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n°55 août / septembre 2016
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Et en cas de soulagement, il ne doit pas être arrêté trop tôt
car les douleurs risqueraient de réapparaître rapidement.
Mais les uns comme les autres ne soulagent les douleurs
que chez une moitié des patients et ce partiellement et
au prix d’effets secondaires importants, tels que vertiges,
nausées et prise de poids.
Les opioïdes forts, le tramadol et des patchs de lidocaïne
peuvent être prescrits en seconde intention.
La prise en charge médicamenteuse d’une douleur
neuropathique reste donc difficile, d’autant qu’en raison
des effets indésirables potentiels de ces traitements, de
nombreux patients n’atteignent pas les doses efficaces qui
permettraient de les soulager totalement. Une diminution
de 30 à 50% de la douleur est déjà beaucoup.
Parmi les traitements non médicamenteux, on peut citer
en premier lieu la relaxation, la sophrologie, l’acupuncture
et la neurostimulation électrique transcutanée. Cette
dernière renforce les contrôles inhibiteurs locaux de
la douleur. Elle s’adresse aux patients qui souffrent
de neuropathies périphériques pas trop étendues et
sans trop d’hypersensibilité au frottement, car sinon
on risque d’aggraver la douleur. Elle agit en quelque
sorte en brouillant le message douloureux. Le patient
peut faire plusieurs séances de 20 à 30 minutes dans la
journée, qui ont généralement une action bénéfique de
quelques heures.
Les thérapies cognitivo-comportementales facilitent la
gestion de la douleur chronique qu’elle qu’en soit la nature.
La psychothérapie comportementale et les approches
alternatives apportent un bénéfice certain, mais il ne faut
pas laisser croire au miracle !
Les solutions chirurgicales sont réservées aux douleurs
résistantes aux autres traitements.
La compréhension du traitement mis en place, de ses effets
indésirables et des bénéfices attendus est primordiale. Elle
permet à la personne atteinte de douleurs neuropathiques
d’accepter l’absence de traitement radical, l’aide à mieux
surmonter la douleur et à reprendre certaines activités
délaissées.
Elles parlent plutôt d’une sensation de brûlure, une
impression d’étau, d’arrachement sur lequel se greffent
des accès de douleurs fulgurantes (paroxystiques) à type
de coups de poignard, de chocs électriques associés à des
sensations bizarres, souvent très désagréables, comme des
picotements, des fourmillements, des engourdissements…
Parfois, le moindre effleurement à un endroit indemne de
toute lésion, peut provoquer une douleur insupportable
(hyperesthésie). Les douleurs peuvent s’aggraver pendant
la nuit, à la suite d’efforts physiques, d’une émotion,
d’un stress ou en cas d’anxiété. A l’inverse, le repos, la
relaxation peuvent soulager la douleur transitoirement.
Les malades ressentent ces sensations de façon
quotidienne, parfois pendant des années.
L’évolution, imprévisible, dépend de la cause de la maladie.
Parfois des phases de calme alternent avec des crises
douloureuses de plusieurs mois sans que l’on retrouve
toujours une logique étiologique.
Ces douleurs ont des répercussions importantes sur la
qualité de vie et s’accompagnent fréquemment d’insomnie,
d’anxiété ou de dépression.
Les études épidémiologiques montrent que les femmes sont
plus touchées que les hommes (60, 5%) et les douleurs
augmentent avec l’âge avec un pic entre 50 et 64 ans.
Un diagnostic
retardé
De nombreux patients doivent consulter plus d’un médecin
avant que leur douleur ne soit diagnostiquée comme étant
une douleur neuropathique et cela a un coût.
L’interrogatoire doit rechercher un contexte éventuel de
lésion ou de maladie du système nerveux. La douleur
neuropathique peut parfois inaugurer une maladie
neurologique ou constituer le seul symptôme témoignant
d’une lésion nerveuse périphérique ou centrale. Dans ce
cas, un bilan étiologique complet est réalisé (électro-
myogramme, neuro-imagerie, bilan biologique…).
La précocité du diagnostic doit conduire à une amélioration
de la prise en charge de l’état de santé de ces malades.
Une douleur
chronique qui
se soulage
Associées à une lésion du système nerveux, les douleurs
neuropathiques ne sont que peu ou pas soulagées par
les antalgiques simples et les anti-inflammatoires. Le
traitement médicamenteux repose en première intention
sur l’utilisation des antidépresseurs (agissant sur
certaines régions cérébrales impliquées dans le contrôle
de la douleur) et de certains antiépileptiques (diminuant
l’excitabilité des neurones). La posologie est instaurée
progressivement et le traitement doit être poursuivi au
minimum six mois. Une bonne observance est essentielle
pour qu’il soit efficace : à la différence d’un antidouleur
classique, il ne se prend pas à la demande quand on a mal.
QUELQUES CONSEILS
D’HYGIÈNE DE VIE
•
•
Avoir une activité physique régulière. Elle doit être
adaptée à sa condition physique et aux douleurs
(moment, intensité…), sans forcer (intercaler des
périodes de repos si besoin). Elle est bénéfique : le
repos au long cours entraîne une fonte musculaire et de
mauvaises postures qui ne font qu’aggraver la douleur.
•
•
Avoir une alimentation équilibrée, riche en fibres
(légumes, céréales complètes, légumineuses…) et une
hydratation suffisante pour lutter contre la prise de poids
et la constipation, fréquentes sous antidépresseur ou
antiépileptique.
•
•
Éviter la consommation d’alcool qui majore la sédation
des traitements et donc le risque de diminution de la
vigilance. Attention en cas de conduite automobile.
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