EM
n°55 août / septembre 2016
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enquête
le calcium. Un quart des enfants et un cinquième des
adultes n’atteignent pas les deux tiers de l’apport conseillé
en calcium et sont donc à risque de carence.
Ami ou ennemi ?
Les produits laitiers frais sont au cœur de l’équilibre
alimentaire mais cela n’empêche pas qu’ils soient
fréquemment attaqués, souvent de manière injuste
et abusive, et leurs bienfaits remis en cause depuis
une bonne dizaine d’années par certains scientifiques,
médecins, naturopathes et journalistes. A écouter leurs
détracteurs, les produits laitiers ne seraient pas « nos amis
pour la vie », contrairement au célèbre slogan publicitaire
des années 1990. Dénonçant le lait comme un aliment
suspect voire dangereux, le livre de Thierry Souccar « Lait,
mensonges et propagande », sorti en 2007, puis remis
à jour en 2008, a fait grand bruit. D’autres voix, plus
tempérées, s’élèvent pour rappeler qu’il y a de plus en plus
d’allergie aux protéines du lait de vache et que près de la
moitié des adultes français ne digère pas bien le lait, d’où
la préconisation de consommer plutôt du lait de chèvre
ou de brebis et du lait de soja en cas d’intolérance au
lactose. Le neurologue Bernard Aranda observe que 80%
de ses patients atteints de migraines ou de céphalées
voient leurs maux disparaitre ou s’atténuer fortement en
moins d’un mois après avoir arrêté le lait de vache et ses
dérivés, à l’exception du beurre et du fromage. Des forums
sur Internet accusent le lait de provoquer une kyrielle de
pathologies, des otites aux cancers.
En Finlande, premier consommateur mondial de lait, on
a constaté que l’ingestion de protéines de lait de vache
au plus jeune âge semble favoriser le diabète de type
1 (dit insulino-dépendant) chez les sujets à risque. Les
premiers résultats d’une étude internationale (TRIGR)
menée depuis 2002 montrent que le risque de présenter
un diabète de type 1 diminue de 40% à 60% pour les
enfants avec des prédispositions génétiques pour cette
maladie, lorsqu’ils sont nourris avec un lait « recomposé »
(lait hydrolysé dans lequel les protéines laitières de vache
ont été fragmentées). Les résultats de l’étude globale sont
attendus fin 2017.
Font-ils grossir ou maigrir ? Voici un autre débat qui secoue
les produits laitiers. Dans la cacophonie nutritionnelle
ambiante, il n’est pas simple de s’y retrouver. Entre
régimes « sans », « paléolithique » qui exclut produits
laitiers et céréales ou « tout végétal », les consommateurs
sont souvent perdus au milieu du trop-plein d’informations
émanant du lobby laitier, du marketing, du corps
médical... Pourtant la consommation de produits laitiers
frais est primordiale dans un régime alimentaire. On peut
se demander quels sont les bons choix à faire…
L’image du lait serait-elle en train de se troubler sous le
poids des critiques ? Comme pour tout aliment, la question
cruciale est de savoir si le bénéfice d’ensemble l’emporte sur
les effets nocifs. Ce qui semble être le cas. De nombreuses
études scientifiques continuent de démontrer que les
produits laitiers frais sont bénéfiques pour la santé. Parmi
elles, certaines réaffirment que les intolérants au lactose
peuvent consommer des yaourts sans aucun inconvénient
digestif grâce à leurs ferments spécifiques.
Par ailleurs, des données scientifiques récentes confirment
que la consommation quotidienne de produits laitiers
frais, natures et sucrés, est associée à une alimentation
de meilleure qualité et à un risque réduit de développer
certaines maladies métaboliques. En 2016, plusieurs
programmes de recherche ont été lancés pour étudier les
propriétés protectrices de la consommation de produits
laitiers frais contre l’apparition d’un diabète de type 2.
NE BOUDEZ PAS VOTRE
PLAISIR !
UTILES :
Les produits laitiers frais sont
des petits plaisirs quotidiens,
accessibles à tous et bénéfiques
pour la santé. Ils participent à
l’apport en calcium, en protéines et
en certaines vitamines (A, B2, B9,
D…) à tous les âges de la vie. A ces
qualités, il faut ajouter l’excellente
digestibilité des produits fermentés
et insister sur le rôle essentiel des
bactéries lactiques (stimulation des
capacités digestives et immunitaires
de la flore intestinale, meilleure
assimilation des protéines…), dont
de nombreuses propriétés restent
encore à découvrir.