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EM

n°58 mai / juin 2017

(13)

pyriméthamine (Malocide®) associée à la sulfadiazine

(Adiazine®). Une supplémentation hebdomadaire en acide

folique est alors nécessaire pour prévenir les troubles

hématologiques liés à la pyriméthamine. Le nourrisson

sera traité par ces médicaments pendant un an, soumis à

des examens complémentaires (échographie, fond d’œil…)

et des dosages sanguins réguliers. Le suivi ophtalmique

sera maintenu jusqu’à l’âge adulte dans la mesure où

une choriorétinite peut se déclarer pendant l’enfance et

l’adolescence.

Chez l’immunodéprimé, le traitement fait appel à

l’association pyriméthamine/sulfadiazine ou au

cotrimoxazole. Un traitement prophylactique (Bactrim®…)

est recommandée chez le patient porteur du VIH et

présentant une sérologie positive en IgG de Toxoplasma

gondii, dès que son immunité devient très faible.

Une prévention

minutieuse

Il est essentiel de se laver les mains et de se brosser les

ongles avec minutie après avoir manipulé de la viande crue

ou des légumes souillés de terre, le sol ou la litière d’un

chat (porter des gants pour la nettoyer ou demander à

une autre personne de le faire à sa place ). Il faut laver à

grande eau les légumes et plantes aromatiques ainsi que le

plan de travail. Les aliments pouvant être contaminés par

des selles de chat doivent être détruits. La viande doit être

cuite à environ 75 à 80° C. Le four à micro-ondes ne détruit

pas mieux le parasite que les autres modes de cuisson. En

revanche, congeler les aliments pendant au moins 3 jours

à une température inférieure à -18 °C permet de détruire

les kystes et ainsi de prévenir la contamination.

Il faut éviter de consommer de la charcuterie crue, fumée

ou salée, ainsi que du lait cru de vache ou de chèvre, y

compris sous forme de fromage, des moules, des huîtres ou

tout autre mollusque cru.

une fatigue, des maux de tête et douleurs articulaires.

Dans les cas les plus sévères, la toxoplasmose congénitale

va entraîner avortement ou mortinatalité, choriorétinite

(inflammation de la choroïde associée à une atteinte de

la rétine), calcifications cérébrales, hydrocéphalie, retard

mental, surdité. La gravité de l’atteinte dépend de l’âge

fœtal, plus l’infection du fœtus est tardive, moins le risque

de lésions graves est important. Le pourcentage de fœtus

survivants nés avec la toxoplasmose dépend du moment

où l’infection maternelle est contractée ; il augmente de

15% lors du 1

er

trimestre à 30% pendant le 2

ème

et à 60%

pendant le 3

ème

.

Pour ces raisons, le dépistage en début de grossesse a été

institué. En France, chaque année, près de 2 700 nouveaux

cas de toxoplasmose sont diagnostiqués chez des femmes

enceintes, et dans 25 à 30% des cas, la maladie touche

le fœtus. 

Dans la plupart des cas de SIDA ou des autres formes

d’immunodépression qui développent une réactivation

de la toxoplasmose, les malades ont habituellement

des céphalées, une modification de l’état mental, des

convulsions, un coma, de la fièvre, et parfois des déficits

neurologiques focaux, tels qu’une perte sensorielle ou

motrice, une paralysie des nerfs crâniens, des anomalies

visuelles et des crises d’épilepsie. Le parasite atteint

quelquefois d’autres organes (cœur, poumons...).

Diagnostic :

un dépistage

systématique chez la

femme enceinte

Une sérologie de la toxoplasmose est obligatoire lors de

la déclaration de grossesse. Lorsque la femme enceinte

est déjà immunisée, il n’y a plus de surveillance. Si la

sérologie est négative, un dépistage systématique est

ensuite réalisé chaque mois jusqu’à l’accouchement. En

cas de séroconversion pendant la grossesse (présence

d’anticorps IgM et d’IgG), une amniocentèse est pratiquée.

Si la recherche du parasite est positive, un prélèvement

du sang du cordon ou du placenta peut être justifié pour

prouver l’atteinte fœtale. L’échographie permet d’apprécier

les conséquences sur le fœtus. Lorsque les atteintes

échographiques sont sévères, on discute d’une éventuelle

interruption de grossesse.

Chez l’immunodéprimé, lorsque la clinique fait suspecter

une réactivation du parasite, la sérologie permet de

confirmer une toxoplasmose ancienne (IgG présents

sans IgM). Un scanner ou une IRM peuvent permettre de

confirmer une atteinte cérébrale.

Un traitement curatif

En cas de séroconversion pendant la grossesse, un

traitement par spiramycine (Rovamycine®) est instauré et

poursuivi pendant toute la grossesse.

En cas d’atteinte fœtale, le traitement fait appel à la

VOTRE CHAT, UNE MENACE ?

Les chats ne représentent qu’une menace secondaire facile à

prévenir avec quelques mesures hygiéniques (voir ci-dessus). Un

chat d’appartement urbain, nourri avec des aliments industriels,

ne présente aucun danger de contamination de l’homme. Les

chats excréteurs ne représentent que 1 % de la population

féline, ce sont principalement des chatons et des chats errants.

Il n’existe pas de transmission du chat à l’homme par morsure,

griffure, ni caresse. Le dépistage de toxoplasmose sur un chat

permettra de rassurer sa propriétaire.

La dernière étude européenne montre que la femme enceinte

se contamine, par ordre de fréquence : en consommant de

la viande contaminée mal cuite et des salaisons (30 à 63 %),

en mangeant des fruits et légumes, en jardinant (6 à 17 %),

en voyageant à l’étranger, et plus rarement au contact d’un

environnement souillé par des selles de chat ou en ingérant du

lait non pasteurisé.