Previous Page  13 / 24 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 13 / 24 Next Page
Page Background

EM

n°55 août / septembre 2016

(13)

Et en cas de soulagement, il ne doit pas être arrêté trop tôt

car les douleurs risqueraient de réapparaître rapidement.

Mais les uns comme les autres ne soulagent les douleurs

que chez une moitié des patients et ce partiellement et

au prix d’effets secondaires importants, tels que vertiges,

nausées et prise de poids. 

Les opioïdes forts, le tramadol et des patchs de lidocaïne

peuvent être prescrits en seconde intention.

La prise en charge médicamenteuse d’une douleur

neuropathique reste donc difficile, d’autant qu’en raison

des effets indésirables potentiels de ces traitements, de

nombreux patients n’atteignent pas les doses efficaces qui

permettraient de les soulager totalement. Une diminution

de 30 à 50% de la douleur est déjà beaucoup.

Parmi les traitements non médicamenteux, on peut citer

en premier lieu la relaxation, la sophrologie, l’acupuncture

et la neurostimulation électrique transcutanée. Cette

dernière renforce les contrôles inhibiteurs locaux de

la douleur. Elle s’adresse aux patients qui souffrent

de neuropathies périphériques pas trop étendues et

sans trop d’hypersensibilité au frottement, car sinon

on risque d’aggraver la douleur. Elle agit en quelque

sorte en brouillant le message douloureux. Le patient

peut faire plusieurs séances de 20 à 30 minutes dans la

journée, qui ont généralement une action bénéfique de

quelques heures.

Les thérapies cognitivo-comportementales facilitent la

gestion de la douleur chronique qu’elle qu’en soit la nature.

La psychothérapie comportementale et les approches

alternatives apportent un bénéfice certain, mais il ne faut

pas laisser croire au miracle !

Les solutions chirurgicales sont réservées aux douleurs

résistantes aux autres traitements.

La compréhension du traitement mis en place, de ses effets

indésirables et des bénéfices attendus est primordiale. Elle

permet à la personne atteinte de douleurs neuropathiques

d’accepter l’absence de traitement radical, l’aide à mieux

surmonter la douleur et à reprendre certaines activités

délaissées.

Elles parlent plutôt d’une sensation de brûlure, une

impression d’étau, d’arrachement sur lequel se greffent

des accès de douleurs fulgurantes (paroxystiques) à type

de coups de poignard, de chocs électriques associés à des

sensations bizarres, souvent très désagréables, comme des

picotements, des fourmillements, des engourdissements…

Parfois, le moindre effleurement à un endroit indemne de

toute lésion, peut provoquer une douleur insupportable

(hyperesthésie). Les douleurs peuvent s’aggraver pendant

la nuit, à la suite d’efforts physiques, d’une émotion,

d’un stress ou en cas d’anxiété. A l’inverse, le repos, la

relaxation peuvent soulager la douleur transitoirement.

Les malades ressentent ces sensations de façon

quotidienne, parfois pendant des années.

L’évolution, imprévisible, dépend de la cause de la maladie.

Parfois des phases de calme alternent avec des crises

douloureuses de plusieurs mois sans que l’on retrouve

toujours une logique étiologique.

Ces douleurs ont des répercussions importantes sur la

qualité de vie et s’accompagnent fréquemment d’insomnie,

d’anxiété ou de dépression.

Les études épidémiologiques montrent que les femmes sont

plus touchées que les hommes (60, 5%) et les douleurs

augmentent avec l’âge avec un pic entre 50 et 64 ans.

Un diagnostic

retardé

De nombreux patients doivent consulter plus d’un médecin

avant que leur douleur ne soit diagnostiquée comme étant

une douleur neuropathique et cela a un coût.

L’interrogatoire doit rechercher un contexte éventuel de

lésion ou de maladie du système nerveux. La douleur

neuropathique peut parfois inaugurer une maladie

neurologique ou constituer le seul symptôme témoignant

d’une lésion nerveuse périphérique ou centrale. Dans ce

cas, un bilan étiologique complet est réalisé (électro-

myogramme, neuro-imagerie, bilan biologique…).

La précocité du diagnostic doit conduire à une amélioration

de la prise en charge de l’état de santé de ces malades.

Une douleur

chronique qui

se soulage

Associées à une lésion du système nerveux, les douleurs

neuropathiques ne sont que peu ou pas soulagées par

les antalgiques simples et les anti-inflammatoires. Le

traitement médicamenteux repose en première intention

sur l’utilisation des antidépresseurs (agissant sur

certaines régions cérébrales impliquées dans le contrôle

de la douleur) et de certains antiépileptiques (diminuant

l’excitabilité des neurones). La posologie est instaurée

progressivement et le traitement doit être poursuivi au

minimum six mois. Une bonne observance est essentielle

pour qu’il soit efficace : à la différence d’un antidouleur

classique, il ne se prend pas à la demande quand on a mal.

QUELQUES CONSEILS

D’HYGIÈNE DE VIE

Avoir une activité physique régulière. Elle doit  être

adaptée à sa condition physique et aux douleurs

(moment, intensité…), sans forcer (intercaler des

périodes de repos si besoin). Elle est bénéfique : le

repos au long cours entraîne une fonte musculaire et de

mauvaises postures qui ne font qu’aggraver la douleur.

Avoir une alimentation équilibrée, riche en fibres

(légumes, céréales complètes, légumineuses…) et une

hydratation suffisante pour lutter contre la prise de poids

et la constipation, fréquentes sous antidépresseur ou

antiépileptique.

Éviter la consommation d’alcool qui majore la sédation

des traitements et donc le risque de diminution de la

vigilance. Attention en cas de conduite automobile.

© maya2008