chez les enfants, pour lesquels la consommation
de produits laitiers frais a diminué de 25% en 10 ans.
Le french paradoxe a la vie dure. En 2015, le marché des
produits laitiers a baissé de 1,7% en volume. Ce chiffre
s’inscrit dans une tendance à la baisse régulière de la
consommation des produits laitiers frais. Ce phénomène
s’explique notamment par le changement des habitudes
alimentaires des français depuis plusieurs années.
Conséquence pour la santé : une large part de la population
n’atteint pas toujours les apports conseillés en plusieurs
micronutriments essentiels. C’est le cas, par exemple, pour
Même si les produits laitiers ont bonne presse auprès des Français, ils
restent mal connus et leur consommation diminue. Après avoir été
longtemps considérés comme des aliments très bénéfiques pour la santé
et indispensables à un bon équilibre alimentaire, ils sont depuis quelques
années mis sur la sellette. A tort ou à raison. La saga sur les produits
laitiers n’a pas fini de nous surprendre !
Par le Docteur Rémy Clément